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paratif d'égalité; comme, l'hiftoire eft auffi utile qu'agréable. Le menteur eft autant méprisé que l'homme vrai eft eftimé.

L'adjectif eft au fuperlatif, quand il exprime la qualité dans un très-haut ou dans le plus haut degré. Le Superlatif eft de deux fortes; l'un abfolu, l'autre relatif.

Le Superlatif abfolu exprime une qualité au fuprême degré, mais fans aucun rapport à une autre chose pour lors l'adjectif est précédé de très fort ou bien. Ex. Lille, capitale de la Flandre Françoife, eft une ville très-belle & fort marchande. On est bien eftimable, quand on eft favant & modefte en même tems.

Le Superlatif relatif exprime la qualité dans le plus haut degré, & avec rapport à quelque autre chose pour lors on met le, la, du, de la, les, des, mon, ton, fon, notre, votre ou leur, avant meilleur, moindre, pire, plus, moins. Exemples: le menfonge est le plus bas de tous les vices.

Nobles, fouvenez-vous qu'une naiffance illuftre,
Des fentimens du cœur reçoit fon plus beau luftre.

Son plus beau luftre, c'eft-à-dire, le plus beau de fes luftres.

Mais fi avant, meilleur, moindre, pire, plus ou moins, il n'y avoit que de à, à, de, ce seroient des comparatifs & non des fuperlatifs; comme, pour fe fortifier dans la vertu, il n'y a rien de meilleur que le bon exemple. Il ne faut pas fe fier à plus fin que foi. Dans ces phrafes de meilleur, à plus fin, fe traduiroient en latin par le comparatif.

REM. I. Meilleur fignifie plus bon qui n'eft pas en usage; mais on dit moins bon, auffi bon.

REM. II. M. de Vaugelas a cru que voifin & pro chain ne pouvoient s'employer ni au comparatif ni au fuperlatif. Mais on dit bien, il perdit courage quand il vit la mort plus prochaine. Nos maifons

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font fort voifines. Dans le village le plus prochain, &c. Acad.

le

DES NOMS DE NOMBRE.

Les noms de Nombre expriment la quantité, ou rang des chofes. Ils font ou fubftantifs ou adjectifs. Des Nombres Adjectifs.

Les Adjectifs font ou cardinaux, ou ordinaux. Les cardinaux ou radicaux marquent la quantité des chofes, & répondent à cette question, combien y en a-t-il ? un, une, deux, trois, quatre, &c. vingt, vingt & un ou vingt-un, trente & un ou trente-un, foixante & un ou foixante-un. Mais on dit toujours fans &, vingt-deux, vingt-trois &c. quatre-vingt-un, quatre-vingt-deux mille. Pour la date des années, on écrit mil; comLe pain fut très-cher en mil fept cent neuf.

me,

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cent,

Les nombres ordinaux marquent l'ordre ou le rang des chofes; comme le premier, la premiere, Second, feconde, ou deuxieme, troifieme, &c.

Les nombres cardinaux ou radicaux font ainfi appellés, parce qu'ils font le principe ou la racine des autres nombres, & qu'ils fervent à les former.

En effet, les nombres ordinaux fe forment des cardinaux, en ajoutant ieme à ceux qui finiffent par une confonne; comme un, vingt-unieme; deux, deuxieme, trois, troifieme, &c.

Dans ceux terminés en fon change ƒ en v. Ex. Neuf, neuvieme.

Quand ils terminent en e, on change e en ieme. Ex. Quatre, quatrieme, douze, douzieme, trente, trentieme, &c.

Des Nombres Subftantifs.

Les nombres Subftantifs font ou collectifs ou dif. tributifs, ou proportionnels, ou de répetition.

Les collectifs marquent une certaine quantité de chofes comme réunies: tels font une demi-douzaine,

une

une huitaine, une neuvaine, une dixaine, douzaine, une quinzaine, une vingtaine, une trentaine une quarantaine, une cinquantaine, une centaine un millier, un million.

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Les diftributifs expriment les parties d'un tout; comme, la moitié, le tiers, le quart, un cinquieme ou le quint, un fixieme, un dixieme, la dixme les décimes, &c. felon que la chofe eft partagée, en deux, en trois, en quatre, &c.

Les proportionnels ou augmentatifs font le double, le triple, le quadruple, le centuple, &c. Ajoutez le mot fois aux nombres cardinaux & ordinaux, vous aurez les nombres de répétition; une fois, deux fois, &c. la premiere fois,

comme "

la feconde fois, &c.

