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Bassoutos émigrés avec lui avaient péri de maladie. Il fallut d'abord obtenir la permission de voyager de la personne qui devait lui succéder. C'était une fille nommée Ma-Mochisanė, que le défunt avait désignée avant son fils Sékélétu. Elle demeurait à douze journées de distance. Sa réponse ayant été favorable, les voyageurs descendant le Chobé s'avancèrent de 130 milles au nord-est, et se trouvèrent enfin, en juin 1851, à Seshéké, sur les bords du Zambèze ou Leeambye, dont jusqu'à ce jour les cartes n'indiquaient point l'existence en cet endroit, sous le 17°31'24" de latitude sud, et le 25°13' de longitude est. Quoiqu'on fût à la fin d'une sécheresse, la largeur du fleuve variait de 300 à 600 mètres. Dans le moment du débordement annuel, il s'élève de 20 pieds (anglais) de hauteur, et inonde une surface de 15 à 20 milles de largeur le long de ses bords. On comprend que, sous la zone torride, tout le pays voisin, qui est parfaitement plat, ne peut être que malsain. Il fallait done trouver ailleurs un lieu d'établissement, et Livingstone vit bien que cette recherche était un voyage dont il n'était encore qu'au début. Un nouveau but encore plus important se présentait d'ailleurs à ses efforts. La vente d'hommes réduits en esclavage venait de s'introduire dans cette partie centrale de l'Afrique depuis l'année précédente sculement, et il importait d'en prévenir le développement, en créant pour ces peuplades un commerce régulier. Jusqu'en 1850, l'idée de vendre des hommes était restée in-connue aux Makololos. Sébituané avait opposé des refus formels à quelques tentatives d'achat faites par des voyageurs Mambaris, originaires de Bihé, lieu situé au sud du Congo, dont les habitants font le commerce des esclaves. Mais la tentation de se procurer des fusils qu'on lui offrait avait fini par décider ce chef à vendre un certain nombre de ses prisonniers. Sous l'empire de ces préoccupations, Livingstone se décide à reconduire sa famille au Cap, à l'envoyer pour deux ans en Angleterre, puis à revenir seul au Zambèze, pour chercher

de là d'abord un emplacement salubre, puis un passage vers l'Océan, soit à l'est, soit à l'ouest. Il repart donc pour le sud, traverse avec les siens les 500 lieues qui le séparent du Cap, et dit adieu à sa femme et à ses enfants, qui partent pour l'Angleterre. Il se munit à l'observatoire du Cap de bons instruments et de directions précises pour les observations astronomiques, et reprend le chemin du nord.

On ne peut assez admirer, en lisant ces voyages, l'énergique volonté, la patience, l'intrépidité, la force physique et morale de notre voyageur. Mais ce qui frappe encore davantage, c'est son abnégation de lui-même, son dévouement absolu à la plus noble des causes, la civilisation et la conversion au christianisme de la race déshéritée de Cham.

Mais, dira-t-on, que devenait la station missionnaire à laquelle le docteur Livingstone était attaché? Hélas! les Boërs y avaient mis bon ordre. Encouragés par quelques paroles imprudentes prononcées par des agents anglais au moment où sir Georges Cathcart proclama leur indépendance, ils s'étaient cru tout permis contre trois des stations missionnaires. Réalisant enfin les menaces qu'ils avaient longtemps proférées contre Séchélé et sa tribu, les Boërs, au nombre de 400, assaillirent les Bakwains de Kolobeng, en tuèrent un grand nombre, et emmenèrent captifs deux cents enfants, élèves des écoles de Livingstone. Séchélé se défendit jusqu'à la nuit et s'enfuit dans les montagnes, et comme, pour la première fois, des Boërs furent tués dans le combat par des Béchuanas, Livingstone fut accusé de leur avoir enseigné à le faire. Sa maison fut pillée, et lorsque le docteur y revint, il ne trouva plus que les vestiges de la station, ayant perdu tout ce qui lui appartenait. Mais le méchant fait une œuvre qui le trompe. En détruisant Kolobeng et dispersant les Bakwains, les Boërs avaient cru anéantir l'influence de Livingstone. Dans le fait, ils l'avaient dégagé de ses liens et de ses devoirs envers cette tribu; ils lui avaient rendu pleine liberté d'aller plus au nord chercher

