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posait dans un circuit un interrupteur à lame élastique, analogue à l'appareil de M. Froment pour démontrer la rapidité avec laquelle le fer doux peut acquérir et perdre son aimantation'. Un commutateur permettait de diriger dans ce circuit, soit le courant d'un seul couple de Grove, soit le courant d'une pile de six éléments, en introduisant en même temps une résistance suffisante pour que l'intensité fût la même dans les deux cas. La lame élastique entrait en vibration, et produisait un son musical qui permettait d'apprécier la rapidité de ses oscillations et par conséquent la rapidité avec laquelle l'électro-aimant qui attire la lame, acquiert son magnétisme. Dans une série d'expériences, on a obtenu les chiffres suivants, qui représentent les nombres de vibrations dans les deux cas, pour différents degrés d'élasticité du ressort.

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Le même phénomène se manifeste encore quand, au lieu d'intercaler une bobine de résistance pour diminuer l'intensité du courant lorsqu'on emploie une pile de 6 éléments, on introduit dans le circuit un long fil tendu.

Voyons maintenant à quelle cause M. Beetz attribue trèsjustement cette différence d'action.

Au moment de la fermeture d'un circuit qui comprend un électro-aimant, le courant ne prend pas immédiatement toute sa force. On explique ce fait par le développement d'un courant d'induction dans le conducteur lui-même; en effet, au moment où le noyau de fer doux s'aimante, il doit déterminer, dans l'hélice dont il est entouré, un courant induit en sens contraire du courant principal qui se trouve ainsi affaibli. L'énergie de ce contre-courant dépend de la résistance du circuit qu'il doit parcourir; or, plus les éléments dont la pile

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Voyez DE LA RIVE, Traité d'Electricité, tome I, p. 290.

est composée sont nombreux, plus cette résistance est considérable, plus, par conséquent, le contre-courant sera faible. Le temps nécessaire pour que le courant atteigne le maximum d'intensité et pour que l'aimantation du fer soit complète, sera donc beaucoup moins long quand on emploie une pile à forte

tension.

A l'appui de cette explication, M. Beetz a disposé l'expérience suivante. Au lieu d'employer, comme précédemment, un rhéotome produisant des interruptions d'autant plus fréquentes que l'aimantation se produit plus rapidement, il s'est servi d'un interrupteur à mouvement d'horlogerie. Le circuit comprenait un électro-aimant et un galvanomètre. Au moyen du commutateur, on faisait passer alternativement le courant produit par un élément ou par six éléments. On s'arrangeait de manière que la déviation du galvanomètre fut la même dans les deux cas quand le courant était continu. Alors, si l'on faisait marcher l'interrupteur, on reconnaissait que le courant était notablement plus faible quand on employait un seul élément pour le produire.

On peut représenter la force variable du courant par une courbe, en prenant comme abscisses les temps comptés à partir de la fermeture du courant, et comme ordonnées, les intensités. Soit donc AS l'axe des abscisses, et AB celui des ordonnées.

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S'il ne se produisait point d'induction, si le courant prenait toute sa force au moment de l'établissement du circuit, l'intensité serait représentée par une ligne droite BL, parallèle à l'axe des abscisses, et la force magnétique du courant pendant le temps AC, par le rectangle ABDC. Mais s'il se produit un contre-courant, l'intensité sera représentée par une courbe que AGD asymptotique à la ligne BL, et la force magnétique sera représentée par l'aire AGDC.

telle

Cette courbe croit d'autant moins rapidement que le contrecourant est plus fort; elle peut, par exemple, avoir la forme AEF, lorsque l'aimantation est produite par un seul élément, et que, par conséquent, la résistance du circuit est petite; au contraire, elle aura la forme AGD, lorsqu'on emploie n éléments, et que le courant d'induction rencontre une grande résistance. L'état magnétique du noyau de fer doux est représenté à chaque instant par l'ordonnée correspondante; ainsi, après le temps AK, ce sera KE lorsqu'on emploie un seul élément, et KG avec n éléments.

