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tuelle. Pour nous faire bien venir des autres, nous flattons leur amour-propre, et, retournant ensuite vers le nôtre qui souffre, nous prenons notre revanche aussitôt qu'ils n'y sont plus, de telle sorte que notre union ici-bas n'est fondée que sur une mutuelle tromperie. Aussi, observe Pascal, peu d'amitiés subsisteraient si chacun savait ce que son ami dit de lui quand il n'est pas là, quoiqu'il en parle alors sincèrement.

La nature de l'amour-propre est de n'aimer que soi; mais il ne saurait empêcher que cet objet qu'il aime ne soit plein de défauts et de misère. Il veut être grand et il se voit petit; il veut être heureux et il se voit misérable; il veut être l'objet de l'amour et de l'estime des hommes et il voit que ses défauts ne méritent que leur aversion ou leur mépris. Cet embarras où il se trouve produit en lui la plus injuste et la plus criminelle passion, car il conçoit une haine mortelle contre cette vérité qui le reprend de ses défauts. Il désirerait l'anéantir et ne pouvant la détruire en elle-même, il la détruit, autant qu'il le peut, dans sa connaissance et dans celle des autres; c'est-à-dire qu'il met tous ses soins à couvrir ses défauts et aux autres et à soi-même, et qu'il ne peut souffrir ni qu'on les voie, ni qu'on les lui fasse voir. (Pascal).

Antipathie.

Mouvement aveugle et instinctif qui nous éloigne d'une personne que nous voyons pour la première fois. Lorsque nous la connaissons, ce mouvement est motivé ou peut se motiver; alors ce n'est plus de l'antipathie, mais de l'envie ou de la haine.

Est-ce un sentiment ? tient-il à l'âme ou au corps? Dans tous les cas, il est prudent de ne pas trop l'écouter et de juger avec plus de maturité la personne qui nous l'inspire.

L'antipathie est une haine qui vient souvent sans cause et ne raisonne pas. (Vauvenargues).

Rien ne dépend de nous dans l'antipathie, tout ce que nous pouvons faire est de la dissimuler.

Apathie.

(Guizot).

Sorte d'inertie morale; absence de toute

activité, de toute énergie.

L'apathie était presque une vertu pour les Stoïciens qui consi

déraient la sensibilité, l'ardeur morale et toute passion comme un obstacle au bien, une maladie de l'âme. L'apathie Stoïcienne est donc tout autre chose que la résignation chrétienne, bien qu'elle ait quelquefois les mêmes apparences. Cette dernière n'est que la patience et la soumission aux volontés de Dieu. Voyez Rėsignation.

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Apocalypse. Livre du Nouveau Testament, contenant les révélations de St Jean l'Évangéliste dans l'Ile de Patmos. Le livre de l'Apocalypse est divisé en trois parties: la première contient une instruction adressée aux Évêques de l'Asie Mineure; la seconde renferme la description des persécutions que l'Église devait souffrir. On trouve décrit, dans la dernière, le bonheur de l'Église triomphante.

C'est essentiellement un livre de mystère. Les plus grands hommes de toutes les époques ont mis leur gloire à traiter ce sujet important et tous ont travaillé à l'éclaircir. Newton l'a commenté. « Les beautés de l'Apocalypse, dit Bossuet, quoiqu'on ne les aperçoive que confusément, gagnent le cœur. On est sollicité à pénétrer plus avant dans le secret d'un livre dont la seule écorce répand tant de lumières et de consolations. >>

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(Balzac).

Apocryphe. Inconnu, caché, douteux; qui ne mérite pas une confiance entière.

Il n'est usité que pour les livres et les auteurs dont l'autorité est douteuse.

Le troisième et le quatrième livre d'Esdras sont apocryphes.

Apôtres. De añоσтokoç, envoyé, messager.

L'Église appelle ainsi ceux des disciples que Jésus-Christ a chargé de prêcher son Évangile par toute la terre. Ils étaient au nombre de douze. Réduits à onze par la mort de Judas, qui se suicida par désespoir, après sa trahison, il fut remplacé par Matthieu, auquel vint s'adjoindre saint Paul, après sa conversion sur le chemin de Damas. Ce dernier reçut, ainsi que Barnabé, la mission d'aller prêcher la foi aux gentils.

Jésus-Christ choisit ses apôtres parmi les pauvres et les

simples.

(Lacordaire.)

Arianisme.

Arius, prêtre de l'église d'Alexandrie, enseignait que le fils de Dieu est fait et créé, c'est-à-dire tiré du Néant, qu'il n'est point égal à son père, ni de la même substance : qu'il n'a pas toujours existé et que, bien que la plus parfaite des créatures, il a été capable de vices et de vertus par son librearbitre.

Arius fut condamné dans le concile de Nicée en 325, anathématisé et exilé; mais, soutenu par Eusèbe, évêque de Nicomédie, il parvint à se concilier la faveur de l'empereur Constantin qui le rétablit dans Alexandrie.

Il mourut à Constantinople, en 336, à l'âge de 76 ans.

Sa doctrine fit des progrès après sa mort et balança un moment la puissance du Catholicisme chez les Goths, les Vandales, les Bourguignons et les Lombards. Elle s'éteignit dans le vie siècle, après l'abjuration d'Aribert, dernier roi Arien des Lombards.

Depuis Luther, l'arianisme s'est reproduit sous de nouvelles formes et notamment sous celle du Socinianisme qui a eu pour défenseurs Servet, Socin, etc.

