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la terre dans le sein de la Vierge, qu'il souffroit et mouroit sur la croix, il l'appeloit Fils. Enfin, lorsqu'il considéroit Dieu comme déployant son efficace dans l'ame des pécheurs, il l'appeloit SaintEsprit. Selon cette hypothèse, il n'y avoit aucune distinction entre les Personnes Divines. Les titres de Père, de Fils et de Saint-Esprit, n'étoient que des dénominations empruntées des actions différentes que Dieu avoit produites pour le salut des hommes. Ses erreurs anathématisées dans plusieurs congiles, et en particulier dans celui d'Alexandrie en 261, ne laissèrent pas de se répandre en Italie et en Mésopotamie. S. Denys d'Alexandrie composa d'excellens Traités contre Sabellius, dont les sectateurs furent appelés Sabelliens..

SABEO, ( Fauste) né près de

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Bresse dans l'état de Venise, de parens honnêtes, se fit connoître dès sa jeunesse par son talent pour la poésie latine. Un voyage qu'il fit à Rome dans la maturité de

l'àge, lui inspira le goût des antiquités ecclésiastiques. Il s'appliqua alors à l'étude des Pères, et ne regarda plus la poésie que comme un délassement. On a de lui un recueil d'Epigrammes latines, imprimé à Rome en 1556. On en trouve un grand nombre qui sont pleines de sel. L'ouvrage qui lui a fait le plus d'honneur, est l'Edition d'Arnobe, à Rome, 1542, in-fol. : elle est préférée aux éditions postérieures, quoique plus amples. Henri II, auquel il dédia ses Epigrammes, lui fit présent d'une chaîne d'or. It mourut âgé

de 80 ans,

vers 1558.

SABIN, Voyez les SABINUS. SABIN, (George) né dans la Marche de Brandebourg en 1508,

fut élevé avec un soin extrême par Melanchthon, qui lui donna sa fille en mariage. Son poëme intitulé Res gestæ Cæsarum Ger manicorum, qu'il mit au jour âgé seulement de 20 ans, lui concilia les éloges des savans et la protection des princes. Il devint ensuite professeur de belles-lettres à Francfort-sur-l'Oder, puis recteur de la nouvelle académie de Konigo. berg, et conseiller de l'électeur de Brandebourg. Ce prince l'employa en diverses ambassades, dans lesquelles Sabin fit admirer son éloquence et sa capacité dans les affaires. Il fut anobli à la diète de Ratisbonne, par l'empereur Charles-Quint en 1540, et mourut à Francfort-sur-l'Oder, le 2 décembre 1560, à 52 ans. Sa jeunesse avoit été assez déréglée, mais il même une piété solide, qui ne eut des vertus dans l'âge mûr, et put cependant le guérir de toutes ses passions, et sur-tout de ses vues ambitieuses. On a de lui diverses Poésies latines, 1597, in-8°, parmi lesquelles on distingue ses Elégies, qui ont quelque mérite.

SABINE (Julia SABINA ) femme de l'empereur Adrien, fille de Matidie. L'impératrice. étoit petite-nièce de Trajan et Plotine, qui favorisoit. Adrien, la fait contre le gré de Trajan, fut fit épouser à ce prince. Ce mariage,

très-malheureux. Adrien, devenu empereur, conçut un amour déréglé pour Antinous, et traita son épouse comme une esclave. Sabine bien faite ; elle avoit des graces et étoit cependant très-belle et trèsde la dignité; son esprit étoit élevé, ses mœurs graves, et sa vertu ne se démentit jamais. Mais elle mettoit un peu trop d'aigreur dans les reproches qu'elle faisoit à

son époux ; reproches bien pardonnables, puisqu'elle lui avoit apporté l'empire en mariage. Sabine, regardant son mari comme son tyran, se vantoit de n'avoir pas voulu lui donner des enfans, dans la crainte de mettre au monde des monstres plus odieux encore que leur père. La mésintelligence augmenta tellement, qu'Adrien, frappé de la maladie qui le conduisit au tombeau, la contraignit de s'òter la vie pour qu'elle n'eût pas le plaisir de lui survivre. D'autres disent qu'il l'empoisonna, l'an 138 de J. C., après 38 ans de mariage. Satisfait de l'avoir ravie à la terre, il la fit placer dans le ciel. Moréri se trompe dans l'article de SABINE qu'il fait fille de Marcienne, sœur de Trajan; il auroit du dire petite-fille de Marcienne et fille de Matidie, nièce de Trajan.

