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Votre charme est enfin détruit
Par le flambeau de la sagesse.

Je sens qu'une âme simple et pure
Dont le goût n'est point corrompu,
En vivant près de la nature
Est bien plus près de la vertu.

La Violette, Idylle....par Constant Dubos.
Aimable fille du printemps,
Timide amante des bocages,
Ton doux parfum flatte nos sens,
Et tu sembles fuir nos hommages.

Comme le bienfaiteur discret
Dont la main secourt l'indigence,
Tu nous présentes le bienfait,
Et tu crains la reconnaissance.

Sans faste et sans admirateur
Tu vis obscure, abandonnée;
Et l'œil cherche encore ta fleur,
Quand l'odorat l'a devinée.

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Sous les pieds ingrats du passant
Souvent tu péris sans défense
Ainsi sous les coups du méchant
Meurt quelquefois l'humble innocence.

Viens prendre place en nos jardins,
Quitte ce séjour solitaire:
Je te promets tous les matins
Une eau limpide et salutaire.

Que dis-je ? non, dans ce bosquet
Reste, & violette chérie;

Heureux qui répands des bienfaits,
Et comme toi cache sa vie.

Sur la Tulipe....par le même.

Quand la violette baissée
Semble se cacher et vous fuir;

M

Voyez sur sa tige élancée
La tulipe à vos mains s'offrir.

Toujours d'un larcin téméraire
La rose cherche à se venger,
Quand la tulipe débonnaire
Vous dit, Cueillez-moi sans danger.

Moi te cueillir? fleur sans égale,
Ma main pourrait te profaner;
Les trésors que ta robe étale,
J'irais sitôt les moissonner?

Le temps dans sa marche cruelle,
Flétrit trop vite la beauté :

Les dieux, en te faisant si belle,
Te doivent l'immortalité.

Sur les Fleurs et leur Culture.. par Parny.

...

Printemps chéri, doux matin de l'année,
Console-nous de l'ennui des hivers!
Reviens enfin; et par toi ranimée

Que de nouveau Flore embaume les airs....
Déjà Zéphire annonce ton retour;

Des autres fleurs modeste avant-courrière,
Déjà je vois la tendre primevère

S'ouvrir, jaunir aux rayons d'un beau jour..................
A ses côtés la blanche paquerette

Fleurit sous l'herbe, et craint de s'élever.

Vous vous cachez, timide violette ;

Mais c'est en vain, le doigt sait vous trouver..
Que tous les ans au retour de l'automne,
Un nouveau sol remplace le premier;
Et tous les ans la touchante anémone,
De nos jardins ornement printannier,
Reparaîtra plus belle et plus brilllante;
Elle naquit des larmes que jadis
Pour son amant répandit une amante:
Dans cette fleur je revois Adonis.
Dans l'Hyacinthe un bel enfant respire ;
J'y reconnais le fils de Piérus :

Il cherche encor les regards de Phébus,
Il craint encore le souffle de Zéphire.
Des feux du jour évitant la chaleur,
Ici fleurit l'infortuné Narcisse:
Il aime l'ombre à sa paleur propice:
Mais il craint l'eau qui causa son malheur.
N'oublions point la charmante auricule.
Soignez aussi l'aimable renoncule,
Et la tulipe, honneur de nos jardins :
Si leur parfum répondait à leurs charmes,
La rose alors, prévoyant nos dédains,
Pour son empire aurait quelques alarmes.
Que votre main enlève leurs oignons,
Vers le déclin de la troisième année ;
Puis détachez les nouveaux rejettons
Dont vous verrez la tige environnée ;
Ces rejettons fleuriront à leur tour;
Donnez vos soins à leur timide enfance
De vos jardins elle fait l'espérance;
Et vos bienfaits seront payés un jour....
Voyez ici la jalouse Clytie,

Durant la nuit se pencher tristement;
Puis relever sa tête appésantie,

Pour regarder son infidèle amant....
Le lis plus noble et plus brillant encore,
Lève sans crainte un front majestueux;
Paisible roi de l'empire de Flore,

