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O.. Sur l'Orgueil de l'Esprit humain.. Mme. Deshoulières.
De ce sublime esprit dont ton orgueil se pique,
Homme, quel usage fais-tu ?

Des plantes, des métaux, tu connais la vertu,
Des différens pays les mœurs, la politique,
La cause des frimats, de la foudre, du vent,
Des astres le pouvoir suprême,

P

Et sur tant de choses savant,
Tu ne te connais pas

toi-même.

Sur les Plaisirs....

Apprenez, insensés qui cherchez le plaisir,
Et l'art de le connaître, et celui d'en jouir.

..Voltaire.

Les plaisirs sont les fleurs que notre divin maître
Dans les ronces du monde autour de nous fait naître ;
Chacune à sa saison, et par des soins prudens
On peut en conserver pour l'hiver de ses ans.

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Sans vouloir trop chérir la vie,
Par nos soins sachons l'embellir;
Mais n'ayons point la fantaisie"
De chercher toujours le plaisir.
Pour le trouver il faut l'attendre:
Qui sans cesse court après lui,
Au moment qu'il croit le surprendre,
Souvent n'embrasse que l'ennui.

Ꭱ R........... ...Sur la Retraite

....

Qu'heureux est le mortel qui du monde ignoré
Vit content de soi-même en un coin retiré,
Que l'amour de ce bien qu'on nomme renommée,
N'a jamais enivré d'une vaine fumée,
Que de sa liberté forme tout son plaisir,
Et ne rend qu'à lui seul compte de son loisir :
Il n'a point à souffrir d'affronts ni d'injustices,
Et d'un monde inconstant il brave les caprices.

Boileau.

S.......

Sur la Sagesse...

La sagesse est douce et facile,

Son cœur libre et sans fard lui donne un air riant,
Incapable d'aigreur, toujours stable et tranquille,
Son accueil est humain et son esprit liant.
Exacte en ses devoirs, sans paraître sauvage,
Elle cache le mal, elle applaudit au bien.
Franche sans être dure, humble sans étalage,
Elle remarque tout, et ne critique rien.

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Sans lui la liberté nous tourmente et nous pèse,
Par lui des passions le tumulte s'apaise,
Les chagrins sont calmés, le vice est combattu,
Il ajoute au plaisir, il nourrit la vertu.
Si j'entre dans la chambre où la modeste fille
Tient en main le fuseau, la navette ou l'aiguille,
D'un parfum de vertu je crois sentir l'odeur :
Les réduits du travail sont ceux de la pudeur.

V...... ......Sur la Vengeance

Si quelqu'un nous blesse et nous nuit,
Quelque grande que soit l'offense,
Entre l'injure et la vengeance
Laissons l'espace d'une nuit :
L'aurore à nos yeux rend moins noir
Le mal qu'on nous a fait la veille,
Et tel qui s'est vengé le soir,

En est fâché lorsqu'il s'éveille.

0....

Delille.

.Pannard.

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Adorable vertu, que tes divins attraits

Dans un cœur qui te perd laissent de longs regrets!
Sous tes nobles couleurs le vice se déguise,
Pour consoler du moins l'âme qu'il a surprise.
La richesse, il est vrai, la fortune te fuit;
Mais la paix t'accompagne, et la gloire te suit:
Et perdant tout pour toi l'heureux mortel qui t'aime,
Sans biens, sans dignité, se suffit à lui-même.

Epitre à une jeune Personne.

J'ai des conseils à vous donner
Ce n'est pas le moyen de plaire :
Elise, on ne divertit guère,
Quand on ne sait que raisonner.

Aussi je garderais sagement le silence;

Et vous n'auriez de moi que de vaines chansons;
Si les premiers avis donnés à votre enfance
N'eussent point préparé votre âme à mes leçons.

Souffrez donc que ces vers aident à vous conduire
Dans cet âge charmant dont vous allez jouir;
Assez d'autres sans moi voudront vous réjouir;
Mais peu se chargeront du soin de vous instruire.