SABINIEN, diacre de l'Eglise Romaine, et nonce de Saint Gré

goire le Grand à Constantinople, auprès de l'empereur Maurice, succéda à ce pontife le 13 septembre 604, et mourut le 22 février 606. Il eut une partie des vertus de son prédécesseur.

I. SABINUS, intendant d'Auguste en Syrie, voulut, après la mort d'Hérode le Grand, qu'on lui donnât le trésor de ce prince. Cette prétention excita une révolte. Les Juifs livrèrent bataille aux Romains, furent repoussés, et le trésor pillé. Les vaincus s'étant assemblés en plus grand nombre, repoussèrent à leur tour Sabinus dans le palais, où ils l'assiégèrent. L'intendant demanda du secours à Varus, gouverneur de Syrie. Les Juifs allèrent au-devant de celui-ci, se justifièrent, et se plaignirent de la conduite de Sabinus qui disparut.

II. SABINUS, (Julius) seigneur Gaulois, ne dans le pays de Langres, prit le titre de César au commencement du règne de Vespasien. Ayant offert la bataille à l'empereur, il fut vaincu et mis en déroute. Pour se dérober à la poursuite du vainqueur, il alla dans une de ses maisons de campagne, et feignit de vouloir livrer son corps aux flammes. Il congédia tous ses domestiques, et ne retint que deux affranchis en qui il avoit confiance. Ensuite il mit le feu à la maison, et se retira dans un souterrain inconnu à tout autre qu'à lui et à ses confidens. La nouvelle de sa mort s'étant répandue, la douleur de sa femme Eponine servit à la confirmer. Mais lorsque Sabinus apprit, par un de ses affranchis, que cette tendre épouse avoit déjà passé trois jours riture, il lui fit savoir le lieu de et trois nuits sans prendre de noursa retraite. Elle y vint, le consola dans cette espèce de tombeau, et

y

mit au monde deux fils jumeaux. Après avoir resté caché ainsi pendant neuf ans, les fréquentes visites de la femme découvrirent la retraite du mari. Il fut saisi et conduit à Rome chargé de chaînes, avec sa femme et ses deux enfans. En vain Eponine sollicita la compassion de Vespasien, en se jetant à ses pieds, et lui présentant ses deux enfans nés dans le souterrain; il eut la cruauté de la faire mourir avec Sabinus. L'amour héroïque et les infortunes de ces deux époux ont fourni un beau sujet de tragédie à divers poëtes ; mais il a été traité sans un grand succès, et sur-tout en ces derniers temps par M. de Chabanon. L'institut national le proposa pour sujet de son prix de peinture, remporté, en l'an 11, par Alexandre Menjaud.

III. SABINUS, soldat Syrien, noir, petit, d'une complexion aussi foible que sa taille, mais d'un courage peu commun, se signala au siége de Jérusalem. Comme il vit que personne n'osoit monter à l'assaut de la tour Antonine, malgré les promesses de Titus, il se présente avec onze de ses compagnons, prend son bouclier de la main gauche, et s'en couvrant la tête, le sabre à la main droite, monte à l'assaut, et arrivé sur la brèche, il met en fuite tous les ennemis. Mais une pierre qu'il rencontra le fit tomber. Les Juifs se jetèrent sur lui, sans lui donner le temps de se relever, et le

tuèrent.

IV. SABINUS, (Aulus) poëte Latin 2 mort jeune, étoit ami d'Ovide. Il avoit composé plusieurs Lettres ou Héroïdes; mais aucune n'est parvenue jusqu'à

nous.

SABINUS, Voyez IV. JULIE... II. AQUILIUS... et HERACLIEN.

SABLE, (Du) Voyez ARENA. SABLE, (le Marquis de) Voyez III. LAVAL.

SABLE, ( Guillaume du ) dont on ignore le pays et la naissance, a publié un poëme intitulé: La Muse Chasseresse, imprimé à Paris en 1611, in-12.