Enfin, on forme les adverbes numératifs en ajoutant ment au fingulier féminin des nombres ordinaux; comme, premiere, premierement, feconde, fecondement, troisieme, troisiemement, &c. DES GENRE S.

Le Genre eft dans l'origine un rapport des mots à l'un ou à l'autre fexe, & en général à tout ce qui eft mâle ou femelle.

Il y a deux genres, le mafculin qui défigne l'homme ou le mâle; cómme, le pere, le lion ; & le féminin qui défigne la femme ou la femelle ; comme, une mere, une lionne.

Enfuite par imitation on a fait du mafculin ou du féminin les autres noms " quoiqu'ils n'euffent aucun rapport à l'un ou à l'autre fexe. Par ex. Le livre, le jeu, font mafc. La table, la plume, font fém. quoiqu'ils ne puiffent fe dire ni de l'homme ni de la femme, &c.

DES NOMBRE S.

Le Nombre eft dans les mots la propriété qu'ils ont de défigner une ou plufieurs chofes. Il y a deux nombres, le fingulier, quand le mot ne défigne

qu'une chofe; comme, l'hiftoire eft utile, agréa ble. Le pluriel, quand le mot défigne plufieurs chofes les menteurs font généralement méprisés.

On a auffi donné les deux genres & les deux nombres aux adjectifs, à l'article, aux pronoms, &c. parce que ces mots fe rapportent à des fubftan tifs mafculins ou féminins, finguliers ou pluriels.

DE L'ARTICLE.

une

Nous n'avons qu'un Article, c'eft le, mafculin fingulier; la, fém. fing. les, plur. des deux genres. L'article ne fignifie rien par lui-même; il fe met avant les noms communs, quand par ces mots on veut fignifier toute une efpece de chofes, ou plufieurs chofes déterminées. Ex. Les Savants ne font véritablement eftimables, qu'autant qu'ils réuniffent la bonté & la droiture du cœur aux talens & aux agréments de l'efprit.

Ici les favants fignifient toute l'efpece des favants. La bonté & la droiture marquent une bonté & une droiture déterminées, je veux dire celles du cœur. Aux talents & aux agréments, fignifient des talents & des agréments déterminés; ce font ceux de l'efprit, &c. Voyez la Syntaxe.

REM. I. Du, des, au, aux, que l'on voit avant les noms, font mis pour de le, de les, à le, à les. En voici la preuve : nous difons: Il est difficile de fe faire aimer de tout le monde. La vertu eft le plus beau de tous les biens, & il importe à tous les hommes de la pratiquer, Si nous ôtons les mots tout, tous, qui fe trouyent entre de le, de les, à les, nous dirons alors: La vertu eft le plus beau des biens, & il importe aux hommes de l'a pratiquer. Il eft difficile de fe faire aimer du monde.

Ainfi quand nous voulons joindre à ou de à l'article le, avant un nom qui commence par une confonne ou une h afpirée, au lieu de dire de le, nous difons du; & au lieu de à le nous difons au. Ik

eft du devoir des sujets d'obéir au Prince. Il eft de la gloire du Héros de donner plus à la conduite qu'au hazard.

De les, à les, fe changent en des, aux, comme on l'a vu dans les exemples précédents.

II. Le & la s'écrivent tous deux en cette forte , quand le nom qui fuit commence par une voyelle ou une h muette. On dit & l'on écrit l'amitié, l'entretien, l'homme, l'histoire, pour la amitié, le entretien, &c.

III. Comme les noms françois ne changent point de terminaisons, il n'y a point de cas dans notre Langue. Nous exprimons avec des prépofitions, & fur-tout avec de & à, les rapports que les Grecs & les Latins exprimoient par les différentes terminaifons de leurs noms.

Du Genre des Subftantifs.

Les Subftantifs ne font ordinairement que d'un genre; les uns font du mafculin; comme, le bel ouvrage, le grand incendie, le joli éventail, un bon échaudé, de bons légumes, &c.

Les autres font du féminin comme, une belle épigramme, une grande alcove, une petite horloge, une belle antichambre, une froide épithete, &c. Cependant il y a plufieurs fubftantifs qui font des deux genres, mais fous différentes fignifica

tions; les voici:

Subftantifs de différents Genres, fous différentes fignifications.

Aide, m. quand il fignifie celui qui aide un autre. Exemples: L'aide des cérémonies eft mort. Un aide de camp.

Aide, f. fecours, affistance. Les Aides, f. impôts, fubfides, & terme de manege. Vous me ferez d'une grande aide. Ce cheval a les aides fines.

Aigle, m. oifeau de proie, pupître d'églife en forme d'aigle, homme qui a des talents fupérieurs

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