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ment des forces morales; tristesse profonde et prolongée.

L'abattement est souvent pire que sa cause il met le comble à nos maux en nous enlevant les moyens d'y remédier. C'est la tristesse à sa dernière limite; c'est un mal de l'âme qui plonge sa victime dans un abime sans fond, et qui produit quelquefois le plus terrible phénomène moral que l'on puisse redouter la folie.

Quand elle n'arrive pas, l'abattement peut se terminer par la ruine du corps; c'est un mal secret qui mine sourdement jusqu'aux organisations les plus fortes. C'est un poison lent qui s'inocule peu à peu dans les veines. Les forces diminuent, la fraîcheur se fane, la vie languit et finit par s'éteindre, comme une lampe dont l'huile est épuisée : mullos enim occidit tristitia (1).

Abbaye. Communauté monastique.

C'est en Orient qu'est née la vie monastique. Elle ne s'introduisit en Occident que vers le milieu du ve siècle. Dans l'origine, moines et abbés étaient laïques; plus tard, ils appartinrent au clergé. Il faut distinguer les abbayes des simples monastères. Lorsque le goût de la vie monastique eût donné naissance à des ordres nombreux, le nom d'abbé, d'abord réservé au supérieur de chaque monastère, fut appliqué au chef des fractions de l'ordre et le nom d'abbaye désigna les monastères les plus importants.

Parmi les abbayes qui occupent un rang dans l'histoire on cite celles de Cluny, de Citeaux, de Prémontré et de Sept-Fons en France, de Fulde et de Cowey en Allemagne, de Saint-Gall en Suisse, du Mont-Cassin en Italie et de Westminster en Angleterre.

Les abbayes ont rendu de grands services à l'agriculture, aux sciences et aux lettres. On doit constater, avec M. de Montalembert, « la mise en culture, par leurs mains, de tant de déserts et de tant de forêts, la conservation de tant de monuments historiques... Celles des Bénédictins, surtout, furent de grands foyers littéraires.

L'Almanach royal de 1787 compte 649 abbayes; elles ont toujours été un centre d'instruction religieuse ou de bienfaisance.

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Dans l'origine un abbé était seulement le supérieur d'un monastère religieux érigé en abbaye. Aujourd'hui ce titre a un sens plus étendu : c'est une appellation commune à ceux qui sont engagés dans les ordres.

Abélard. Moine, théologien et philosophe, né en 1079, mort en 4142. L'étendue de son savoir, son éloquence, ses leçons dans les écoles de Paris, ses controverses avec Guillaume de Champeaux, avec saint Bernard au concile de Châlons et les péripéties romanesques de sa vie, que nous n'avons pas à raconter ici, ont rendu son nom très célèbre.

Il enseigna avec le plus grand succès la philosophie scolastique à Melun, à Corbeil et à Paris où il comptait plus de trois mille auditeurs.

Il attaqua dans ses leçons la doctrine du Réalisme et celle du Nominalisme pour y substituer le système du Conceptualisme qui tenait le milieu et était comme un compromis entre les deux doctrines. Il abandonna plus tard l'étude de la philosophie pour se consacrer à la théologie; mais il fut accusé d'avoir émis des opinions hétérodoxes et condamné par deux conciles.

Plus tard, Pierre le Vénérable le fit rentrer en grâce près du Saint-Siège. Il se retira alors au prieuré de Saint-Marcel où il s'éteignit dans le recueillement et la solitude.

Abelard est considéré comme le principal fondateur de la philosophie du moyen âge (1).

Académie. Ce nom fut donné par les Athéniens à une promenade ornée d'oliviers et de platanes dont l'emplacement avait été légué à la République par un contemporain de Thésée nommé Academus.

Platon qui possédait, dans le voisinage, un petit domaine, y ouvrit une école de philosophie où une société de savants, d'artistes et de poètes venait entendre ses leçons.

Après lui Speusippe, Xénocrate et plus tard Arcésilas, Carnéades, Clitomaque, Philon, etc., fondèrent, sous le même nom, d'autres réunions dans lesquelles on s'occupait de philosophie, préconisant et soutenant tour à tour le Spiritualisme et le Sen

(1) V. la Vie d'Abélard par Charles de Rémusat, 1845.

sualisme, le Probabilisme, le Scepticisme, l'Ecclectisme, le Syncratisme, le Mysticisme, etc.

L'Académie française fut fondéo, en 1635, deux mille ans après, par lettres patentes de Louis XIII. Son principal but était de composer un dictionnaire qui fixât la langue. Richelieu est le véritable fondateur de l'Académie française.

Parmi les plus célèbres philosophes qui en ont fait partie, nous citerons Bossuet, Fénelon, Montesquieu, d'Alembert, Condillac, le comte Ferrand, de Bonald, Droz, de Ségur, RoyerCollard, Rémusat et Guizot.

Si le nombre en est restreint, c'est que la Philosophie a, moins que les Lettres, ambitionné cette distinction.

Accablement.

L'accablement du corps vient de maladie ou de fatigue. L'accablement de l'esprit est un état de l'âme qui succombe sous le poids de ses peines.