I. SABLIER, (N.) a donné au théâtre Italien 9 en 1729, la Jalousie sans amour, les Effets du jeu et de l'amour. Celle-ci fut mieux accueillie que la première. Sablier est mort vers 1760.

II. SABLIER, (N.) littérateur estimable, mort à Paris le 10 mars 1785, à 93 ans. On a de lui: I. Variétés sérieuses et amusan

les, 1769, 4 vol. in-12: recueil assez agréable. II. Essai sur les langues, 1777, in-8.o On désire depuis long-temps une histoire critique de la langue française, et on trouvera de bons matériaux dans l'ouvrage de Sablier. L'auteur s'est préservé de la prétention si vaine et si générale, d'offrir un système sur la formation des langues et sur l'idiòme primitif. On risquera toujours de se perdre dans les chimères, quand on voudra découvrir dans quel langage les premiers hommes se sont communiqué leurs idées. Sablier se contente d'observer les rapports évidens entre plusieurs idiomes de nations éloignées, et de chercher les raisons les plus vraisemblables de ces rapports. Sa marche est toujours mesurée, et n'en est que plus sûre. Son livre d'ailleurs, qui suppose beaucoup d'érudition, n'en a pas l'inutile étalage: ce sont des résultats clairs et précis. I jette un coup d'œil rapide sur les écrivains qui ont fixé la langue chez les nations policées; et en général, ses jugemens sont sages. Une singularité de l'ouvrage, c'est que l'auteur le publia à 82 ans. III. (Euvres de M... contenant des traductions de Goldoni 1767, La prose de ce cueil vaut mieux que les vers.

in

12.

re

Rambouillet de la) mort à Paris SABLIERE, ( Antoine de en 1680, âgé de 65 ans, se distingua par un esprit aisé, naturel et délicat, Nous n'avons de lui que des Madrigaux, publiés in-12, après sa mort, par son fils. Ces petits poëmes lui ont fait beaucoup d'honneur, par la finesse des pensées, et par la délicate naïveté da style: on peut les proposer pour

modèles en ce genre. Son épouse, Hesselin de la Sabliere, étoit en liaison avec les beaux esprits de son temps. La Fontaine, qui trouva dans sa maison un asile paisible durant près de vingt ans, l'a immortalisée dans ses vers.

SABLON, (Vincent) rimailleur de Chartres, donna, en 1671, en 2 vol. in-16, une plate traduction, en vers de la Jérusalem délivrée que les curieux recherchent à cause des figures; car on avoit dès-lors le secret, perfectionné de nos jours, de faire passer de mauvais vers, à la faveur de quelques jolies estampes.

SABOUREUX DE LA BONNETERIE,(Charles-François) avocat, mort à Paris en 1781, préféra la culture des lettres à l'étude de la jurisprudence et au travail du barreau: on lui doit les trois ouvrages suivans: I. Constitution des Jésuites, avec les déclarations, 1762, 3 vol. in-12. C'est une traduction de l'Institutum societatis Jesu, imprimé à Prague en 1757. II. Manuel des Inquisileurs; 1762, in-12. C'est l'abrégé de l'écrit d'Emeric, auquel le traducteur a joint des notes. III. Il s'est rendu recommandable par une Traduction des anciens ouvrages latins, relatifs à l'agriculture et à la médecine vétérinaire, avec des notes, 1774,

6 vol. in-8. Saboureux avoit auparavant publié à part l'Economie rurale de Columelle.

SABUCO, (Oliva de Nautés de) savante Espagnole, née dans la ville d'Alcala, vivoit sous le règne de Philippe II. Renommée pour ses connoissances en histoire naturelle et en anatomie, elle offrit

de démontrer publiquement que la physique et la medecine que l'on enseignoit alors dans les écoles étoient pleines d'erreurs. Avant Descartes, elle plaça dans l'étendue du cerveau le siége de l'ame, sans la renfermer exclusivement dans la glande pinéale. Suivant elle, ce n'est point le sang qui nourrit les corps, entretient leur souplesse et leur conservation; c'est le fluide qui passe du cerveau dans toutes les parties nerveuses. Ce système fut embrassé avec enthousiasme par les médecins Anglois.

