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au mesurage par les règles de dix-huit pieds, m'ayant fait prendre confiance à la base de Tsiolaire, je l'ai employée exclusivement pour fixer la dimension de tous les côtés de la triangulation, et en particulier de la ligne Barasson-Mourin. Cette ligne m'ayant procuré successivement la distance de Mourin au Mont-Blanc, puis de Morcles au Mont-Blanc, j'ai obtenu pour valeur de cette dernière . .

Tandis que la triangulation exécutée au canton de Vaud par les officiers fédéraux donne

Différence.

.43920m,02

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43929m,258

9m,24.

La divergence s'amoindrit si l'on considère que le MontBlanc, vu depuis Morcles, offre au pointé une sommité arrondie, et que, lorsque depuis Mourin j'ai observé Morcles, cette dernière formant une tête large, était dépourvue de signal. Aussi j'ai envisagé ce degré de concordance comme une preuve suffisante de l'exactitude de mes opérations.

La pointe de Barasson, située à peu près au niveau de la Dent de Morcles, étant d'un accès facile, j'adoptai le plan de diriger de cette première sommité bon nombre de distances au zénith sur la Dent de Morcles, me croyant bien assuré de n'éprouver aucune difficulté depuis Morcles à prendre des distances au zénith réciproques, sur le cône très-apparent de Barasson, pourvu d'ailleurs d'un signal de forte dimension. Mais l'ascension de la Dent de Morcles ne saurait s'exécuter tous les jours, et quand j'ai pu la faire, un destin ennemi n’a pas permis que j'eusse un beau ciel en partage.

Aussi la détermination barométrique d'aucune cime n'a trompé mon attente au point où l'a fait la Dent de Morcles. Les résultats de quatre observations, exécutées à époques éloignées, ont tous été trop forts, ainsi qu'il arrive quand la pluie et l'orage se préparent.

J'y ai même été assailli par une violente tempête provenant de la vallée de Chamounix, et au retour, pendant quatre

heures, mon guide et moi fûmes battus par la pluie, la grêle et l'ouragan.

Mais le pis a été que, soit par l'effet d'une atmosphère défavorable, soit par la nature des objets sur lesquels Barasson se projette, quand je me suis rendu à la Dent de Morcles dans le dessein de prendre sur Barasson des distances au zénith réciproques en abondance, quel n'a pas été mon désappointement en constatant que, malgré ma persévérance et tous mes efforts, je ne parvenais point, avec mon excellente lunette, qui grossit dix-huit fois, à reconnaître la pointe de Barasson!

A sa place, plus à l'occident, je vis nettement un de mes signaux, qui est Montmort ou plutôt Drohnaz, à en juger par l'immense versant aboutissant au signal tel qu'il existe au nord. Pour dissiper tout doute, je formai la résolution de vérifier la chose sur place.

L'année suivante, 1846, je retournai au couvent: mais j'eus beau y séjourner trois semaines, je ne pus y rencontrer une seule journée où la pureté de l'atmosphère permit de découvrir la. Dent de Morcles. Vainement je passai à Drohnaz la journée du 25 août tout entière, environné de nuages, il n'y eut pas moyen d'apercevoir Morcles, et je dus replacer tristement le cercle dans sa caisse, me contentant d'observer à l'aise le baromètre, qui, à midi, marquait 19 pouces, 9 lignes, 93 centièmes (536mm,73), température 10,2 degrés Deluc, air 7o,5 soleil absent; instrument à niveau du rocher, et ayant en collimation de ligne de moins que le baromètre de la Rive au couvent. Au milieu de ces contrariétés, je me suis aperçu que la vieillesse m'avait atteint, et que, par l'impérieuse loi de la nécessité, je devais mettre des bornes à mon ambition, en renonçant à faire emploi de la belle et grande pyramide construite à mes frais sur la Dent de Morcles.

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Je dirai encore deux mots sur la manière dont j'ai déduit la distance de Barasson au mont Mourin, qui domine au sud le village de Saint-Pierre.