L'accablement et l'abattement produisent le découragement qui est aussi une faiblesse de l'âme, et nous fait abandonner une entreprise commencée en nous ôtant le courage nécessaire pour la mener à bonne fin.

L'adversité qui abat les cœurs faibles grandit les âmes fortes; elle élève les caractères qu'elle ne dégrade pas (1).

Age.

Puisque la considération est la seule indemnité de la vieillesse, tâchons de devenir plus respectables à mesure que nous devenons moins aimables.

Dans la jeunesse évitons la fougue des passions, dans l'âge mûr les spéculations malsaines d'argent ou d'ambition, et dans la vieillesse enfin essayons de nous faire pardonner nos infirmités par beaucoup de bienveillance, de douce gaîté et d'abnégation. Quand on ne peut plus vivre pour soi, il faut savoir vivre pour les autres.

Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs.
(Boileau).

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faire ou à dire des choses blessantes. C'est le contraire de la

bienveillance. Cette dernière vient à bout de résistances que l'aigreur rend invincibles.

L'aigreur est un défaut que le vrai chrétien ne connaît pas.

Alembert (D'). Il naquit à Paris en 1717 et fut abandonné dès sa naissance. Recueilli par la police et confié à un pauvre vitrier, il répondit par la plus vive affection aux soins qu'on lui prodigua et refusa d'aller chez sa mère, Mme de Tencin, quand il apprit le secret de sa naissance.

Philosophe français du xvIII° siècle.

Il ressentit, encore jeune, une vive passion pour les mathémathiques et publia, à 22 ans, de savants mémoires qui le firent admettre à l'Académie des sciences en 1744. S'il n'était pas sorti de cette voie nous n'en parlerions pas ici, mais il fut, avec Diderot, l'un des fondateurs de l'Encyclopédie dont il rédigea le discours préliminaire qui grandit encore sa réputation. Devenu membre et secrétaire perpétuel de l'Académie française, il composa de nombreux ouvrages, parmi lesquels des éléments et des mélanges de philosophie.

Il est mort en 1783, à l'âge de 66 ans.

Ambition.- Désir excessif des honneurs, de la puissance et de la gloire. Recherche des dignités, passion qui nous pousse à monter toujours et à étendre la sphère de notre pouvoir.

Bacon distinguait trois sortes d'ambition: celle de gouverner un peuple et d'en faire l'instrument de ses desseins, celle d'assurer à son pays la suprématie sur tous les autres, enfin celle d'élever l'humanité tout entière, en augmentant le trésor de ses connaissances. Il en est malheureusement de moins nobles... mais, quoiqu'elle soit, en général, considérée comme un vice de notre nature, l'ambition est parfois la source de quelques vertus. La moralité et la légitimité de l'ambition dépendent du but qu'elle poursuit et des moyens dont elle use : « Il y a et il y aura toujours des ambitieux, dit M. Prévost-Paradol, car l'ambition est un élément essentiel des sociétés. Dans un pays libre l'ambition est éloquente, active, utile au pays; elle s'avoue et cherche à se légitimer, en même temps qu'à se satisfaire. Il y a eu des ambi

tieux en Angleterre qui s'appelaient Pitt, Fox, Canning; il y en a eu en Perse et en Chine qui n'ont point de nom, parce que les premiers agrandissent leur pays et que les seconds n'agrandissent que leur fortune. »

Lorsque l'ambition s'empare de l'âme, elle y étouffe tout autre sentiment. Elle a cela de commun avec les autres passions qu'elle promet le bonheur sans le donner jamais.

Ambroise (St).

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Père de l'Eglise latine, né à Trèves, vers l'an 340. Élu évêque de Milan par le peuple, il fut sacré en 374 et signala son épiscopat par un zèle ferme et éclairé, il résista à l'impératrice Justine qui favorisait les Ariens, les fit condamner au concile d'Aquilée et refusa l'entrée de l'église de Milan à l'empereur Théodose jusqu'à ce qu'il eût fait pénitence du massacre de Thessalonique. Il vendit les vases sacrés pour racheter les captifs.

Saint Ambroise mourut en 397; il a laissé plusieurs ouvrages parmi lesquels on distingue le Traité des devoirs, qui a été traduit en français sous le titre de Morale des ecclésiastiques. St Augustin, qui reçut de lui le baptême, le dépeint comme le modèle de cet épiscopat chrétien qui était, à cette époque de barbarie, la seule magistrature digne de ce nom.

Ame. L'âme est ce qui sent, pense et veut; c'est le sujet de toutes les modifications affectives, intellectuelles et volontaires que la conscience nous révèle et qu'elle nous montre réunies dans un principe un et identique, dont tous les phénomènes ne sont que des modes divers, des développements et des manifestations.

Quelle est la nature de ce principe? Est-il distinct de la matière? La physiologie est contrainte d'avouer que la pensée provient d'une substance différente du corps, et la philosophie que la nutrition et la sensation reviennent à une substance différente de l'esprit ?

Il faut reconnaître comme appartenant à l'âme tout ce que la conscience saisit et embrasse dans sa puissante unité.

Dans la sensation, l'âme est passive; dans les opérations intellectuelles, elle est active. Ces opérations sont de deux sortes : celles de l'entendement et celles de la volonté.

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