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que l'aîné de la maison de La Hache eût à perpétuité dans le chœur, un banc à accoudoir, sous lequel il aurait droit de sépulture; 2o à laisser en outre M. de Roumilly en possession de son banc de famille, le premier de la nef du côté de l'Epître, près de l'autel de Notre-Dame-de-Pitié. Celui-ci fit don à cet autel, le 4 juillet 1869, d'une statue de la Vierge des SeptDouleurs, dont le soc portait ses armes.

Les Mémoires déjà cités de l'intendant Foucault donnent pour nobles à Champeaux en 1697 Gilles de Chabert, Jacques et Joseph de La Hache.

Gilles de Chabert avait épousé Louise d'Anjou, qui fit, le 21 juin 1722, une fondation de onze messes annuelles dans l'église de Champeaux.

17° Leur fils et successeur, Louis-François, mourut jeune, et sa veuve, Marguerite de la Bellière, reçut en douaire la petite seigneurie de Champeaux. Elle se remaria à Louis du Hommet, seigneur de Sartilly.

18° Jean-Justin de Chabert, seigneur de Champeaux, épousa, le 4 mai 1721, Anne Gautier de Saint-Pierre, fille de JeanBaptiste-Gaston Gautier, seigneur de Saint-Pierre, et d'Anne de Tesson.

19° Il eut pour successeur Louis-Alexandre de Chabert, seigneur de Champeaux et de Haut et Bas Pontfoul, en Lolif, marié à sa cousine Marie-Félix de Tesson. Le 4 mars 1757, elle tint sur les fonts baptismaux de l'église de Champcervon avec René de Tesson, curé de Sartilly, parrain, René-Félix de Tesson, guillotiné à Granville, le 5 janvier 1794, huit jours avant son frère aîné, Adrien, qui mourut sur le même échafaud en criant Vive le Roi!

Le banc de la nef de l'église de Champeaux donna lieu à un procès. Notre regretté M. Louis de Tesson a écrit une boutade charmante contre les prétentions vaniteuses qui vont se loger. jusque dans ces places qu'on ferme à clé, tandis qu'on ne devrait entrer dans la maison de Dieu que pour oublier la terre et penser au ciel. Jacques de La Hache de Roumilly, partie contractante dans la transaction de 1687, avait laissé quatre enfants : Joseph, qui par droit d'aînesse eut le banc du choeur, et trois filles : Elisabeth, qui épousa Pierre du Mesnil-Adelée; Louise, mariée à Charles-François de Lancize (1), et Catherine qui s'unit, le

(1) Les de Lancize s'appelaient primitivement de Lozières. Ils furent anoblis avec commutation de nom en 1597 et portent d'argent, à trois cannes de sable, becquées et membrées de gueules. Leurs descendants sont devenus, pour la plupart, de simples cultivateurs, qui écrivent leur nom d'un seul tenant, tout en se souvenant du rang occupé par leurs ancêtres.

28 novembre 1514, à Philippe Le Marié de la Porte, avocat à Granville. Mme du Mesnil-Adelée avait abandonné Champeaux; mais il n'en était pas de même de ses sœurs, et elles y occupaient le banc de famille. Le curé et les paroissiens leur en contestèrent la propriété, et le reculèrent dans la nef. Une sentence du bailliage d'Avranches du 1er septembre 1736 ordonna que ce banc fût remis près de l'autel de Notre-Dame-de-Pitié, et que les bancelles, qu'on avait placées en avant, fussent immé diatement enlevées.

20° Louis-Charles-François de Chabert recueillit en bas âge l'héritage paternel, sous la tutelle de sa mère. Le 19 septembre 1777, Mme de Champeaux fit publier, au sortir de la messe paroissiale, que les plaids de la seigneurie seraient tenus le 6 novembre. dans la cour du château, et que tous les hommes, vassaux et tenants de fiefs auraient à comparoir devant le sénéchal pour y élire un prévôt, y passer déclaration des actes transmutifs de propriété, payer les droits de treizièmes, rendre les aveux, reconnaître et acquitter les rentes seigneuriales.