Un réseau de triangles assez nombreux établissant la liaison entre ces deux points surabondamment, j'ai fait choix des côtés le plus avantageusement placés, pour qu'en abaissant des perpendiculaires sur la ligne Barasson-Mourin, depuis les extrémités de ces mêmes côtés, un nombre égal d'abcisses fut marqué sur cette ligne; puis, au moyen de l'inclinaison des côtés relativement à la ligne Barasson-Mourin, il a été facile d'arriver à la dimension des fragments correspondants dans la ligne, lesquels réunis ont donné la valeur totale ramenée au niveau de Tsiolaire. Provisoirement, j'ai réduit toutes mes distances à ce niveau. C'est par un procédé analogue que l'arc du méridien mesuré en France a été extrait de la triangulation. Par forme de vérification, j'ai pu obtenir trois valeurs distinctes de ma base Barasson-Mourin, chacune par un seul triangle, la moyenne différant de la détermination par abscisses de 0m,94 en excès; mais accordant plus de confiance au résultat composé, j'ai éliminé celui-là.

Le Mont-Blanc, vu tant de Barasson que de Mourin, présente une cime aigue dont le pointé n'admet aucun vague; en outre, l'angle conclu étant de près de 21 degrés, j'ai l'espoir que les côtés Barasson-Mont-Blanc et Mourin-Mont-Blanc, et conséquemment les distances Morcles-Mont-Blanc et MourinMorcles, sont exactes dans d'étroites limites.

Les trois valeurs de ma base Barasson-Mourin, provenant chacune d'un triangle unique, sont les suivantes: 8723,80

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C'est cette dernière valeur que j'ai adoptée sans partage,

ainsi

que je l'ai dit plus haut.

N'ayant pas pu obtenir des distances au zénith réciproques,

j'ai dû songer au moyen de tirer le parti le plus avantageux des nombreuses observations exécutées au cercle-répétiteur, tant sur le Mont-Blanc que sur la Dent de Morcles, depuis quatre des sommités qui entourent le monastère, savoir: la Pointe de Barasson, Chenalette, Montmort et Mourin. Ayant opéré à plusieurs reprises et en des années différentes, j'ai pu facilement m'assurer qu'à ces hauteurs, où l'air est subtil et peu chargé de vapeurs aqueuses, où la température est assez uniforme et où les distances sont rapprochées, la réfraction est faible, peu sujette à ces variations considérables qu'elle subit entre stations où l'une au moins est située en plaine.

Dans le Jura, j'ai plusieurs fois, étant en station sur des sommités, souffert du froid au point d'obliger les guides à chercher un abri: tandis qu'aux alentours du Saint-Bernard, vêtu légèrement, je n'ai trouvé le froid incommode qu'au fond des vallons, où les courants d'air sont glacés.

Le colonel Corabœuf, habile ingénieur français, avait conclu de ses travaux le long de la chaîne des Pyrénées pour le coefficient de la réfraction en parties de l'arc terrestre 0,0643; mais pour les régions éthérées du Saint-Bernard, ce coefficient est évidemment trop fort. Ramond de Carbonnières avait fait la remarque, au sujet de ses déterminations barométriques, que les plaines brûlantes de l'Aragon envoient jusqu'au sommet du Pic-du-Midi-de-Bigorre une atmosphère très-réchauffée.

Pour mon local tout à fait sibérien, je me suis arrêté au coefficient 0,05; et son emploi pour mettre en relation les hauteurs connues du Mont-Blanc et celles de Morcles respectivement, semble justifier la préférence que j'ai accordée à ce coefficient.

La distance de mes stations, tant à Morcles qu'au MontBlanc, a été déduite de la triangulation au moyen de deux côtés et de l'angle compris, puis vérifiée par le théorème de Pythagore.

J'ai pour habitude de faire usage concurremment des tables de Sherwin, édition de Londres, et des tables de Callet.

Dans les rares occasions de discordance, j'ai calculé le logarithme à douze et vingt décimales, et reconnu de cette façon plusieurs fautes dans les tables de Sherwin, d'ailleurs commodes par leur simplicité et la dimension et netteté du ca

ractère.

La cotangente de la distance au zénith exerçant l'influence principale sur les résultats, je m'en suis constamment procuré trois et même quatre valeurs; en me servant à la fois des tables centésimales de Hobert et Ideler, de celles de Callet de dix en dix secondes, et de seconde en seconde. Enfin, quelquefois, prenant la cotangente naturelle, je l'ai convertie en logarithme. Par la marche que j'ai suivie, j'ai obtenu cinq valeurs de l'élévation du monastère sur le lac de Genève, en m'appuyant à la Dent de Morcles, et six valeurs en m'appuyant au Mont-Blanc. En voici le tableau :

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Valeur définitive moyenne de la hauteur du couvent du Grand Saint-Bernard sur le lac de Genève...

2103,5367

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