D'une longue suite d'années

Pour vous s'ouvre aujourd'hui le cours ; Espérez, en croissant, d'heureuses destinées : Gardez cette gaîté qui promet de beaux jours: Il sied mal à quinze ans d'être triste ou rêveuse; Mais avez-vous dessein d'être long-temps heureuse? Toujours à votre état soumettez vos désirs,

Et ne vous permettez que d'innocents plaisirs.

Fuyez dans vos discours l'enflure et la bassesse,
Qu'ainsi qu'en vos habits rien n'y soit affecté;
Qu'une noble simplicité

En fasse l'ornement, la grâce et la richesse.
Telle croit en société

Par des mots recherchés prouver son éloquence
Qui, loin de montrer sa science,

Ne fait voir que sa vanité.

Que votre contenance

Sévère justement

Réprime la licence

Du causeur imprudent :

Aux bons mots que vous entendrez,
Quelquefois vous joindrez les vôtres ;
Mais que ceux dont vous parlerez
Puissent rire comme les autres.

Faites-vous un devoir et non pas une étude
De prendre soin de vos attraits;
Ce serait une ingratitude

De négliger les dons que le ciel vous a faits.
Mais si vous désirez qu'on vous estime sage,
Gardez-vous de pousser trop loin

L'art de faire valoir ce frivole avantage;
On croirait que vous-même en sentez le besoin.

Celle qui souffre en sa présence
Qu'on vante en elle des appas,
Ou des vertus qu'elle n'a pas,
N'est qu'une idole qu'on encense.

Une juste louange a de quoi nous flatter;
Mais un esprit bienfait doit prendre
Bien moins de plaisir à l'entendre
Que de peine à la mériter.

La mode est un tyran dont rien ne nous délivre,
A son bizarre goût il faut s'accommoder;
Et sous ses folles lois étant forcé de vivre,
sage n'est jamais le premier à les suivre
Ni le dernier à les garder.

Le

Fables tirées de plusieurs Fabulistes.
LE LIS ET LE PAPILLON....par le Bailly.
Admirez l'azur de mes ailes,
Disait au lis majestueux

Un papillon présomptueux.
Vit-on jamais couleurs plus belles ?
Le lis répond, insecte vil et fier,

D'où te vient cet orgueil étrange?

As-tu donc oublié qu'hier,

Reptile obscur, tu rampais dans la fange?

L'ARAIGNÉE ET LE VER-A-SOIE....

par le Bailly.

Une arraignée un jour raillait un ver-à-soie :
"Que de lenteur, dit-elle, dans tout ce que tu fais.
"Vois combien peu de temps j'emploie
"A tapisser un mur d'innombrables filets."
C'est vrai, répond le ver, mais ta toile est fragile,
Et puis à quoi sert-ellè ? à rien.

Pour moi, mon travail est utile ;
Si je fais peu, je le fais bien.

LE BOSSU ET LE CHAMEAU.... par le Bailly.

Au son du fifre et du tambour,

Dans les murs de Paris on promenait un jour
Un chameau du plus haut parage.

Il était récemment arrivé de Tunis ;
Et mille curieux en cercle réunis

Pour mieux l'examiner lui fermaient le passage.
Un riche moins jaloux de compter des amis,
Que de voir à ses pieds ramper un monde esclave,
Dans le chameau louait son air soumis :
Un magistrat aimait son maintien grave;

Tandis qu'un avare enchanté

Ne cessait d'applaudir à sa sobriété.
Un bossu vint qui dit ensuite,
Messieurs, voilà bien des propos ;

Mais vous ne parlez pas de son plus grand mérite.
Voyez s'élever sur son dos

Cette gracieuse éminence !
Qu'il paraît léger sous ce poids!

Et combien sa figure en reçoit à la fois
Et de noblesse et d'élégance!

En riant du bossu nous faisons comme lui:
A sa condnite en rien la nôtre ne déroge,
Et l'homme chaque jour dans l'éloge d'autrui
Sans y penser fait son éloge.

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