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Le droit de clameur, qualifié par le premier président Troplong de savante institution pour faire de grandes propriétés, suscita des débats au sujet du fief de la Parisière. Mme Le Marié de la Porte en avait hérité. Elle avait eu une fille, Louise-Marie, qui avait épousé René Becquet, avocat, et leur fils, René-Philippe, sieur de la Parisière, vendit son fief à Jean-François Deschamps du Manoir, le 10 novembre 1777. Mme de Lancize, sœur de Mme Le Marié, avait eu un fils, Jean-Baptiste, dont la fille Marguerite s'était mariée à François Le Tellier du Saussey. Celle-ci, clama la vente à droit de sang et proximité de lignage, comme cousine issue-de-germain du vendeur. Le 3 octobre 1778, le seigneur de Champeaux, mineur émancipé, assisté de ses curateurs, Messire de Lancize, seigneur d'Angey, et Julien Delongraye de la Saunerie, clama cette vente à droit féodal; mais il ne tarda pas à se désister en présence du droit préférable de parenté. M. du Manoir essaya d'opposer son propre lignage à celui de la clamante, au nom de sa trisaïeule Jacqueline de La Hache, fille de Jacques et de Vincente de Gaullay; mais cette descendance plus éloignée dut céder devant la plus proche, et Mme du Saussey fut mise en possession de la Parisière aux conditions du contrat de vente du 10 novembre 1777, aux assises d'Avranches, le 30 janvier 1779, par M. de Montitier, lieutenant-particulier civil et criminel au bailliage.

Joseph de La Hache de Roumilly avait laissé deux fils, dont le cadet mourut sans postérité de son union avec Catherine Le Duc, de Saint-Michel-des-Loups. L'aîné, Isaac-Jacques de La

Hache, seigneur de Roumilly, eut Jean-Baptiste-Louis, sieur de Lisle, de son mariage avec Louise-Anne de Chabert, tante du jeune seigneur de Champeaux, et, quand celui-ci succomba à une maladie de consomption, son fief passa à son cousin-germain et rentra ainsi dans la maison de La Hache, qui l'avait aliénée en 1597.

21o M. de La Hache de Lisle, redevenu M. de Champeaux, comparut à l'Assemblée de la Noblesse du bailliage d'Avranches pour l'élection des députés aux Etats-Généraux de 1789, et il y représenta aussi Charles-François de Gouvetz, devenu seigneur d'Angey, à la mort de son beau-père, M. de Lancize. M. de Champeaux avait épousé, le 29 novembre 1772, sa parente Marie-Anne-Françoise-Madeleine Deschamps du Manoir, et il mourut le 1er juillet 1831, âgé de 83 ans. Il avait eu plusieurs enfants, dont deux fils lui survécurent: Isaac-LouisFrançois, connu sous le nom de M. de Champeaux, décédé sans postérité, à l'âge de 70 ans, le 10 mars 1845, et Jean-Baptiste-Victor-Jacques, appelé M. de La Hache, décédé le 18 novembre 1841, dans sa 62 année. Celui-ci avait épousé, en 1817, Marie Digée, et leur fils unique, Louis-François, devint M. de Champeaux à la mort de son oncle. Il épousa, le 31 juillet 1846, Mlle Louise Bedouin, arrière-petite-fille de M. de Gouvetz de Gouverville, dernier seigneur d'Angey. Ce fut de lui que M. Le Héricher écrivit dans son Avranchin monumental et historique : « Le château de Champeaux appartient à un des descendants » des La Hache, que Montfault y trouva nobles au xve siècle. » Il y mourut à 28 ans, le 15 mars 1849, dernier rejeton de sa race et des seigneurs de Champeaux.

Mgr DESCHAMPS DU MANOIR,
Prélat du Saint-Siège.

