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la logique n'acceptant que la certitude et l'expérience, morale indépendante de toute souveraineté divine, relevant des lois inhérentes à la nature humaine et non de la volonté d'un Dieu. Nous n'irons pas plus loin dans cet exposé des doctrines matérialistes de notre époque, il suffit de les énoncer ici, nous essaierons d'y répondre au mot Dieu.

Si l'on ne goûte que des lèvres les sciences naturelles, on peut être conduit à l'Athéisme; mais, en s'abreuvant pleinement à cette féconde source de philosophie, on est invinciblement ramené à la divinité. (Bacon).

L'Athéisme appauvrit l'humanité et lui ôta les plus grands

biens Dieu, l'âme et l'immortalité.

(Bossuet).

Nul esprit qui admet un ordre universel ne peut se déclarer athée sans se contredire.

(Dolfus).

L'Athéisme semble faire quelques progrès en France. Supposons un moment qu'au lieu d'être une erreur, l'Athéisme soit une vérité, que deviennent l'espérance du pauvre, la patience du malheureux, la consolation du mourant?... Tout cela est détruit et remplacé par le désespoir ou la folie. Le peuple, qu'on a la prétention d'éclairer, en sera-t-il plus heureux? (R.-F.).

Augustin (Saint). Le plus célèbre des Pères de l'Église, né à Tageste, en Afrique, en 354. Il fut envoyé, après ses études, à Carthage, où ses mœurs se corrompirent. Il adopta les croyances du Manichéisme, mais touché des discours de saint Ambroise et ému des larmes de sa mère, sainte Monique, il se fit baptiser à Milan, distribua ses biens aux pauvres et fut ordonné prêtre en 394. Il est mort, évêque d'Hippone, à l'âge de 76 ans.

Saint Augustin est l'un des écrivains les plus féconds de l'Église latine. Ses ouvrages les plus remarquables sont ses confessions, la vie heureuse, le traité du libre-arbitre et la cité de Dieu. Dans ce dernier il traite à fond de l'Église de Jésus-Christ, de son origine et de son but; il raconte l'histoire de la religion dépuis la création, il décrit la résurrection et pressent le jugement dernier, les peines et les récompenses éternelles. On remarque dans les ouvrages de saint Augustin une grande connaissance des anciens et

surtout de Platon qu'il affectionne particulièrement, et avec lequel il se rencontre sur plusieurs points de la philosophie que le Christianisme n'a pas détruits. Ils témoignent d'une vaste érudition, d'une connaissance étendue de la philosophie ancienne, d'un esprit enthousiaste et sincère. En somme, le génie de saint Augustin est l'un des plus beaux qui aient honoré l'Église.

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Avarice. Amour immodéré des richesses, non pour en jouir, mais pour les posséder.

Le chrétien ne doit pas connaître l'avarice: les seuls trésors qu'il amasse sont des trésors de charité. Il veut de l'or, mais c'est pour le faire tomber en pluie bienfaisante sur la cabane du pauvre.

Comme l'avare, il se prive, mais pour donner. Sa table n'a jamais de superflu, mais l'indigent a le nécessaire. Ses habits sont parfois usés, mais son ami, le pauvre, a un vêtement de laine, sous lequel la fièvre du froid ne vient plus l'atteindre, et il jouit. Il jouit, comme l'avare, par son épargne, par ses privations... Heureuse avarice que Dieu bénit!

Voyez ce vieillard cassé dont les traits amaigris trahissent la souffrance; une idée fixe l'absorbe, le poursuit. Il ne mange qu'à demi, il ne dort plus; il faut bien qu'il accroisse son trésor; il faut bien qu'il le garde; c'est sa vie. Son existence est dans cet amas de métal caché sous terre ou fermé sous les verroux.

Voyez ce vieux curé dont la figure réjouie respire la bonté sa table est plus que frugale; sa soutane est en lambeaux; les rideaux manquent aux croisées; mais l'orphelin qu'il élève a du pain, un asile, et son bonheur est là.

Ces deux vieillards ont mené la même vie, vie de privations et de misère. L'un a tout enfoui et il a toujours souffert; il meurt, la rage au cœur, de laisser sa richesse à un héritier qui se jette sur sa proie en maudissant celui qui la lui a fait attendre si longtemps. L'autre a tout donné, mais son cœur s'est dilaté à chaque don; et il meurt la sérénité sur le front, le sourire sur les lèvres, au milieu des bénédictions et des larmes, en consolant ses pauvres et leur montrant le ciel qui les attend. C'est sa dernière charité, et la meilleure.

Les avares ne sont pas moins ennemis d'eux-mêmes que des autres, l'esclave destiné à tirer de l'or de la mine et celui qui le cache éprouvent un sort à peu près pareil... La réputation d'avare s'acquiert plus par l'économie dans les petites choses qu'en s'épargnant des dépenses considérables. Lequel est le pire d'être dans le besoin, la bourse bien garnie ou la bourse vide. (Pope).

Parmi les passions, l'avarice est la plus vile, parce que la possession et non l'emploi de l'or est son unique fin. L'avare se fait pauvre par crainte de le devenir; il n'est utile que lorsqu'il (Massias).

meurt.

