Page images
PDF
EPUB

Je suis d'une humeur obligeanté,
Offrant à chacun le repos :
Tendant les bras je me présente,
Et chacun me tourne le dós.

Je suis celui que je ne puis pas être,
Mais sans lequel je ne saurais paraître ;
Je disparais au défaut de clarté,

Et je produis toujours l'obscurite!

(Le Logogryphe contient outre l'explication du mot à deviner, celle des mots qu'offre une nouvelle combinaison des lettres ou pieds du mot principal.)

J'ai la propriété d'exciter l'appétit,
Dans plusieurs mets je suis d'usage;
Sans ma tête je suis un oiseau de passage,
Qu'en pays chauds l'hiver conduit.

Sur quatre pieds dès que je prends naissance,
En peu de temps je cours toute la France.
Sur mes huit pieds, pour terminer,
Je ne vaux rien après dîner.

Avec cinq pieds ma structure est entière;
Je fais souvent verser des pleurs,

Sans causer de vives douleurs :

Sans mon chef on me voit toujours à la galère :
Rends-moi mon chef, coupe mon second pié,
Je me métamorphose en dame.

Mais, quoi tu veux les couper sans pitié ;
Il ne me reste plus que l'âme.

Je dois à la frivolité

Mon être et mon pouvoir suprême;
Otez ma tête, quel extrême !
Je veux de la sublimité.

En quatre lettres dans les cieux,
Lecteur, tu me vois toute entière ;
Si tu veux me connaître mieux,
Par une règle peu commune

De ces quatre ôtant la première,
Tu verras qu'il ne reste qu'une.

Entier je puis donner leçon fort bonne ;
Mon chef à bas toujours je déraisonne.

Avec mon chef je brave le danger,
Sans lui je suis au potager.

(Dans la Charade, le mot à deviner doit se diviser en deux autres mots qu'il faut aussi expliquer.)

Dans un coin tu vois mon premier :

Tu foules aux pieds mon dernier ;
Mais mon entier puissant,
Justement admiré,

Règne sur l'élément

Dont il est entouré.

L'homme en naissant
Est toujours mon premier:

Pour lui dès lors commence mon dernier.
Et de mon tout le rapide passage
De sa courte existence est la parfaite image.

Sans donner mon premier tu passes peu de jours:
Mon second du nocher trompant la vigilance,
Engloutit dans les flots souvent son espérance,
Et mon entier, lecteur, ne peut être toujours.

Mon premier bien souvent fait mourir mon dernier.
Dieu garde ton cerveau, lecteur, de mon entier.

Mon premier se voit sur la terre,
Mon second se voit dans les cieux.
Lecteur, je le dis sans mystère,
Mon tout est vraiment précieux.

Un insecte rampant compose mon premier,

Moins honnête que vous, mon second est plus tendre ; Dans l'un et l'autre sexe on chérit mon entier

A des traits si frappans qui pourrait s'y méprendre?

Notices, pour les jeunes gens, sur les Poëtes dont les Ouvrages sont cités dans ce recueil.

Boileau-Despréaux, né en 1636, mort en 1711. Ses Satires, ses Epitres et son Art Poétique, dont on a trouvé des fragmens dans la lère Partie, sont des modèles de raison et de goût. Son Lutrin est un chefd'œuvre d'imagination et de plaisanterie dont les jeunes gens ne peuvent guère sentir le mérite qu'à l'aide d'un bon guide. Boileau a rendu de grands services à la littérature française, par son zèle constant à s'opposer aux progrès du mauvais goût. L'édition de ses poësies par Lévisac se trouve presque dans toutes les écoles en Angleterre.

Deshoulières (Madame) née en 1634, morte en 1694. Ses idylles commencent, pour la plupart, par une poésie douce et des images naïves auxquelles succedent des pensées morales. Comme ses pièces d'un autre genre n'ont pas le même mérite, ce n'est guère que dans des recueils de poésie que les jeunes gens lisent quelque chose de madame Deshoulières.

