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VOCABULAIRE PSYCHOLOGIQUE.

L'écueil le plus sérieux que puisse rencontrer la psychologie dans ses efforts vers une reconstitution devenue nécessaire tient, sans contredit, au manque de précision des expressions dont elle se sert.

Non-seulement le sens de ces expressions n'est plus tout à fait le même que celui d'autrefois, mais encore il est rare que, de nos jours, deux intelligences emploient le même mot dans un sens identique.

De là les dissentiments fréquents qui surgissent entre penseurs; de là les critiques plus ou moins fondées; de là, enfin, le manque d'unité dans des efforts qui tendent néanmoins à un même but.

Ce mal n'est pas nouveau, puisque Bacon en signalait déjà les premiers symptômes à ses contemporains; mais il est arrivé de nos jours à un développement compro

mettant.

Le seul moyen, à notre avis, de remédier à cet état de choses, doit consister à ramener chacune des expressions psychologiques à son phénomène physiologique correspondant.

Le lecteur s'apercevra que, dans toutes les questions étudiées par nous, cette pensée n'a pas cessé de nous préoccuper. Chaque expression, en effet, a été pesée, examinée, et soumise à la pierre de touche de l'interprétation physiologique. Néanmoins, nous avons pensé qu'il ne serait pas inutile de fixer, dans une sorte de vocabu

laire, le sens précis que, selon nous, on devrait toujours accorder à un certain nombre d'expressions employées en psychologie.

Acquisitions cérébrales. Toutes les choses qui restent gravées dans notre esprit et qui sont susceptibles de réapparaitre dans le centre de perception sont des acquisitions cérébrales. Les perceptions simples ne sont pas des acquisitions. Pour qu'une perception reste un fait acquis, il faut qu'elle soit imprégnée de l'activité psychique. Après cette imprégnation la perception constitue un composé d'acte et de perception qui porte le nom de notion. Toute acquisition cérébrale est une notion sensible ou une notion intelligente. L'idée, constituée en partie par le mot, est classée à l'état de notion intelligente. Voir page 97 et suivantes.

Activités fondamentales.-Les activités fondamentales sont des activités fonctionnelles que nous avons désignées sous les noms de notions sensibles et notions intelligentes, mouvements instinctifs et mouvements intelligents, mémoire et, par extension, langage. Ces activites se distinguent des autres activitės fonctionnelles par leur simplicité et leur irréductibilité. En effet, la notion, le mouvement, la mémoire, le mot, se trouvent mêlés à toute activité fonctionnelle, tandis que, dans la notion, dans le mouvement, dans la mémoire, on ne trouvera aucune autre activité fonctionnelle.

A ce point de vue le langage n'est pas positivement une activité fondamentale, car on trouve chez lui les autres activités: notions, mouvement, mémoire; mais nous l'avons introduit dans ce

groupe pour réunir ensemble toutes les activités qui concourent au développement et à la constitution de l'instrument cérébral. A ce point de vue seul le langage est une activité fondamentale. Voy. p. 137.

Activité fonctionnelle. L'ac tivité fonctionnelle représente l'âme exerçant ses pouvoirs fondamentaux aux conditions physiologiques qui se résument dans le mot fonction. Voir ce mot et aussi page 133.

Activité motrice. L'activité motrice est un des pouvoirs fondamentaux de l'âme. L'âme est essentiellement et directement motrice. Par son action immédiate sur la matière du corps, elle le meut. Pour se rendre bien compte de l'étendue de ce pouvoir il faut le considérer dans ses rapports avec la vie intime des organes et avec la vie fonctionnelle. Dans le premier cas, elle provoque les mouvements qui constituent la chimie du corps vivant. Dans le second elle provoque les mouvements particuliers et propres à chaque fonction.

Dans le cerveau seulement elle provoque des mouvements qui ont le caractère conscient. Que ces mouvements soient instinctifs ou intelligents, ils n'en sont pas moins conscients. Voy. Conscience sensible et Conscience intelligente, p. 367.

L'activité motrice est commune à l'animal et à l'homme; mais l'homme seul provoque des mouvements intelligents parce que lui

seul peut s'inspirer, en les provoquant, de la notion intelligente. Voy. p. 169.

