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qui affectaient de vivre à l'état de nature, sans tenir compte des formes de décence et de politesse introduites par la civilisation dans les relations sociales.

L'école cynique n'a dans l'histoire qu'une importance secondaire. Elle doit son nom au lieu de ses réunions : le cynosarge, gymnase d'Athènes.

Anthistène fut le premier philosophe qui établit la doctrine cynique, mais il ne fit que peu de disciples, parmi lesquels Diogène, Cratès et Zénon.

La vertu est le seul bien, disaient les cyniques, donc le plaisir, les arts, les sciences et toutes les bienséances sont des superfluités condamnables... la civilisation amollit les âmes et en toute chose, le mieux est d'en revenir à la nature animale, modèle parfait de la nature humaine... Singulières conséquences d'un principe vrai!

Cette révolte contre la société et ses lois ne pouvait durer. Après Zénon qui l'avait cependant adoucie et transformée, elle se traîna sans gloire pendant un demi-siècle et finit par disparaître.

La singularité des cyniques consistait principalement à transporter au milieu de la dépravation de la Grèce les mœurs de l'état de nature et le langage grossier des premiers temps; attaquant les préjugés et les vices, ils se montraient hardiment dans les lieux sacrés et sur les places publiques; la licence de leur philosophie ne pouvait être palliée que par la publicité de leur conduite. On vit s'élever du milieu de la corruption générale, des hommes qui, par l'énergie de leurs principes, voulurent s'opposer au débordement des vices. Les erreurs qui leur sont reprochées viennent d'une définition d'Anthistène qui avait dit : « que tout ce qui est bien était honnête et que tout ce qui est mal était honteux. La forme pour lui n'était rien, le fonds était tout. De là s'en suivait que tout ce qui n'était pas mal en soi ne devait pas être caché et devait être affranchi des fausses réserves de la pudeur. Le principe était d'Anthistène, les conséquences outrées étaient de ses succcesseurs.

Pour donner une idée de la différence qu'il y avait entre sa manière de penser et celle de Diogène, un exemple suffira : Anthistène tourmenté par la maladie s'écriait : « qui me déli

vrera des maux que je souffre?» Diogène lui présenta un poignard... « Je parle de mes maux et non pas de la vie » répondit Anthistène. Cette réplique, digne de Socrate et de Platon, prouve qu'Anthistène regardait le corps comme la prison de l'âme et qu'il ne croyait pas devoir l'en délivrer avant l'heure fixée par la providence. Diogène, plus tard, n'eût pas la patience de son maître.

Parmi les erreurs des cyniques, dont le grand défaut était l'orgueil, on peut placer cette maxime: « que le célibat doit être préféré au mariage, parce qu'il est plus beau d'élever ses concitoyens en masse que deux ou trois enfants... » « le propre des Dieux, disait Anthistène est de n'avoir aucun besoin, ainsi l'homme qui a le moins de besoins est celui qui s'en approche le plus.

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On a plus tard donné le nom de cynisme à une liberté choquante et obscène, que notre civilisation n'admet plus.

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David. Nous n'avons pas à retracer ici la vie de David, roi d'Israël, guerrier et prophète, né à Bethléem mille ans avant J.-C., tous nos lecteurs la connaissent, mais nous devons rappeler, dans un livre de philosophie morale, que si l'Écriture sainte, inspirée d'en haut, surpasse toutes les productions du génie de l'homme, les psaumes de David l'emportent sur le reste de l'Écriture par la magnificence des tableaux qu'ils offrent à nos méditations. C'est le livre de tous les âges et de toutes les situations de la vie. Nulle part on ne ressent avec plus d'efficacité cette onction céleste qui pénètre à la fois l'intelligence et les vives affections de l'âme.

Décence. —La décence est une sorte de pierre de touche de l'honnêteté des mœurs. Elle est trop souvent vaincue par la mode; mais, dans ce cas, la délicatesse adoucit ce que la mode a de trop libre.

La décence dans les actions et dans les paroles s'aperçoit

jusque dans le maintien et les attitudes du corps; elle consiste en trois choses, la grâce, la régularité des mouvements et la manière convenable de s'habiller, toutes choses qui se sentent mieux qu'on ne peut les exprimer et qui renferment le désir de plaire à ceux avec qui nous vivons.

La nature a pris grand soin de notre corps; elle a mis en évidence le visage et celles des autres parties dont la forme est la plus belle, elle a couvert et caché les autres; la pudeur a suivi cette sage disposition de la nature, suivons donc ses inspirations et abstenons-nous de tout ce qui peut blesser les yeux ou les oreilles. Que notre maintien, notre démarche, notre manière de nous asseoir, de nous tenir à table, que nos jeux, notre air, nos gestes, soient toujours conformes à la décence. (Cicéron).

La décence est la grâce de la vertu et le fard du vice.

(Mme de Lambert).
(Alibert).

La décence est la coquetterie du mariage.

Découragement.