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Vers la fin du IXe siècle, la contrée qui forme aujourd'hui les communes de Saint-Pois, Coulouvray, Montjoie (Saint-Michel), Gathemo, Lingehard et autres environnantes présentait encore l'aspect d'une vaste forêt dont quelques portions seulement étaient livrées à la culture, et les habitants n'étaient pas nombreux. Lorsque les Normands se fixèrent dans l'Avranchin et même dans presque toute la Basse-Neustrie (888), un de leurs chefs vint au milieu de ces bois, et y bâtit un manoir qui devint bientôt une place forte. S'étant l'un des premiers soumis à Rollon, il reçut de lui de vastes domaines aux pays de Lisieux; mais il n'abandonna pas sa première résidence, où il pouvait facilement se livrer aux plaisirs de la chasse. Les habitants du voisinage le nommèrent Sylvanus, c'est-à-dire le Seigneur de la forêt ou des bois, nom qu'il accepta, et de là le nom de Sylvain et Servain que portèrent tous ses descendants jusqu'au xve siècle. Aux xii et xiie siècles, le nom Sylvanus, s'appliquant à un seigneur du diocèse d'Avranches ou des environs, désigne toujours un membre de cette famille: les Seigneurs Dubois, qui vivaient en ce pays à la même époque, sont toujours appelés de Bosco ou de Nemore. On ne doit donc pas traduire Sylvanus par Dubois, comme l'a fait M. de Gerville, mais par Servain.

Le premier seigneur, Servain dont le prénom soit connu, est Richard qui accompagna le duc Guillaume à la conquête d'Angleterre et combattit vaillamment à Hastings (1066). En récompense, le Conquérant lui donna de très grands biens dans

le pays conquis, à la condition qu'il s'y établirait. Richard accepta et envoya un homme de confiance prier sa dame de venir le rejoindre. Mais la dame Servain, qui redoutait le passage de la mer, se montra fort irritée, et menaça son seigneur, s'il ne revenait promptement, de convoler à de nouvelles noces. Cette conduite tenue par plusieurs dames de Normandie fit que plusieurs seigneurs, après avoir reçu de grands biens en Angleterre, se virent contraints d'en faire l'abandon. Le seigneur Servain se hâta de revenir, et à son retour il bâtit l'église, qui fut placée sous le vocable de saint Paterne, évêque d'Avranches, d'où le nom de saint Paterne ou saint Pair le Sylvain ou le Servain sous lequel on désigna la paroisse jusqu'à la fin du xviie siècle. Alors seulement elle prit le nom de Saint Paix, Saint Pouaix, et enfin Saint-Pois qu'elle porte actuellement. L'ancienne église, qui vient d'être détruite et remplacée par une nouvelle, était encore en partie celle qui avait été construite par Richard Servain; mais, sauf son antiquité, elle n'avait absolument rien de remarquable et était devenue très insuffisante.

L'église de saint Paterne n'en remplaçait point une autre située au même lieu; il n'y avait eu jusque-là qu'une ecclésiole ou chapelle située à un kilomètre environ, et dédiée sous le titre de Saint Jacques, apôtre; elle était desservie par un clerc, et les fidèles s'y réunissaient pour le culte. Avait-elle échappé aux dévastations des Normands, ou bien avait-elle été bâtie après la conversion des seigneurs Servain, il n'est pas possible de le savoir, mais après la construction de l'église de Saint-Paterne, elle fut abandonnée, tomba en ruines, et il n'en est fait aucune mention dans la suite. Elle était au-delà du Bas-bourg, près de l'ancienne route de Brécey; le souvenir s'en est conservé dans le Champ-de-la-Chapelle, le bois Saint-Jacques, la butte SaintJacques et le pont Saint-Jacques, jeté sur la Corbière ou Glanon, aux limites de Saint-Pois, Saint-Laurent-de-Cuves et Cuves.

On s'est souvent demandé où se trouvaient l'habitation et la place forte des seigneurs Servain, et on a eu beau chercher, on n'en a pas trouvé trace. Le château actuel, qui est moderne, en a remplacé un autre qui se trouvait au même lieu, et n'avait pas été construit sur l'emplacement du château primitif; on est d'accord sur ce point. Le nom de Casset, porté par un village situé près du bourg, sur la route de Villedieu, est assez généralement regardé comme rappelant le souvenir de l'ancien château; mais outre qu'il n'y a aucun vestige d'anciennes constructions, le mot Casset, qui paraît bien venir de Castellum, rappellerait le temps de l'occupation du pays par les Romains plutôt que celui de l'invasion des Normands. Il est plus vrai

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