D'un autre empire il est l'emblême heureux..
Mais quelques fleurs chérissent l'esclavage,
L'humble genêt, le jasmin plus aimé,
Le chevrefeuille et le pois parfumé,
Cherchent toujours à couvrir un treillage.
Le jonc pliant sur des appuis nouveaux
Doit enchaîner leurs flexibles rameaux..
L'iris demande un abri solitaire :
L'ombre entretient sa fraîcheur passagère :
Du tendre Cillet coupez les jets pressés;
N'en laissez qu'un: la tige en est plus belle;
Ces autres brins dans la terre enfoncés
Vous donneront une tige nouvelle ;

....

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Et quelques jours ces rejettons naissans
Remplaceront leurs pères vieillissans.
Aimables fruits des larmes de l'aurore,
De tous vos noms j'embellirais mes vers :
Mais quel parfum s'exhale dans les airs!
Disparaissez, la rose vient d'éclore....
Cultivez-là cette rose si belle,

Vos plus doux soins doivent être pour elle ;
Que le ciseau dirigé par vos doigts,
Légèrement la blesse quelquefois.
Noyez souvent ses racines dans l'onde :
Des Plants divers faisant un heureux choix,
Préférez ceux dont la tige féconde

Renaît sans cesse, et fleurit tous les mois....

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· par Bernard.

Tendre fruit des pleurs de l'aurore,
Objet des baisers du Zéphir,
Reine de l'empire de Flore,
Hâte-toi de t'épanouir.

Que dis-je hélas, diffère encore,
Diffère un moment de t'ouvrir :
L'instant qui doit te faire éclore
Est celui qui doit te flétrir.

Thémire est une fleur nouvelle
Qui doit subir la même loi;
Rose, tu dois briller comme elle :
Elle doit passer comme toi.

Sur l'Amitié....par le même.
Présent des Dieux, doux charme des humains,
O divine Amitié ! viens pénétrer nos âmes:
Les cœurs éclairés de tes flammes,
Avec des plaisirs purs, n'ont que des jours sereins.
C'est dans tes noeuds charmans que tout est jouissance;
Le temps ajoute encore un lustre à ta beauté:

L'amour te laisse la constance;

Et tu serais la volupté,

Si l'homme avait son innocence.

Compliment à une Dame.. par Boufflers.

La sagesse est sublime: on le dit, mais hélas !
Tous ses admirateurs souvent ne l'aiment guèré,
Et sans vous nous ne saurions pas
Combien la sagesse peut plaire:

On la voit dans vos yeux; que nous l'y trouvons belle !
Lorsque vous nous parlez, c'est elle qu'on entend:
Vous lui donnez toujours une forme nouvelle ;
Tantôt c'est de l'esprit, tantôt du sentiment ;
Chez vous elle est si naturelle ;

Elle a si bien vos traits que nous ignorons tous
Si c'est vous que l'on aime en elle,
Ou bien elle qu'on aime en vous.

Portraits en Vers.

Etre aimable sans art, plaire sans y prétendre,
De ses talents cacher l'attrait;

Et joindre à l'âme la plus tendre,
Un esprit fin, un goût parfait :

Que de dons précieux! heureux qui les rassemble!
Vous à qui j'offre ce portrait,

Ne connaissez-vous pas quelqu'un qui lui ressemble ?

A la beauté joindre l'esprit,
A la bonté le don de plaire;
Sur ce qu'on fait, sur ce qu'on dit,
Répandre une grâce légère,
Mêler à l'aimable enjouement,
Les charmes purs de la sagesse,
Et cette fleur de sentiment

Qui dans tous les temps intéresse;
Sentir avec délicatesse,

Voir et juger avec finesse,
Et fuyant tout rafinement,
Penser, parler avec justesse...
De Minerve est-ce le portrait ?
Une mortelle est moins parfaite....
Non, non, c'est le vôtre, L**
Encor n'est-il qu'à moitié fait.

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