- Dans la vie de ce monde les tenta

tions sont si fréquentes, le moi si fort et la nature humaine si faible que l'apparence du bonheur nous séduit, que nous nous laissons guider par cette ombre fugitive, que les séductions de la chair amènent le doute de l'esprit, que le ciel s'obscurcit à mesure que la vérité s'éloigne et que les fautes se succèdent, en dépit des résolutions les plus fermes que nous avions pu former.

Qu'arrive-t-il alors? nous nous irritons contre nous-mêmes, le remords nous ronge le cœur et le découragement le suit.

Le découragement, horrible atonie de l'âme qui ne sait plus ni le comment, ni le pourquoi de la vie, désespoir intérieur qui nie l'amitié, le bonheur, qui repousse toute consolation comme mensongère et appelle la mort, ou plutôt le néant, pour échapper à ses tortures.

Le néant n'arrive pas, mais le vice souvent, que l'homme vaincu accepte comme transaction avec l'angoisse qui le dévore.

L'absence de principes religieux a amené la faiblesse, celle-ci le découragement, le vice a suivi ce dernier. La morale sans base est aussi sans force. L'homme arrivé à ce point se prend alors à

faire des arrangements avec sa conscience, suppose qu'il ne peut en être autrement et qu'après tout c'est la faute de celui qui nous a créés ainsi.

Plus à l'aise dans cette nouvelle idée, il suit la pente glissante qui conduit des vices aux crimes ou à l'abrutissement.

S'il veut de temps en temps se soulever, l'énergie manque, et il retombe dans la fange.

Quelle est au contraire la destinée de l'homme dans le sein duquel ont germé des sentiments chrétiens? Il sent sa faiblesse, aussi il a honte de lui-même, il connaît le remords, mais il échappe au découragement fatal. Sa faute reconnue, avouée, son âme soulagée se dilate et les portes du ciel, un instant fermées, se rouvrent pour lui.

Il a rejeté le vieil homme, il est devenu un homme nouveau, il était malheureux de ses fautes passées, il est heureux de ses vertus à venir, les fautes ont été grandes, le repentir est sincère et profond, la bonté divine enlève jusqu'au souvenir en offrant l'expiation.

- Le découragement est en tout ce qu'il y a de pire; c'est la mort de la virilité. (Lacordaire).

Déduction. Tirer une vérité particulière d'un principe général, c'est déduire. S'élever d'une vérité particulière à un principe général, c'est induire. Cette dernière opération intellectuelle mène des phénomènes à leurs lois, la déduction, au contraire, descend du principe à ses applications.

Pour qu'un raisonnement soit possible, il faut qu'il porte sur quelque chose de préalablement assuré ou certain.

Les règles de la déduction se réduisent à quelques points se convaincre d'abord de la légitimité du principe; en déterminer la nature; en délimiter la portée; enfin, s'assurer si le principe convient à l'objet particulter qu'on se propose d'y rattacher.

Dégradation.

Avilissement, perte volontaire de l'estime publique, de la considération.

La dégradation est plus fâcheuse encore pour l'homme que l'abrutissement. Ce dernier choque peut-être davantage, mais il

révolte moins c'est que l'un est simplement la conséquence des mœurs basses, de l'abus des liqueurs fortes; l'autre dérive d'une abjection du cœur.

Le terme de la dégradation est de ne plus concevoir la honte et de braver le mépris.

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Le mensonge est une dégradation du caractère, il conduit à toutes les lâchetés.

Déisme.

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(Maquel).

Les mots Déisme et Théisme, l'un latin, l'autre grec, ont la même racine; mais l'usage leur a donné un sens différent le théisme, opposé au polythéisme, fut le culte des Indiens, des Chaldéens et des Perses.

On attribue à Socin le premier germe de ce rationalisme; il abandonne le texte sacré des Écritures pour en appeler au jugement de la lumière naturelle et n'admet d'autres dogmes que ceux qu'il trouve conformes aux principes de la raison. Or, ces principes n'étant pas les mêmes chez tous les hommes, il se trouve conduit par son mépris de l'autorité historique à l'indifférence des dogmes et des cultes chrétiens.

Ce mépris, cette indifférence sont-ils justifiés ? l'histoire de la religion nous offre une admirable synthèse du monde dans les temps anciens et de la société dans les temps modernes. L'unité religieuse se maintient par les formes du culte extérieur et se perpétue par la doctrine d'une autorité enseignante. Le philosophe qui se borne à l'exercice de la raison spéculative et rejette la méthode historique se prive des seuls documents qui puissent nous éclairer sur l'origine des choses et sur celle de l'homme. Il méconnaît cette influence visible du Christianisme sur la civilisation des peuples. Il renonce à la vertu personnifiée pour embrasser une vertu abstraite qui ne peut échauffer son cœur hi l'affermir par une autorité et une sanction suffisantes. La religion consacre les maximes les plus pures des esprits éclairés et les inspirations des cœurs droits. Le déiste qui ne reconnaît que l'autorité de la raison est loin d'avoir ces avantages. Tout est chez eux diversité, incertitude, indécision.

Cela devient plus évident encore si l'on descend à l'examen de quelques systèmes dont la bizarrerie, l'immoralité, le cynisme,

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