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L'avare est, à la fois, un malheureux qui ne mérite pas qu'on le plaigne, un coupable qui se punit sans se corriger, un insensé qui déifie l'or comme s'il constituait tous les biens ensemble à lui seul, alors qu'il est le moyen d'en acquérir.

B

(Ch. Malo).

Bacon.

Philosophe anglais, né à Londres en 1564, mort en 1626, à la suite d'expériences de physique auxquelles il se livrait avec trop d'ardeur.

Bacon, encore jeune, nourrissait le dessein de réformer les sciences, mais la vie publique l'en détourna longtemps. Revenu à ses études favorites, il essaya de substituer aux hypothèses et aux argumentations subtiles, alors en usage, l'observation, l'expérience et l'induction. Il est le père de la philosophie expérimentale.

Bacon a écrit des ouvrages de jurisprudence et de morale qui jouissent, en Angleterre surtout, d'une grande réputation.

Voici le jugement qu'ont porté sur lui quelques philosophes célèbres :

Descartes Vous désirez savoir un moyen de faire des expériences utiles. Sur cela, je n'ai rien à dire après ce que Verulam

en a écrit (on appelait souvent Bacon Verulam pour le distinguer du moine Roger Bacon qui vivait au x11° siècle).

Gassendi Par une résolution héroïque, Bacon a osé s'ouvrir une route inconnue qui fondera une philosophie nouvelle et parfaite.

Hooke Personne, excepté l'incomparable Verulam, n'a eu l'idée d'un art pour la direction de l'esprit.

Leibnitz C'est Verulam qui, des divagations aériennes et de l'espace imaginaire, rappela la philosophie à l'utilité de la vie.

Vico On ne saurait louer assez le grand Bacon de Verulam d'avoir enseigné la méthode et l'usage de l'induction, etc., etc.

Balmès.

1810, mort en 1848.

Philosophe catholique, né en Catalogne en

La philosophie morale lui doit plusieurs ouvrages, parmi lesquels on cite l'art du bon sens, l'art d'arriver au vrai,ʼla philosophie fondamentale, etc.

Baptême. — De ẞantioμa: immersion, purification. Sacrement de la loi chrétienne qui opère la régénération spirituelle des hommes par l'ablution avec de l'eau, accompagnée de l'invocation à la Sainte Trinité.

Le baptême, dit le Concile de Trente, a été institué par JésusChrist comme la Confirmation, l'Eucharistie, la Pénitence, l'Extrême-onction, l'Ordre et le Mariage.

Ce sont les sept Sacrements (v. ce mot).

Basile (Saint).

né en 329, mort en 379.

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Évêque de Césarée en Cappadoce;

Après avoir fait ses études dans la province du Pont, avec un grand succès, Basile suivit à Constantinople les leçons de Libarrius, le plus célèbre rhéteur de son temps. Au sortir de cette école, il fut se perfectionner à Athènes où il se lia d'une étroite amitié avec Grégoire de Naziance. Il remplit pendant quelque temps une chaire de rhétorique et se distingua au barreau, qu'il quitta pour se consacrer entièrement à Dieu. Il reçut le baptême

en 357, distribua son bien aux pauvres et parcourut les monastères de Syrie, de Mésopotamie et d'Égypte.

Ordonné prêtre par Eusèbe en 364 il s'adonna à la prédication et composa divers ouvrages parmi lesquels nous ne citerons que sa morale traduite par l'abbé Leroy, en 1663.

Bayle.

Bayle (Pierre) est né dans le comté de Foix, en 1647. Son père, ministre protestant, fut son premier instituteur. Il entra plus tard au collège des Jésuites et se fit catholique ; mais il rentra, 17 ans après, dans la communion protestante.

Libre de toute occupation obligée, mais sentant la nécessité de travailler pour donner un aliment à l'activité de son esprit, il se livra à la composition de son grand dictionnaire historique et critique, dont il publia la première édition en 1696.

Bayle fut, au siècle de Louis XIV, ce qu'avait été Pyrrhon dans l'antiquité et Montaigne au XVIe siècle : le plus célèbre des sceptiques : « Mon talent, disait-il lui-même, est de former des doutes,» aussi ne savait-il presque rien en physique; cette science était trop certaine pour lui. Il ignorait, ou voulait ignorer, même la découverte de Newton. L'extrême vivacité de son esprit s'accommodait peu (il en convient) de la méthode et de l'ordre. Il aimait à promener son imagination sur tous les objets, sans se soucier de leur liaison.

Il mourut, la plume à la main, en 1706, à 59 ans.

On cite une réponse au cardinal de Polignac qui le peint en entier celui-ci lui ayant demandé quelle était, parmi les sectes de la Hollande, celle à laquelle il était le plus attaché : « Je suis protestant, répliqua Bayle. Je le sais, mais êtes-vous luthérien, calviniste, anglican? Non, je suis protestant, car je proteste contre tout ce qui se dit et tout ce qui se fait, quand cela me paraît contraire à la raison. »

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« Je ne suis, dit-il ailleurs, que Jupiter

assemble nues;

mon talent est de former des doutes. Le meilleur moyen de ne se jamais mettre en contradiction avec soi-même est de ne jamais rien affirmer. >>

Bayle est, on le voit, le scepticisme incarné.

Beauté. La beauté physique est une réunion de formes,

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