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L'ac

Activité psychique. tivite psychique est l'acte du principe de vie sur la matière du corps. Il suit de là qu'il y a autant de modes d'activité que d'organes, car l'acte varie d'expression selon les organes. Cette activité est incessante depuis la naissance jusqu'à la mort; elle est la vie.

Considérée dans le cerveau, l'activité psychique se montre à nous sous forme d'activité sensible et intelligente, et sous forme d'activité motrice. La première correspond à la sensibilité et à l'intelligence des auteurs. Nous adoptons la denomination d'activité sensible pour éloigner de l'esprit du lecteur toute idée qui pourrait faire considérer, comme on le fait souvent, la sensibilité comme un principe passif. Voir page 121.

L'activité psychique, dans ses rapports avec le fonctionnement du cerveau, est soumise l'intervention du besoin et de l'excitant fonctionnel. Voir page 116.

L'activité

Activité sensible. sensible est un des pouvoirs fondamentaux de l'âme. L'âme est sensible par essence et non par le fait d'un mécanisme physiologique. L'âme ne manifeste ce pouvoir que dans un seul organe : dans les couches optiques. Partout ailleurs elle est activité non sensible. Voy. le mot Sensibilité et p. 122.

Chez l'homme, l'activité sensible est en même temps activité intelligente. L'homme ne peut pas sentir sans intelligence et il ne peut pas être intelligent sans sentir. On distingue ces deux attributs du même pouvoir par la

nature de leurs produits, c'est-àdire par la notion sensible et par la notion intelligente. Quand l'activité sensible ne recueille, par son activité, que les caractères sensibles pour constituer une notion sensible, elle est activité sensible. Quand elle recueille, par son activité, les caractères intelligents pour constituer la notion intelligente, elle est tout à la fois activité sensible et activité intelligente. Chez l'animal le principe de vie n'est capable que de l'activité sensible; il ne montre jamais le caractère intelligent.

Voir le mot Sensibilité et p. 122. Ame. Dans l'antiquité le mot âme était employé comme synonyme de principe de vie; mais, comme on acceptait difficilement l'idée que c'est la même âme qui preside indistinctement à tous les phénomènes de la vie, on surajoutait à cette âme une âme plus élevée, le vous, affectée spécialement aux choses de la pensée.

Cette manière de voir laissait la porte ouverte à l'équivoque par son manque de précision. Nous disons aujourd'hui que le corps est un compose de matière animée par un principe de vie. C'est ce principe qui communique à la matière du corps les propriétés diverses que nous lui connaissons; mais si la matière a besoin, pour étre vivante, d'être unie à ce principe, ce dernier ne manifeste ses divers pouvoirs qu'à la faveur des variables constitutions et dispositions de la matière. C'est ainsi que le principe de vie ne perçoit que dans le cerveau; c'est ainsi qu'il ne fait de la bile que dans le foie; c'est ainsi qu'il ne fait des contractions que dans les muscles. L'âme est donc repandue dans tout le corps, et tout mouve

ment de ce dernier est un acte de l'âme.

Dans le cerveau, dans ses rapports avec les éléments nerveux, l'ame accomplit des actes qui justifient les noms d'intelligence, d'intellect ou d'entendement qu'on lui donne parfois. Mais ces actes qui deviennent conscients et volontaires, à la faveur d'un mécanisme qu'il fallait determiner, n'en sont pas moins accomplis par la même âme. Dans le cerveau, l'âme perçoit le sensible et l'intelligent, elle se souvient et elle meut la matière du corps. En conséquence de ces pouvoirs fondamentaux, elle devient, par son activité, âme consciente, âme volontaire, âme pensante, âme raisonnable.

Dans ses rapports avec les organes de la vie de nutrition, l'âme manifeste d'autres pouvoirs. Ici elle se présente avec les attributs d'un principe de vie formateur; elle préside en effet au développement et à l'entretien des organes.

Dans ses rapports avec les organes de la vie de reproduction, l'âme se montre avec les attributs d'un principe fécondant et reproducteur.

