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SECONDE PARTIE.

Poésies d'un genre moral et religieux.

Pensées sur l'Etre Suprême.

I.

Tout annonce d'un Dieu l'éternelle existence;
On ne peut le comprendre, on ne peut l'ignorer:
La voix de l'univers célèbre sa puissance,
Et la voix de nos cœurs dit qu'il faut l'adorer.

II.

Loin de rien décider sur cet être suprême,
Gardons, en l'adorant, un silence profond :
Sa nature est immense, et l'esprit s'y confond:
Pour savoir ce qu'il est, il faut être lui-même.

III.

Etre dont l'essence divine
Comprend en soi l'immensité,
Et qui comptes ton origine
Du jour de ton éternité;

Tout bénit ta magnificence;
La terre annonce ta puissance;
Les cieux sont pleins de ta splendeur ;

Et partout ta main adorable,

D'un caractère ineffaçable,

Grava les traits de ta grandeur.

IV.

Au milieu des clartés d'un feu pur et durable,
Dieu mit avant les temps son trône inébranlable,
Le ciel est sous ses pieds: de mille astres divers,
Le cours toujours réglé l'annonce à l'univers.
La puissance, l'amour avec l'intelligence
Unis et divisés composent son essence......

• Voyez dans l'Avertissement ce qui concerne cette seconde Partie.

Sentimens religieux tirés des Cantiques d'Esther et d'Athalie, Tragédies de Racine.

I.

Que le seigneur est bon! que son joug est aimable!
Heureux qui, dès l'enfance, en connaît la douceur!
Jeune peuple, courez à ce maître adorable:

Les biens les plus charmans n'ont rien de comparable
Aux torrens de plaisirs qu'il répand dans un cœur.
Que le Seigneur est bon! que son joug est aimable!
Heureux qui, dès l'enfance, en connaît la douceur.

II.

Ah! qui peut avec Dieu partager notre amour!
Il s'appaise, il pardonne,

Du cœur ingrat qui l'abandonne
Il attend le retour:

Il excuse notre faiblesse ;

A nous chercher même il s'empressse;
Pour l'enfant qu'elle a mis au jour,

Une mère a moins de tendresse :

Ah! qui peut avec Dieu partager notre amour!

III.

Que ma bouche, mon cœur, et tout ce que je suis,
Rendent honneur au Dieu qui m'a donné la vie !
Dans les craintes et dans les ennuis,

En sa bonté mon âme se confie.

Veut-il, par mon trépas, que je le glorifie?

Que ma bouche et mon cœur, et tout ce que je suis,
Rendent honneur au Dien qui m'a donné la vie !

IV.

D'un cœur qui t'aime,

Mon Dieu, qui peut troubler la paix !
Il cherche en tout ta volonté suprême,
Et ne se cherche jamais.

Sur la terre, dans le ciel même,
Est-il d'autre bonheur que la tranquille paix
D'un cœur qui t'aime ?

V.

Tout l'univers est plein de sa magnificence.
Qu'on l'adore ce Dieu; qu'on l'invoque à jamais;
Son empire a des temps précédé la naissance,
Chantons, publions ses bienfaits.
En vain l'injuste violence

Au peuple qui le loue imposerait silence;
Son nom ne périra jamais.

Le jour annonce au jour sa gloire et sa puissance;
Tout l'univers est plein de sa magnificence;
Chantons, publions ses bienfaits.

VI.

Il donne aux fleurs leur riante peinture;
Il fait naître et mûrir les fruits:

Il leur dispense avec mesure,

Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits.

Il commande au soleil d'animer la nature,
Et la lumière est un don de ses mains;
Mais sa loi sainte, sa loi pure

Est le plus riche don qu'il ait fait aux humains.

1 VII.

O mont de Sinaï, conserve la mémoire
De ce jour à jamais auguste et renommé,

Quand, sur ton sommet enflammé,
Dans un nuage épais le Seigneur enfermé,
Fit luire aux yeux mortels un rayon de sa gloire:
Dis-nous pourquoi ces feux et ces éclairs,
Ces torrens de fumée, et ce bruit dans les airs,
Ces trompettes et ce tonnerre:
Venait-il renverser l'ordre des élémens ?
Sur ses antiques fondemens

Venait-il ébranler la terre?

Il venait révéler aux enfans des Hébreux,
De ses préceptes saints la lumière immortelle
Il venait à ce peuple heureux

Ordonner de l'aimer d'une amour éternelle.

VIII.

Vous qu ne connaissez qu'une crainte servile, Ingrats, un Dieu si bon, ne peut-il vous charmer? Est-il donc à vos cœurs, est-il si difficile,

Et si pénible de l'aimer?

L'esclave craint le tyran qui l'outrage;
Mais des enfans l'amour est le partage:
Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits,
Et ne l'aimer jamais ?

O divine, ô charmante loi !
O justice! ô bonté suprême!
Que de raisons, quelle douceur extrême,
D'engager à ce Dieu mon amour et ma foi!

IX.

Je n'admirai jamais la gloire de l'impie:
Au bonheur du méchant qu'un autre porte envie ;
Tous ses jours paraissent charmans;

L'or éclate en ses vêtemens;

Son orgueil est sans borne ainsi que sa richesse:
Son cœur nage dans la mollesse.
Pour comble de prospérité

Il espère revivre en sa postérité;

Et d'enfans à sa table une riante troupe,
Semble boire avec lui la joie à pleine coupe.
Heureux, dit-on, le peuple florissant,
Sur qui ces biens coulent en abondance!
Plus heureux le peuple innocent
Qui, dans le Dieu du Ciel, a mis sa confiance!

X.

J'ai vu l'impie adoré sur la terre;

Pareil au cèdre, il cachait dans les cieux
Son front audacieux.

Il semblait à son gré gouverner le tonnerre;
Foulait aux pieds ses ennemis vaincus:
Je n'ai fait que passer, il n'était déjà plus.

XI.

Le bonheur de l'impie est toujours agité;
Il erre à la merci de sa propre inconstance;
Ne cherchons la félicité

Que dans la paix et l'innocence.

XII.

le paix pour l'impie; il la cherche, elle fuit, t le calme en son cœur ne trouve point de place. Le glaive au-dehors le poursuit, Le remords au-dedans le glace. O douce paix !

O lumière éternelle!
Beauté toujours nouvelle !
O douce paix!

Heureux le cœur qui ne te perd jamais.

Elévation à Dieu.... par Racine fils

Grand Dieu, la timide innocence
Que persécute l'insolence,
Trouve en toi son libérateur!
Que ne fis-tu point pour nos pères,
Lorsque touché de leurs misères,
Tu te montrais leur protecteur ?

Par tes menaces redoutables
Tu veux effrayer les coupables;
Mais ta colère n'a qu'un temps,
Et jamais tes justes vengeances,
A la grandeur de nos offenses,
Ne mesurent les châtimens.

En vain nous t'irritons sans cesse ;
Le premier remords qui nous presse
Nous rend un regard de tes yeux :
Tu pardonnes, et ta clémence
S'étend plus loin que la distance
De la terre au sommet des cieux.

Père tendre, père adorable,
Oui, je suis un enfant coupable,
Un fils indigne de ce nom :

Mais tu sais bien ce que nous sommes ;

Tu n'ignores pas que les hommes

Ne sont pétris que de limon.

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