Mémoires, Volume 3

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Page 97 - Rivière , pour lui annoncer de la part de la Reine et du ministre que M. le prince demande le chapeau de cardinal pour le prince de Conti son frère , et que la nomination déjà faite en faveur de cet abbé soit révoquée, afin qu'elle puisse être donnée à ce prince. Cette nouvelle surprend ce favori. Il croit à peine ce qu'il entend dire : il s'emporte d'une colère excessive, et ressent vivement d'être privé d'un bien qu'il a cru lui être tout-à-fait assuré. Il croit avoir servi dignement...
Page 227 - Elle ne pouvoit pas s'imaginer que les députés osassent lui demander ce qu'ils savoient certainement qu'elle ne vouloit pas leur accorder. Le premier président, après avoir fait ce coup, sortant de la galerie du Palais pour entrer chez lui , une grande multitude de coquins le vinrent attaquer. Un de la troupe l'ayant menacé de le tuer, ce grave magistrat lui dit froidement : «Mon ami, quand je serai mort, il ne me • faudra que six pieds de terre ; » et , sans «se hâter d'un pas, il s'en...
Page 403 - ... qu'elle eût voulu soutenir un homme qui étoit assez artificieux et assez hardi pour cacher , sous l'enjouement et la gaieté , les mauvais offices qu'apparemment il avoit désiré de lui rendre. La Reine, qui considéroit madame de Beauvais non pas par ses vertus , ni par la beauté de son ame ni par celle de son visage , mais à cause de l'adresse de ses doigts et de son extrême propreté , assura le cardinal , comme il étoit vrai , que , dans les lettres qu'elle lui avoit montrées , il...
Page 11 - On y envoya aussi des soldats , pour voir si les armes ne feroient point de peur à cette furieuse troupe; mais après que quelques coups les eurent un peu écartés, leur colère augmenta davantage, et leur rage en devint plus forte. Cette médecine , qu'on ne leur donna que par force , et pour essayer si les apparences seroient utiles à leur guérison, n'ayant pas eu d'effet, on cessa de la pratiquer, et on crut que le mieux étoit de ne rien faire d'extraordinaire , de peur de faire connoître...
Page 2 - Dans le récit qui en lut fait à la Reine par le comte de Châtillon, que j'entendis et que je remarquai, on vit qu'elle eut de la joie d'écouter les louanges qu'il donna à ce prince son parent ; et, par les questions qu'elle faisoit sur ce sujet , nous nous aperçûmes aisément qu'elle prenoit intérêt à sa gloire, pourvu qu'elle fût accompagnée de sa défaite. Le prince de Condé eut sujet d'être content de cette journée, puisqu'il y répondit si vigoureusement aux monitoires des Espagnols...
Page 220 - ... divisions et de remuemens dans le royaume , qu'ils ont cru en devoir attendre l'événement pour en profiter. « Car , pour ce qui est de l'offre que l'on a fait faire par le moine , comme de la part de l'archiduc , de rendre ladite compagnie arbitre de cette grande affaire , quand la proposition seroit aussi sincère que toute apparence et raison ne veut pas qu'elle le soit , ce n'est pas un honneur que les Espagnols lui rendent , c'est une injure et un affront qu'ils font à tout ledit corps....
Page 283 - Roi lui faisoit désirer de plus en plus de le pouvoir rappeler , mais ce changement n' étoit pas encore en état de se faire. Il ne vouloit pas qu'il partit venir de lui, de peur de se faire haïr par le parlement et les peuples , qui avoient en horreur le nom de cet homme.' Il faisoit semblant , au contraire , de favoriser ceux qui aspiroient à cette charge , et leur faisoit espérer qu'il leur seroit favorable. Le président de Maisons étoit celui qui avoit paru se déclarer davantage sur cette...
Page 249 - Rochechouart , fut choisi pour cette célèbre commission, et arriva à la cour le 20 de mars, où il dit hautement que son dessein étoit de travailler à chasser le ministre. Il étoit son grand ennemi , et prétendoit en avoir été maltraité. La comtesse de Maure, nièce du maréchal de Marillac, étoit une dame dont la beauté avoit fait autrefois beaucoup de bruit. Elle avoit une vertu éclatante et sans tache , de la générosité avec une éloquence extraordinaire, une ame élevée, des...
Page 380 - Miossens comme un honnête homme et conrnje son ami ; mais il se considéroit trop luimême pour hasarder sa fortune afin de leur plaire. Le duc d'Orléans témoigna donc à l'assemblée des nobles qu'il ne vouloit pas les désobliger, ni en corps, ni pas un en particulier ; et fit en cela ce que la Reine eût pu faire elle seule afin de les gagner tous. Elle fut arrêtée en cette occasion par les fines circonspections du cardinal, qui étoit persuadé que la souffrance étoit alors nécessaire...
Page 149 - Ordonne en outre qu'il sera fait levée de gens de guerre en cette ville, en nombre suffisant; à cette fin, commissions délivrées pour la sûreté de la ville, tant au dedans qu'au dehors, et escorter ceux qui amèneront les vivres, et faire en sorte qu'ils soient amenés et apportés en toute sûreté et liberté. Et sera le présent arrêt lu, publié et affiché partout où il appartiendra, à ce qu'aucun n'en prétende cause d'ignorance. Enjoint au prévôt des marchands et échevins tenir...

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