La Fontaine (Jean de) né en 1621, mort en 1695. Le goût avec lequel les jeunes gens apprennent un bon nombre de ses Fables, suffirait pour prouver le mérite de ce Fabuliste qui surpasse ceux qui l'ont précédé et suivi dans cette carrière.

Florian Claris de) né en 1755, mort en 1794. Nous devons à cet aimable auteur un petit recueil de Fables dont la lecture plaît même après celle de l'inimitable la Fontaine. Les petits poëmes Tobie et Ruth n'ont d'autre mérite que leur sujet intéressant. On trouve dans Estelle et Galatée des morceaux de poësie vraiment pastorale; mais ces deux Romans ne sont pas destinés à la jeunesse.

Malherbe (François de) né en 1556, mort en 1628. Boileau, dans son Art Poëtique, le cite comme le premier de nos bons poëtes, et les deux pièces que nous avons données de lui dans notre seconde Partie justifient cet éloge. Les jeunes gens, en lisant le morceau de Boileau qui concerne Malherbe, connaîtront suffisamment les poëtes qui l'ont précédé.

Racine (Jean) né en 1639, mort en 1699. Ses tragédies semblent faire partie de l'étude de la langue française. L'édition qui en a été faite, à Londres, les a tellement répandues dans les bonnes écoles que nous nous sommes crus dispensés d'en donner des fragmens, avec d'autant plus de raison que les morceaux détachés des pièces perdent beaucoup de leur intérêt. Cependant nous avons pensé que des sentimens pieux de Racine, quoique déjà connus des jeunes gens, seraient bien accueillis dans notre seconde Partie morale; et peut-être la manière dont nous y avons présenté plusieurs scènes d'Esther, servira-t-elle à faire mieux sentir la poésie de ce célèbre auteur. Pour une plus grande notice de sa vie et de ses ouvrages, nous renvoyons nos jeunes lecteurs, à ce qu'en a dit Lévizac, d'après nos meilleurs juges en littérature.

1

Racine (Louis, fils du précédent) né en 1692, mort en 1764, Héritier d'une partie des talens de son père, il les consacra principalement à des sujets religieux. Nous avons de lui deux poëmes la Religion et la Gráce, où il se montre aussi bon poëte que bon chrétien.

Rousseau (Jean Baptiste/né en 1671, mort en 1741. Dans le genre lyrique, ce poëte n'a point encore été surpassé. Les gens de lettres regardent ses odes sacrées comme ce qu'il a écrit de plus parfait. Elles trouvaient leur place naturellement dans la partie où nous devions offrir une morale religieuse.

Voltaire (Arouet de) né en 1694, mort en 1778. L'auteur le plus fécond dans notre littérature, mais qui ne doit être connu des jeunes gens que par quelques-uns

de ses ouvrages. Son Henriade nous aurait fourni un grand nombre de morceaux de Poësie héroïque, si nous nous fussions proposé de consacrer à ce genre une partie de notre Recueil. Très-peu de ses poësies légères sont à la portée des jeunes gens. Quant à ses Tragédies, celles que nous avons données presqu'en entier suffiront pour faire juger de son mérite comme Poëte tragique.

Delille (Jacques) né en 1738, mort en 1813. Il débuta par des Odes et des Epîtres assez estimées, mais le principe de sa réputation littéraire fut sa traduction en vers français des Géorgiques de Virgile. Il était alors professeur dans un collége de Paris. Depuis ce temps il a enrichi notre littérature de poëmes didactiques et descriptifs dont nous avons multiplié les extraits dans notre quatrième Partie, désirant faire bien connaître un auteur qui a montré autant de talent pour la poésie que de facilité pour la versification. L'abbé Delille

était aveugle lui-même, lorsqu'il entreprit de traduire Milton. Dans plusieurs endroits il s'est approché de l'original autant que le génie de notre langue peut le permettre.

Nous pourrions ajouter à cette notice les noms de Pannard, de Bernard, et d'autres dont nous avons cité quelque chose; mais ce serait nous écarter de notre but qui est de ne mentionner que des ouvrages poëtiques dont on peut faire usage dans l'enseignement de la langue française.

[blocks in formation]
« PreviousContinue »