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Poudre légère, cendre vile,,
Tout notre édifice fragile,
Au moindre souffle va périr;
Et notre vie infortunée

Est cette fleur qu'une journée
Voit naître, briller, et mourir.

Regrets des Réprouvés....Racine fils.

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Heureux qui de la sagesse,
Attendant tout son secours,
N'a point mis dans la richesse
L'espoir de ses derniers jours!
La mort n'a rien qui l'étonne;
Et dès que son Dieu l'ordonne,
Son âme, prenant l'essor,
S'élève d'un vol rapide
Vers la demeure où réside
Son véritable trésor.

De quelle douleur profonde
Seront un jour pénétrés
Ces insensés, qui du monde,
Seigneur, vivent enivrés !
Qand par une fin soudaine,
Détrompés d'une ombre vaine,
Qui passe et ne revient plus,
Leurs yeux, du fond de l'abîme,
Près de ton trône sublime
Verront briller tes élus.

Infortunés que nous sommes !
Où s'égaraient nos esprits?
Voilà, diront-ils, ces hommes,
Vils objets de nos mépris,
Leur simple et pénible vie
Nous parut une folie;

Mais aujourd'hui triomphans,
Le Ciel chante leur louange,
Et Dieu lui-même les range
Au nombre de ses enfans.

La Charité....Cantique par Racine. Les méchans m'ont vanté leurs mensonges frivoles ; Moi je n'aime que les paroles

De l'éternelle vérité.

Plein du feu divin qui m'inspire,
Je consacre aujourd'hui ma lyre
A la céleste charité.

En vain je parlerais le langage des anges:
En vain, mon Dieu, de tes louanges
Je remplirais tout l'univers;
Sans amour ma gloire n'égale
Que la gloire de la cymbale,

Qui d'un vain bruit frappe les airs.

Que sert à mon esprit de percer les abîmes
Des mystères les plus sublimes,

Et de lire dans l'avenir?

Sans amour ma science est vaine;
Comme le songe dont à peine
Il reste un léger souvenir.

Que je vois de vertus qui brillent sur ta trace,
Charité, fille de la grâce;

Avec toi marche la douceur,
Que suit, avec un air affable,
La patience, inséparable

De la paix son aimable sœur.

Tel que l'astre du jour écarte les ténèbres

De la nuit compagnes funèbres;
Telle tu chasses d'un coup-d'œil
L'envie aux humains si fatale,
Et toute la troupe infernale
Des vices, enfans de l'orgueil.

Libre d'ambition, simple sans artifice,
Autant que tu hais l'injustice,
Autant la vérité te plaît.
Que peut la colère farouche
Sur un cœur que jamais ne touche
Le soin de son propre intérêt.

Aux faiblesses d'autrui, loin d'être inexorable,
Toujours d'un veile favorable,
Tu t'efforces de les couvrir.
Quel troimphe manque à ta gloire ?
L'amour sait tout vaincre, tout croire,
Tout espérer et tout souffrir.

Ode tirée du Pseaume 145....Malherbe.
N'espérons plus, mon âme, aux promesses du monde ;
Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde
Que toujours quelque vent empêche de calmer:
Quittons ces vanités ; lassons-nous de les suivre :
C'est Dieu qui nous fait vivre;

C'est Dieu qu'il faut aimer.

En vain pour satisfaire à nos lâches envies,
Nous passons près des rois tout le temps de nos vies,
A souffrir des mépris, à ployer les genoux;

Ce qu'ils peuvent n'est rien: ils sont ce que nous sommes,
Véritablement hommes,

Et meurent comme nous.

Ont-ils rendu 'esprit, ce n'est plus que poussière
Que cette majesté si pompeuse et si fière,
Dont l'éclat orgueilleux étonnait l'univers ;
Et dans ces grands tombeaux où leurs âmes hautaines
Font encore les vaines;

Ils sont mangés des vers.

Là se perdent ces noms de maîtres de la terre,
D'arbitres de la paix, de foudres de la guerre,
Comme ils n'ont plus de sceptre, ils n'ont plus de flatteurs;
Et tombent avec eux d'une chute commune,
Tous ceux que leur fortune

Faisait leurs serviteurs.

Ode tirée du Pseaume 18....J. B. Rousseau.

Les cieux instruisent la terre

A révérer leur auteur;

Tout ce que leur globe enserre
Célèbre un Dieu Créateur :

Quel plus sublime cantique
Que ce concert magnifique
De tous les célestes corps!
Quelle grandeur infinie!
Quelle divine harmonie
Résulte de leurs accords !

De sa puissance immortelle
Tout parle, tout nous instruit ;
Le jour au jour la révèle,
La nuit l'annonce à la nuit.
Ce grand et superbe ouvrage

N'est point pour l'homme un langage
Obscur et mystérieux :
Son admirable structure
Est la voix de la nature

Qui se fait entendre aux yeux.
Dans une éclatante voûte,

Il a placé de ses mains

Ce soleil qui, dans sa route,
Eclaire tous les humains :
Environné de lumière,

Cet astre ouvre sa carrière,
Comme un époux gràcieux,
Qui, dès l'aube matinale
De sa couche nuptiale
Sort brillant et radieux.

L'univers à sa présence
Semble sortir du néant;
Il prend sa course, il s'avance
Comme un superbe géant :
Bientôt sa marche féconde
Embrasse le tour du monde
Dans le cercle qu'il décrit ;
Et par sa chaleur puissante,
La nature languissante
Se ranime et se nourrit.

O que tes œuvres sont belles ! Grand Dieu, quels sont tes bienfaits!

Que ceux qui te sont fidèles,
Sous ton joug trouvent d'attraits!
Ta crainte inspire la joie ;
Elle assure notre voie,
Elle nous rend triomphans ;
Elle éclaire la jeunesse,
Et fait briller la sagesse
Dans les plus faibles enfans.

Soutiens ma foi chancellante,
Dieu puissant, inspire-moi
Cette crainte vigilante
Qui fait pratiquer ta loi.
Loi sainte, loi désirable,
Ta richesse est préférable
A la richesse de l'or,
Et ta douceur est pareille
Au miel dont la jeune abeille
Compose son jeune trésor.

Odetirée du Pseaume 24.... J. B. Rousseau.
Seigneur, dans ta gloire adorable
Quel mortel est digne d'entrer,
Qui pourra, grand Dieu, pénétrer
Ce sanctuaire impénétrable,

Où tes saints inclinés, d'un œil respectueux,
Contemplent de ton front l'éclat majestueux ?

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Ce sera celui qui du vice

Evite le sentier impur;

Qui marche d'un pas ferme et sûr
Dans le sentier de la justice :

Attentif et fidèle à distinguer sa voix
Intrépide et sévère à pratiquer ses lois.

Ce sera celui dont la bouche
Rend hommage à la vérité ;
Qui, sous un air d'humanité,

Ne cache point un cœur farouche;

Et qui, par des discours faux et calomnieux,
Jamais à la pudeur n'a fait baisser les yeux.

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