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sociétés qui, parties d'une structure semblable en bien des points à l'organisme des vivants, tiennent au début l'individu étroitement soumis aux exigences collectives et mené par des notions religieuses dérivées du culte des morts, puis, à travers une différenciation progressive des fonctions sociales, l'acheminent vers un état futur de liberté individuelle et de raison scientifique.

La morale pose l'homme gouverné à l'origine par ses appétits et en guerre avec les autres hommes, les intérêts personnels hostiles les uns aux autres, puis, par le jeu des relations sans cesse plus diversifiées et mieux adaptées ensemble, l'intérêt particulier de plus en plus solidaire de l'intérêt général, à la limite enfin une humanité où le bonheur de chacun sera le bonheur de tous, où l'activité humaine spontanément se déploiera en justice et en félicité.

6. Conclusion. Envisagé d'ensemble, l'Évolutionnisme se présente comme la synthèse de trois grandes idées philosophiques, l'une qui est contemporaine, l'autre déjà plus ancienne, mais moderne encore, la troisième antique.

La première est la loi sociale de la Division du travail, dont Milne-Edwards déjà, l'élargissant, faisait une loi biologique, et qui, avec Spencer, devient une loi universelle.

La seconde est la notion cartésienne de la physique mathématique avec Laplace, elle devient la mécanique céleste, puis, avec Joule et Mayer, la théorie mécanique de la chaleur. Comme la première, Spencer l'étend à l'universalité des êtres, matériels, vivants, pensants.

La troisième enfin est la notion héraclitéenne et plus tard stoïcienne de l'univers soumis à la loi du devenir et à des alternatives d'enveloppement et de dilatation, d'embrasement et d'extinction.

On peut resserrer encore cette systématisation : l'Évolutionnisme lie ensemble deux idées qui semblent s'exclure: d'une part, le mécanisme qui, avec sa quantité constante d'énergie, est une éternelle répétition; d'autre part, le développement de la vie, qui est renouvellement et progrès. La Persistance de la Force, qui ne change jamais, constitue l'Univers phénoménal, qui change toujours.

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