SABUNARUS, capitaine de la garde Prétorienne de Trajan, ne mérite une place dans l'histoire, que parce qu'il donna lieu à une belle parole de cet empereur. En l'installant dans sa charge, ce prince lui présenta l'épée, et lui dit : Reçois cette épée, et emploie-la pour mon service dans tout ce que je t'ordonnerai de juste ; mais n'hésite pas à t'en servir contre moi, si jamais je te commande quelque chose d'injuste.

SACCAS, Voyez AMMONIUŞ.

SACCHETTI, ( François de Benci) né à Florence en 1335, passa ses premières années dans le commerce, et remplit ensuite plusieurs charges dans sa république. Il écrivoit facilement en vers et en prose; et ses Nouvelles, publiées à Florence, 1724, 2 vol. in-8°, prouvent qu'il avoit une partie du génie de son compatriote Bocace. Il mourut en 1408, à 73 ans après avoir été marié trois fois. Voyez aussi JUVARA, à la fin.

I. SACCHI, (André) peintre, né à Rome en 1599, se perfectionna sous l'Albane, après que

son père lui eut donné les premiers principes de son art. On retrouve dans ses ouvrages, les graces et le coloris tendre qu'on admire dans les tableaux de son illustre maître. Il l'a même surpassé par son goût de dessin: ses figures ont une expression admirable, ses draperies une belle simplicité; ses idées sont nobles, et sa touche finie, sans être peinée. Il a réussi sur-tout dans les sujets simples; et l'on remarque qu'il n'a jamais dessiné une seule fois, sans avoir consulté la nature. Ce peintre étoit fort singulier dans ses mœurs, et se permettoit tant de liberté dans sa critique, que les bons peintres ses contemporains, furent presque tous ses ennemis. Ses dessins sont précieux; une belle composition, des expressions vives, beaucoup de facilité, les ombres et les clairs bien ménagés, les caractérisent. Les principaux ouvrages de ce grand peintre sont à Rome, où il mourut en 1661, 62 ans. Parmi les élèves qu'il fit, on compte Carle MARATTE et Jean MIEL: Voyez ce dernier

mot.

II. SACCHI, Voyez PLATINE.

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I. SACCHINI, ( François) Jésuite, né dans le diocèse de Pérouse, mort à Rome le 26 décembre 1625, à 55 ans, fut professeur de rhétorique à Rome pendant plusieurs années, et secrétaire de son général Vitelleschi pendant sept ans. Ses principaux ouvrages sont: I. La Continuation de l'Histoire de la Société des Jésuites, en 4 vol. in-fol. Cet ouvrage, écrit d'un style noble, intéressant, et quelquefois emphatique, respire moins dans certains endroits l'impartialité d'un historien, que le zèle d'un homme attaché

à son Ordre. [ Voyez JOUVENCI.] II. De ratione Libros cum profectu legendi, in-12, à la fin duquel on trouve un discours : De vitanda Librorum moribus noxio rum lectione, que le père Sacchini prononça à Rome dans sa classe de rhétorique, en 1604Ces deux écrits offrent des réflexions sensées et utiles. Sa Parænesis ad magistros, est pleine d'excellentes vues pour l'instruetion de la jeunesse, et bien propre à réunir les leçons de religion, de sciences et de vertu; moins étendue que le Traité du père Jouvenci sur le même sujet, elle est écrite avec plus de rapidité et de nerf.

II. SACCHINI, ( AntoineMarie-Gaspar ) l'un des plus célèbres musiciens de ce siècle, né à Naples le 11 mai 1735, mort à Paris le octobre 1786, fut destiné de bonne heure à la musique. Ses parens, honnêtes, mais peu riches, le placèrent dans le conservatoire de Sainte-Marie de Lorette, ensuite à Naples, où il étudia sous le fameux Durante. Il fit des

Progrès rapides et s'attacha principalement au violon, sur lequel il devint très-fort. Il passa ensuite à Rome, où il eut de grands succès, et à Venise, où il fut à la tête d'un conservatoire. C'est dans cette ville qu'il développa ses talens pour la musique d'église; et sans confondre ce style avec celui du théâtre, sans s'écarter de la sévérité qu'il exige, il sut y adapter un chant aimable et facile. Sa renom. mée croissant chaque jour, il visita quelques cours d'Allemagne, entre autres celles de Brunswick et Wittemberg, où il succéda au célèbre Jomelli. Il parcourut ensuite la Hollande, et se rendit enfin aux

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