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par lesquels elles passent, dispense de leur assigner un séjour fixe. Le dogme de la métempsycose est d'origine indienne; il repose sur l'affinité de tous les êtres avec l'âme universelle et tient de près au panthéisme oriental. »

Ce système ne satisfait pas l'esprit, en ce sens qu'il y manque le sentiment de la durée personnelle, de la perpétuité de l'individu, à travers ses métamorphoses.

Pythagore a importé la métempsycose dans la Grèce. Selon lui, l'âme est une émanation du feu central, obligée de traverser une série de corps...

En résumé, cette doctrine n'est que le résultat d'une aspiration spiritualiste dans un monde peu éclairé, un tâtonnement confus de l'esprit humain dans son enfance.

Fourrier a essayé de la reprendre de nos jours d'après lui « la vie qui nous attend, au sortir de ce monde, est à notre existence ce que la vie est au sommeil... nos sens épurés ne rencontreront plus d'obstacles, et les plaisirs que nous connaissons aujourd'hui nous seront rendus plus vifs. Il y a, dans notre vie présente, certains états tels que l'extase, le somnambulisme, qui nous donnent une idée de notre existence future. Pourquoi ne la connaissons nous pas?

Parce que si nous la connaissions nous aurions hâte de sortir d'un monde où nous sommes si malheureux ! »

On ne peut discuter de pareilles idées.

Méthode.

Marche adoptée par les philosophes pour acquérir des connaissances ou s'assurer de leur exactitude.

Parmi les plus connues sont la méthode analytique, qui consiste à décomposer les notions particulières pour en tirer des idées générales, et la méthode synthétique, qui consiste à descendre des principes aux conséquences, du général au particulier.

Il y a, en outre, les méthodes dialectique, théorique, systématique, synoptique, dogmatique, catéchétique, thomistique, historique, etc.

Platon, chez les anciens; Bacon, Spinosa, Pascal et Descartes, chez les modernes, ont donné de la célébrité à leur méthode particulière, mais celles de Platon et de Descartes ont seules survécu.

Les ouvrages, autres que les leurs, ne servent qu'à satisfaire une vaine curiosité.

- Au lieu de ce grand nombre de préceptes dont la logique est composée, je crus que j'aurais assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de ne manquer pas une fois de les observer.

Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle; c'est-à-dire d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit que je n'eusse aucune occasion de le metrte en doute.

Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre.

Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degré, à la connaissance des plus composés el supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point, les uns, les autres.

Le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales que je fusse assuré de ne rien omettre.

(Descartes).

Méthodisme. Secte religieuse, formée au sein de l'église anglicane, au XVIIIe siècle. Elle se distingue par l'extrême sévérité de ses doctrines. C'est surtout dans le Nouveau-Monde qu'il est en honneur. En 1842, on comptait dans l'Amérique du Nord trois millions de méthodistes, repartis en 3500 communautés.

Les méthodistes sont en général wesleiens, c'est-à-dire disciples de J. Wesley, missionnaire anglican qui travailla plusieurs années (vers 1835) à la conversion des idolâtres, en Amérique.

Miracle.

nues de la nature.

Fait sensible et divin qui déroge aux lois con

Les miracles, dit saint Augustin, ne se font pas contre la

nature, mais contre la connaissance ou l'expérience que nous avons de la nature, puisque la nature des choses n'est autre que la volonté de Dieu (1) ».

Selon Clarcke, la seule différence qu'il y a entre un évènement naturel et un fait miraculeux, c'est que le premier arrive fréquemment et que l'autre se voit très rarement.

Selon Leibnitz, le miracle est simplement une chose qui surpasse les forces et l'entendement des créatures.

Nous pourrions multiplier à l'infini ces assertions des philosophes, mais ce serait sortir du domaine de la philosophie morale, notre sujet exclusif.

Misanthropie. La misanthropie est plutôt un défaut de caractère qu'un vice du cœur. Elle provient d'un zèle amer, d'une vertu intraitable, avec de l'âpreté dans les formes.

La misanthropie est un défaut, ou plutôt un travers, peu en harmonie avec la charité. Elle est moins vile et plus excusable cependant que beaucoup d'autres travers, car elle naît souvent d'un excès de sensibilité ou de l'amour exagéré du bien, qu'elle ne voit nulle part... La misanthropie commence par détester les vices des hommes et prend ensuite en haine l'humanité tout entière.

Le chrétien aussi déteste les vices, mais il plaint et console ses frères au lieu de les haïr. Il cherche à démêler le vrai du faux et guérit la plaie, si elle existe, au lieu de la maudire et de l'envenimer.

