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son entier développement, mais bien dans les difficultés premières de son exercice, et quand elle met en œuvre tous ses moyens de connaissance. Dans ces conditions on constatera facilement qu'à chaque rapport fondamental correspond une notion qui ne saurait être élevée à une notion plus générale un nombre sera toujours un nombre et ne saurait être autre chose; il en est de même des autres rapports.

Sans doute, on pourra trouver dans le nombre un rapport de causalité, et même un rapport d'identité; mais la réciproque n'est pas vraie; le rapport de nombre, notion toute spéciale, n'est renfermé ni dans le rapport de causalité ni dans le rapport d'identité. Ces derniers rapports sont des rapports communs que l'on trouve mêlés à des rapports fondamentaux quand on considère ceux-ci à un certain point de vue; mais ils ne méritent, à aucun titre, qu'on leur accorde le nom de rapports généraux, renfermant tous les rapports fondamentaux. C'est précisément le contraire qu'il faudrait dire. Chacun des rapports fondamentaux, en effet, peut fournir les éléments d'un rapport d'identité ou de causalité, tandis qu'un rapport d'identité ne comporte pas nécessairement avec lui les conditions d'un rapport de nombre.

Pour nous résumer nous dirons que les rapports d'identité et de causalité sont des rapports communs, parce que dans toute connaissance on peut affirmer l'identité d'un attribut et d'un sujet et la relation d'un effet à une cause; mais ces rapports ne peuvent pas être considérés comme des rapports fondamentaux, servant de base à nos connaissances, parce qu'ils ne peuvent être établis qu'à la suite des véritables rapports fondamentaux qui sont : 1° Rapports significatifs;

2o Rapports géométriques; 3o Rapports numériques;

4° Rapports entre les mouvements mécaniques, entre les mouvements physiques et entre les mouvements chimiques;

5° Rapports physiologiques; 6o Rapports philosophiques; 7° Rapports historiques.

A ces rapports correspondent les sept embranchements. de la science humaine. Par conséquent les branches fondamentales de toutes nos connaissances sont :

1° La linguistique,

2o La géométrie,

3° L'arithmétique,

4° La physique et la chimie,

5° La physiologie,

6o La philosophie,

7° L'histoire.

Toutes les autres sciences ne sont que des dérivés ou des applications de celles-ci.

Il sera donc facile à chacun de compléter la classification de toutes nos connaissances en prenant pour base les éléments fondamentaux que nous venons de déterminer. Le développement complet de notre pensée sur ce sujet serait déplacé ici. Nous avons dû le réserver pour la seconde partie de ce travail, qui ne tardera pas à être publié sous le nom de la science.

Les conclusions du chapitre qu'on vient de lire peuvent être résumées dans les propositions suivantes :

1° La notion intelligente ou connaissance est une perception distinguée de toute autre par un mode d'activité de l'âme qui porte le nom de rapport.

2o Le rapport est un mode d'activité spécial à l'intelligence qui consiste à mettre en relief et à formuler par le langage les caractères intelligents qui résultent de la comparaison de deux perceptions.

3o Les caractères intelligents n'affectent pas la sensibilité; ils ne sont vus, sentis que par l'intelligence à l'occasion des caractères sensibles.

4° Il y a sept rapports fondamentaux. Or, toute notion. intelligente reposant sur un rapport, il s'ensuit qu'il y a autant de notions intelligentes fondamentales que de

rapports. Ce nombre correspond exactement aux sept embranchements de la science humaine qui méritent réellement le nom de sciences fondamentales.

5° Toutes nos connaissances sont le résultat de l'activité propre de l'âme à l'occasion des causes impression

nantes.

CHAPITRE III.

DEUXIÈME ACTIVITÉ FONDAMENTALE DE L'AME.

Les mouvements et les actes.

§ I.

MÉCANISME PHYSIOLOGIQUE DE L'ACTIVITÉ LOCOMOTRICE. ÉLÉMENTS PSYCHIQUES QUI PRÉSIDENT A L'EXÉCUTION DES

MOUVEMENTS.

Nous avons appliqué la dénomination générale d'activité motrice, à toute activité de l'âme dans ses rapports directs avec les éléments cérébraux et se manifestant par des mouvements. Nous connaissons déjà une des formes de cette activité, c'est celle qui s'exerce sur les organes de la sensibilité et qui donne pour résultat la notion sensible et la notion intelligente.

Dans ce chapitre, nous nous occuperons de l'activité motrice dans ses rapports avec les organes du mouvement.

Comme nous l'avons dit plus haut, c'est à ce mode. d'activité que les psychologues ont réservé le nom de faculté motrice en oubliant de mettre sous sa dépendance les mouvements les plus importants, c'est-à-dire les mouvements du langage. Nous ne commettons pas le même oubli puisque nous attribuons à l'activité motrice le soin de diriger tout mouvement provoqué par l'âme, après une impression sentie.

Dans cette nouvelle forme de l'activité fondamentale nous trouvons, comme dans les autres, un mécanisme physiologique et des éléments psychiques qui vont nous occuper successivement.

Et d'abord consacrons le sens précis que l'on doit attribuer aux expressions mouvement, acte. Un mouvement est un déplacement quelconque d'un organe ou de toute autre matière. Un acte est l'expression de l'activité de l'âme se traduisant par un mouvement des organes. Il y a évidemment dans l'acte quelque chose de plus que dans le mouvement: il y a en plus l'activité psychique.

Mécanisme physiologique de l'activité locomotrice. - Le mécanisme selon lequel les mouvements des organes du corps se produisent paraîtra des plus simples, si l'on a égard à l'action réciproque des trois centres fonctionnels que nous avons déterminés dans le cerveau. Mais, avant de dire comment les choses se passent, il est indispensable de revenir sur les conditions nécessaires qui président à l'exécution de tout mouvement. Ces conditions sont les lois que nous avons formulées, à propos de l'activité motrice. Nous arrêterons de nouveau notre attention sur elles, car, méconnues jusqu'à présent, elles n'en sont pas moins un des points fondamentaux de la physiologie.

Lois de l'excitant fonctionnel. Il n'y a pas de mouvement spontané, c'est-à-dire de mouvement qui ne soit pas précédé d'une excitation déterminante.

L'âme a été unie au corps selon certaines lois, et l'une de ces lois veut que l'activité de l'âme soit toujours provoquée par une cause déterminante. C'est à cette cause que nous donnons le nom d'excitant fonctionnel. Pour donner une juste idée de ce qu'est l'excitant fonctionnel, nous devons immédiatement établir une distinction des plus importantes. La cause déterminante qui provoque l'activité fonctionnelle de l'âme est toujours une impression sentie. Or cette impression peut provenir de deux sources distinctes: 1° l'une est transmise aux couches optiques, siége de la perception, par les nerfs sensitifs qui

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