L'âme est donc le principe de vie lui-même, manifestant des pouvoirs differents selon les organes qu'elle anime. Voir, pour la constitution de l'âme, p. 527.

Besoin. Le besoin est une manière de sentir particulière dont la cause réside dans chacun des organes de la vie. Tous les organes, sans exception, fournissent un produit de leur vie particulière destiné à concourir à l'une des trois destinées de l'ètre vivant s'entretenir, établir des relations et se reproduire. Lorsque ces produits tardent à être utilisés, les organes sont remplis de

leur produit; il y a tension fonctionnelle; de là l'impression qui provoque dans les couches optiques le sentiment de besoin. Le besoin peut être défini: un appel adressé à l'activité psychique par un organe, dans le but d'attirer le concours général de la vie en vue de la réalisation de sa destinée physiologique particulière. La nature physiologique du besoin autorise à le désigner, dans tous les cas, sous le nom de besoin de fonctionner, qui exprime exactement tous les caractères du besoin. Les besoins sont le point de départ de l'activité psychique. Voy. p. 45 et 118.

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sentiment qui accompagne l'accomplissement irrégulier de toute fonction. Ce sentiment, comme le sentiment de plaisir, ne se développe qu'à l'occasion de l'activité fonctionnelle. Voy. p. 67.

Facultés de l'áme.-On désigne sous ce nom les pouvoirs qui découlent immédiatement de la nature de l'âme. Jusqu'ici on a mal déterminé ces pouvoirs ou facultés. En général, on a confondu les vrais pouvoirs avec de simples modes d'activité. C'est ainsi que la conscience, la volonté, la pensée, l'imagination, la raison en acte, sont des modes d'activité dont nous avons déterminé le mécanisme. Par conséquent, on a eu tort de les considérer comme des facultés fondamentales de l'áme.

Pour être dans le vrai, il ne faut appliquer le mot faculté qu'aux pouvoirs qui font partie de l'essence même de l'âme. Ces pouvoirs sont :

10 Percevoir le sensible et l'intelligent;

20 Mouvoir la matière du corps; 3o Acquérir et conserver les connaissances.

Ces trois pouvoirs représentent bien les puissances irreductibles de l'âme et n'empruntent rien à l'activité fonctionnelle. Cette activite n'est pour elles que l'occasion de se manifester au dehors. Il n'en est pas de même des pouvoirs qu'on avait désignés jusqu'ici sous le nom de facultes.

Fonction. La fonction réside essentiellement dans les mouvements à la faveur desquels les produits de la vie d'un organe sont expulsés de ce dernier pour apporter leur concours aux produits de la vie des autres organes, en vue de l'accomplissement

de la triple destinée de l'être vivant s'entretenir en état, établir des relations, se reproduire. Voy. p. 20.

Imagination. — L'imagination est une notion qui représente un mode special de penser. On pense. dans le sens de l'imagination toutes les fois que, sans se préoccuper de reviser le classement général des connaissances, ou d'acquérir une notion nouvelle, on laisse la pensée libre d'évoquer dans le champ de la mémoire des notions ou des idées, pour établir divers éléments des rapports artificiels destinés à leur donner un semblant de succession logique. En imaginant, la pensée s'exerce, non au point de vue du développement de l'esprit, mais au point de vue de son propre agrément. Voy. p. 442.

entre ces

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Intelligence. L'intelligence représente le vous impérissable d'Aristote. Avant d'agir, l'intelligence est une pure faculté, un entendement pur, elle n'est rien avant d'avoir connu. Telle est la définition d'Aristote. Pour Descartes, l'intelligence est une faculté spirituelle qui connaît par elle-même. C'est

l'entendement. pur d'Aristote. Cette même faculté prend le nom d'imagination, souvenir ou sens, selon les fonctions particulières auxquelles elle s'applique.

On voit, d'après ces définitions, que l'intelligence est loin d'être définie d'une manière précise.

L'intelligence ne peut être que le principe de vie lui-même, provoquant, dans ses rapports avec les éléments cérébraux, certains modes d'activité qui sont la caractéristique même de l'intelligence. C'est par ces modes que le principe de vie montre qu'il est intel

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