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Bassoutos émigrés avec lui avaient péri de maladie. d'abord obtenir la permission de voyager de la pers devait lui succéder. C'était une fille nommée Ma-M que le défunt avait désignée avant son fils Sékélétu. meurait à douze journées de distance. Sa réponse aya vorable, les voyageurs descendant le Chobé s'avanc 130 milles au nord-est, et se trouvèrent enfin, en jui à Seshéké, sur les bords du Zambèze ou Leeambye, qu'à ce jour les cartes n'indiquaient point l'existence endroit, sous le 17°31'24" de latitude sud, et le 25 longitude est. Quoiqu'on fût à la fin d'une sécher largeur du fleuve variait de 300 à 600 mètres. Dan ment du débordement annuel, il s'élève de 20 pieds de hauteur, et inonde une surface de 15 à 20 milles geur le long de ses bords. On comprend que, sous torride, tout le pays voisin, qui est parfaitement plat, être que malsain. Il fallait done trouver ailleurs un lie blissement, et Livingstone vit bien que cette recherche voyage dont il n'était encore qu'au début. Un nouve encore plus important se présentait d'ailleurs à ses eff vente d'hommes réduits en esclavage venait de s'int dans cette partie centrale de l'Afrique depuis l'année dente sculement, et il importait d'en prévenir le dév ment, en créant pour ces peuplades un commerce re Jusqu'en 1850, l'idée de vendre des hommes était res connue aux Makololos. Sébituané avait opposé des rel mels à quelques tentatives d'achat faites par des vo Mambaris, originaires de Bihé, lieu situé au sud du dont les habitants font le commerce des esclaves. Mais tation de se procurer des fusils qu'on lui offrait avait décider ce chef à vendre un certain nombre de ses niers. Sous l'empire de ces préoccupations, Livingstone cide à reconduire sa famille au Cap, à l'envoyer pour d en Angleterre, puis à revenir seul au Zambèze, pour c

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Suivons-le donc de nouveau dans ce voyage de près de quatre mille lieues, qui devait durer quatre années.

Tout est singulièrement lent dans ces expéditions. Mais tant de voyageurs ont raconté les incidents d'un voyage en wagon traîné par six paires de bœufs, que nous n'en parlerons pas ici. Il est bon, cependant, d'expliquer pourquoi l'on ne peut se servir de chevaux que dans la partie la plus voisine du Cap. Sur toute la zone qui s'étend du 20o au 27o de latitude sud, il est à peu près impossible de conserver ces animaux. Ils périssent généralement d'une péripneumonie très-violente, qui les attaque entre les mois de décembre et d'avril. L'hiver, qui commence en avril, est la seule saison pendant laquelle on puisse les amener momentanément. Cela explique l'absence totale de chevaux dans toute cette partie de l'Afrique, malgré les communications qui existent au nord avec les Arabes de Zanzibar, et au sud avec le Cap.

Arrivé de nouveau près du terme du précédent voyage sur les bords du Chobé, notre voyageur est quelque temps arrêté par le débordement de la rivière. Pendant deux jours, il erre sur les eaux dans un petit bateau portatif au milieu d'une forêt de roseaux. n'ayant pour points de débarquement que d'immenses fourmilières qui ont jusqu'à 30 pieds de haut, et sur lesquelles croissent les plus grands arbres. Il est près d'être submergé par un hippopotame. Mais enfin il est aperçu par les Makololos, qui le transportent avec ses gens, ses wagons et son bétail, sur la rive nord de la rivière, dans leur capitale de Linyanti, ville de six à sept mille habitants.

L'arrivée du missionnaire met en mouvement toute la population, et le chef Sékélétu, pour l'accueillir d'une façon royale, lui envoie un grand nombre de pots de bière portés par des femmes, dont chacune avale une gorgée du liquide,

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