Servet, poursuivi par l'archevêque de Vienne, se réfugia à Genève, où Calvin, lui-même, l'accusa d'hérésie et le fit condamner au feu. Il fut brulé vif, le 26 octobre 1553. Socin, plus heureux, mourut paisiblement à Zurich, après avoir fait en Pologne de nombreux prosélytes.

Aristote. Aristote est l'un des trois plus célèbres philosophes de la Grèce et de toute l'antiquité. On a dit de lui qu'il n'avait rien ignoré de ce que les anciens avaient pu connaître et il nous a transmis la science la plus positive de cette époque reculée.

Il naquit à Stagire, en Macédoine, 354 ans avant Jésus-Christ. L'étude fut de très bonne heure sa seule passion; il y acquit cette complexion mélancolique et méditative qu'il a toujours conservée. La profondeur et la méthode sévère qu'il mit dans ses écrits forment leur principal caractère. Emule de Platon, on dit qu'une secrète rivalité ne tarda point à s'élever entre son maître et lui,

et, en effet, leurs opinions philosophiques partaient de principes trop différents pour qu'ils restassent amis. L'amour-propre, qui se glisse dans tous les cœurs humains, y fut probablement aussi pour quelque chose.

La morale d'Aristote est un résumé exact et simple des principes les plus purs pour la conduite des hommes. Il cherche quelle est la fin de l'homme et il ne trouve son bonheur absolu ni dans les plaisirs des sens, ni dans les richesses, ni même dans la vertu, mais dans la réunion de tous ces éléments et dans la modération.

Aristote réduit à deux moteurs principaux, le plaisir et la douleur, les effets ordinaires de nos actions. Il explique comment la vertu s'acquiert et entre ensuite dans ce qu'il appelle les instruments du bonheur.

Il diffère de Platon en ce que ce dernier a plus d'enthousiasme pour le beau et le bien, et qu'il a, lui-même, un raisonnement méthodique et froid. En outre Platon n'admet pas que toute notre félicité soit dans le monde actuel; il croit à une autre existence. Aristote, au contraire, ne voit rien au-delà de la vie présente. En psychologie, il classe les facultés de l'âme; en logique, il passe en revue les différentes formes du raisonnement; en théodicée, il fonde la démonstration de l'existence de Dieu sur la continuité du mouvement et le présente comme la fin et le but du monde; en morale, il ramène toute vertu à l'équilibre entre les passions; en politique, il assigne pour fin à la société l'utilité.

Platon et Aristote diffèrent autant sur la méthode et la majeure partie des connaissances métaphysiques, mais ce sont des matières hors de notre sujet et nous ne pouvons, dans ces courtes biographies, parler avec étendue des opinions philosophiques de chacun. Il suffit d'indiquer les points essentiels.

Aristote nous a laissé des ouvrages sans nombre. Parmi ceux qui ont rapport à la philosophie morale, nous citerons le traité de l'âme, la philosophie pratique, la morale, les vertus et les vices.

Arnauld.

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Né à Paris en 4612, mort à Liège en 4694. Après de fortes études théologiques, où il se pénétra des idées de saint Augustin sur la grâce, il fut admis au nombre des docteurs en Sorbonne. Nous ne parlerons pas de ses querelles théologiques avec les Jésuites. Considéré comme philosophe, il ap

partient à l'école cartésienne, distinguant la théologie et la philosophie, la foi et la raison, sans assujétir l'une à l'autre.

De tous les travaux philosophiques d'Arnauld, le plus célèbre est l'art de penser. Aussitôt qu'il eût paru, il devint classique dans les écoles d'Allemagne et d'Angleterre, comme dans celles de France, où il a remplacé les ouvrages un peu indigestes de la scholastique qui l'avaient précédé.

La Théodicée lui doit d'excellentes recherches sur l'action de la Providence en ce monde.

Athéisme.

Doctrine philosophique qui regarde comme une fiction la conception d'un Dieu personnel, créateur et maître tout-puissant du monde.

Dans un sens plus restreint, le mot athéisme s'applique exclusivement aux doctrines qui voient dans la matière le principe unique de tous les êtres. Alors, il se sépare du Positivisme qui déclare vaine toute recherche des causes premières et du Panthéisme qui substitue à la matière d'autres abstractions, telles que la substance, l'idée, la volonté, etc.

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« Le spectacle de la nature, dit M. Paul Janet, nous offre trois degrés d'êtres différents la matière brute, obéissant à des lois mécaniques, à des combinaisons fatales et mathémathiques, se développant, en apparence, sans raison et sans but; la vie, dont le caractère le plus saillant est une combinaison de moyens appropriés à une fin, qui manifeste par conséquent l'idée d'un but, atteint par une activité qui s'ignore; enfin les êtres intelligents qui poursuivent le but avec réflexion et volonté. A ces trois classes d'êtres correspondent trois conceptions différentes du principe des choses: les athées conçoivent la cause suprême comme une force aveugle; les panthéistes, comme une vie inconsciente; les théistes, comme une pensée et une volonté... >>

L'Athéisme, dans notre XIXe siècle, se présente sous un autre aspect ce n'est plus un fait exceptionnel, une sorte d'anomalie dans le développement historique, mais le terme d'une double évolution de l'humanité, théologique ou scientifique. Il se pose hardiment comme l'affranchissement de l'esprit, l'expression de la dignité et de la conscience humaine. Il nous montre la science substituant les lois aux causes, les propriétés aux forces,

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