Si, maintenant, l'on suppose que l'ancre de l'aimant, pour être attirée, doive surmonter la résistance d'un ressort par exemple, elle ne pourra se mettre en mouvement que lorsque l'attraction de l'électro-aimant surpassera la force de tension de ce ressort. Si celui-ci fait équilibre à la force magnétique AN, et que le courant soit produit par n éléments, l'ancre reste immobile pendant le temps AP; puis elle commence à prendre un mouvement correspondant à l'aire comprise entre la courbe DGO, l'ordonnée OP, l'axe des abscisses, et enfin une autre ordonnée, HU par exemple, dont la position dépend de la distance à laquelle l'ancre et l'aimant sont placés. Mais si le courant est produit par un seul élément, l'ancre reste immobile jusqu'au temps AK, puis elle prend un mouvement correspondant à la portion de l'aire comprise entre la courbe LFE, l'ordonnée EK, l'axe des abscisses, et une certaine autre ordonnée RQ. Le temps qui s'écoule depuis le moment de la fermeture du

courant jusqu'à celui où l'ancre est complétement attirée, est donc plus considérable quand on fait usage d'un élément que lorsqu'on en emploie n; il est représenté par AU dans le premier cas, et par AQ dans le second. Si le ressort dont l'ancre doit surmonter la résistance était plus fort et qu'il fit équilibre à une force AM, les temps au bout desquels le mouvement de l'ancre commencerait, seraient AK avec n éléments, et AC avec un élément. La simple inspection de la figure fait voir que la différence serait encore plus forte que lorsque le ressort était moins tendu '.

Pour s'assurer de la réalité de ces faits, M. Beetz a cherché à déterminer expérimentalement la forme de ces courbes d'induction. A cet effet, il a employé une méthode, proposée par M. Poggendorff, consistant à prendre un aimant en fer à cheval, dont l'une des branches est entourée d'un fil en communication avec la pile et l'autre d'un fil en communication avec le galvanomètre. En fermant à des moments différents, et pendant un instant très-court, le circuit qui comprend le galvanomètre, et qui n'est parcouru que par des courants d'induction, on peut obtenir la mesure de ces courants à chaque instant. L'ingénieux appareil de M. Beetz serait difficile à comprendre sans l'aide d'une figure; nous nous bornerons à dire qu'il

Cet exposé fait très-suffisamment saisir la manière dont M. Beetz explique ce phénomène; cependant il faut remarquer qu'en réalité les faits sont un peu plus compliqués. En effet, dès que l'ancre est attirée par l'aimant, la force du courant subit un petit affaiblissement provenant de ce mouvement. (Voyez Archives, tome XXXVI, p. 42.) Il en résulte que la forme de la courbe est un peu modifiée pendant le mouvement de l'ancre. Cette diminution d'intensité peut s'expliquer aussi par le développement d'un nouveau contre-courant d'induction; elle est ordinairement trèsfaible, mais dans certains cas elle peut devenir sensible. Son action doit être dans le même sens que celle du contre-courant qui se développe au moment de la fermeture du circuit, c'est-à-dire qu'elle tend à exagérer encore la différence du temps nécessaire à l'attraction de l'ancre suivant que l'on emploie un ou n élément. L. S.

permettait de saisir les courants d'induction qui se développent dans le circuit du galvanomètre, d'abord au moment de la fermeture, puis à des intervalles successifs de 0,0069 de seconde. On pouvait introduire des résistances de plus en plus fortes dans le circuit de la pile, et étudier ainsi la forme de la courbe dans les différents cas. Ces expériences ont complétement confirmé tout ce que nous avons exposé plus haut.

Il faut noter, comme M. Hipp l'avait déjà fait remarquer, que ce phénomène a de l'importance pour la mesure des temps avec le chronoscope électro-magnétique; si l'on n'y prend pas garde, les indications de cet instrument peuvent être faussées. Pour éviter cette source d'erreurs, il faut donner à la pile le plus de résistance possible. Au reste, M. Hipp a complétement évité cette difficulté dans son chronoscope, en prenant, non pas le moment où l'ancre est attirée par l'aimant, mais le moment où elle cesse d'être attirée, comme signe du commencement et de la fin du petit intervalle de temps qu'il s'agit de

mesurer.

METAMORPHISME EXERCE PAR LES ROCHES GRANITIQUES

SUR

LES ROCHES CALCAIRES DES ALPES SUISSES

Par M. DELESSE.

Les Alpes suisses montrent souvent les roches granitiques qui traversent et même qui recouvrent des roches calcaires. Il est donc assez facile d'y étudier le métamorphisme, et c'est en effet ce que je vais essayer ici, en me bornant au métamorphisme de contact.

Il me suffira de passer en revue quelques-uns des gisements qui sont devenus classiques, et je citerai d'abord celui de Grund.

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