Le misanthrope prend en habitude l'exagération et ne voit plus le vrai il fuit sa famille parce que ses parents, cupides et avides de son bien, regarderaient sa mort comme un bienfait... Il ne veut plus d'amis parce qu'ils sont sans zèle et sans dévouement... Il ne se mariera jamais, car où existe-t-il une femme dont les exigences ne le contraindraient pas à déserter une union intolérable? Il craindrait, s'il avait des enfants, de mettre aujour des monstres d'ingratitude...

Si vous reconnaissez devant lui quelques vertus, vous le voyez, l'œil ardent et les lèvres crispées, deversant la satire sur l'humanité, qu'il méprise, vous dire que l'homme est au-dessous

(1) De civitate Dei, 1. 21, c. 8.

de la brute, que ses actes ne sont qu'égoïsme, orgueil ou intérêt.

Le misanthrope peut avoir de l'honneur et de la probité, sans cela son indignation ne serait pas réelle, mais son âme manquant de bienveillance et de modération, et, ne reflétant que ce qu'il y a de mal dans les actions des hommes, elle ne sait plus que les maudire.

Combien tout cela est loin du tableau que nous offre le chrétien, pleurant sur les vices et les maux de ses semblables et donnant, pour les consoler et les rendre meilleurs, tout ce que Dieu lui a accordé de force, d'énergie et de douce persuasion.

Mode. La mode a sa source dans les caprices d'un goût souvent corrompu, qui cherche la variété des jouissances comme remède à son ennui. Inconnue aux classes qui travaillent et qui souffrent, la mode, en prélevant un impôt sur les oisifs, les grands et les riches pour enrichir de leurs fantaisies quelques industrieux fabricants, est le reflet des mœurs; reflet mobile, variable, errant et incertain. L'Asie échappe un peu à son empire par son immobilité, mais l'Europe civilisée lui est soumise, et la France est sa capitale.

La mode est une souveraine dont les ordres les plus gênants n'éprouvent jamais d'opposition; nul ne réclame contre ses décrets. Ses fantaisies sont des lois révérées, ses caprices sont des oracles; elle change à son gré les mœurs; elle se moque des convenances et fait ployer la sévère raison sous la marotte de la folie. Elle règle le bien et le mal, fait et défait les réputations, donne de la beauté aux laides, de l'esprit aux sots, de la science aux charlatans et résiste impunément aux remontrances de la justice, aux conseils de la sagesse et aux préceptes mêmes de la religion. Son unique but est de plaire, son essence est le changement; elle récompense par des applaudissements et punit par le ridicule. Voilà son unique force et ses seules armes.

(De Ségur).

Le changement des modes est l'impôt que l'industrie du pauvre met sur la vanité du riche.

(Chamfort).

Modération.

La modération est l'une des qualités les moins en harmonie avec notre nature et par conséquent les plus difficiles à acquérir. Les sentiments les plus nobles peuvent nous pousser à des excès coupables s'ils manquent d'une certaine mesure; la modération est la première base de la morale privée comme de la morale publique.

Il faut de la modération en tout qu'y aurait-il de mieux que la liberté sans licence, la religion sans fanatisme, la croyance sans superstition, la philosophie sans athéisme, l'égalité politique sans saturnales, la monarchie sans despotisme, l'obéissance sans servitude et le repos sans apathie ? (Comte de Ségur).

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(J. Droz).

Modestie. Retenue dans la manière de penser et de parler de soi. La modestie, dit La Bruyère, est au mérite ce que les ombres sont dans un tableau: elles lui donnent du relief.

La modestie sied à tout le monde, mais surtout aux femmes; c'est une compagne de la décence. Ces deux vertus les empêchent de se laisser enivrer et trop souvent dépraver par les succès du monde. A peu près inconnue chez les Grecs et les Romains, la modestie est l'une des qualités qui font pardonner la médiocrité et ajoutent au mérite.

La modestia è una delle più amabili doti dell'uomo superiore.

Mœurs.

(Manzoni).

On distingue les mœurs sociales et politiques des mœurs privées proprement dites. Nous n'avons à nous occuper que de ces dernières.

Les mœurs sont bonnes lorsqu'elles sont pratiquées avec respect et qu'elles ne sont ni publiquement contestées, ni secrètement démenties.

Elle sont mauvaises quand la loi morale, privée des lumières et de l'appui de la loi religieuse, cesse de régner sur les esprits. Alors naissent et grandissent l'indifférence, le scepticisme et le matérialisme qui tuent la morale.

Nos pensées s'accordent avec nos penchants, nos discours avec

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