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L'ouvrage eft terminé par une Table alphabétique. Elle eft fort ample; mais j'ai eu foin de ne pas l'enfler inutilement. J'ai doné dans mon ouvrage une lifte de plufieurs fubftantifs des deus genres; au-lieu de metre dans la table chaque mot à fon rang alphabétique je me fuis contenté, pour abréger, d'indiquer ces fortes de mots fous les mots genre, noms ou fubftantifs : j'ai fait la même chofe pour les adjectifs qui changent de fignification fuivant la place qu'ils ocupent. On trou vera dans la table les verbes irréguliers avec la page où il en eft parlé ; ceux en er & en ir qu'on n'y trouvera point, fe conjuguent come aimer & finir.

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GRAMMAIRE

GRAMMAIRE

FRANÇOISE.

LA Grammaire eft l'art de parler & d'écrire.

Une Grammaire eft un choix méthodique d'obfervations fur le bon ufage; c'est-à-dire fur la maniere dont les perfonnes bien élevées, & les bons Auteurs ont coutume de parler & d'écrire.

La Grammaire confidere les mots, ou comme des fons qui frappent les oreilles ou comme des fignes de nos pensées.

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Confidérés comme des fons, les mots font compofés de lettres & de fyllabes. Nous parlerons des lettres & des fyllabes à la fin de cet ouvrage. Les remarques que nous ferons fur les lettres fuppofent des connoiffances qui doivent précéder. Nous dirons, par exemple, que la lettre a prend l'accent grave dans à prépofition, dans là adverbe, &c. qu'elle ne prend point d'accent dans a venant du verbe avoir, dans la article ou pronom : que P'u eft auffi marqué d'un accent grave dans où relatif ou adverbe, mais qu'il eft fans accent dans ou conjonction ; que ces deux lettres ai ont le fon de l'é fermé dans les paffés & les futurs des verbes, &c. Il nous femble que ces remarques ne feroient pas fort intelligibles pour ceux qui n'entendroient pas la valeur des mots prépofition, adverbe, verbe, article, pronom, conjonction &c. A

C'eft-là ce qui nous détermine à parler d'abord des mots confidérés comme fignes de nos pensées.

Des fignes de nos pensées.

Les mots dont on fe fert pour exprimer fes pensées font, le fubftantif, l'adjectif, l'article, le pronom, le verbe, la prépofition, l'adverbe, la conjonction, & la particule ou l'interjection.

DU

SUBSTANTIF

ET DE L'ADJECTIF.

Le Subftantif exprime le nom des perfonnes & des chofes : l'Adjectif exprime la qualité des perfonnes & des chofes. Dans un homme poli, une fleur agréable: homme & fleur font des fubftantifs; poli & agréable font des ajectifs.

Du Subftantif.

Le Subftantif est ou commun, ou propre, ou collectif.

Le fubftantif commun eft une dénomination qui convient à plufieurs perfonnes, ou à plusieurs chofes, comme, foldat, maison, Royaume. On peut dire, foldat François, foldat Espagnol: Royaume de France, d'Angleterre, &c.

Les Subftantifs communs font ou physiques ou métaphyfiques.

Le Subftantif commun phyfique eft une dénomination commune à plufieurs perfonnes ou à plufieurs chofes qui exiftent dans la nature me, cheval, table, maison.

com.

Le Subftantif commun métaphyfique eft une dénomination commune à plufieurs chofes qui n'exiftent que dans l'entendement; comme, blancheur probité, &c. Il n'y a pas hors de nous un objet, qui s'appelle la blancheur; néanmoins on a donné à cette forte de mots le nom de fubftantifs,parce

qu'ils fubfiftent feuls dans le difcours, & qu'ils n'ont pas befoin d'être unis à un autre nom pour être entendus.

Le Subftantif propre exprime une idée fingulière, une perfonne ou une chofe unique; comme Alexan. dre, Paris, la Seine.

Le Subftantif collectif eft celui qui, quoiqu'au fingulier, préfente à l'efprit plufieurs perfonnes ou plufieurs chofes, foit comme faifant un tout, foit comme faifant une partie de quelque tout.

Le premier s'appelle collectif général; comme le peuple, l'armée, la forêt, &c.

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Le fecond s'appelle collectif partitif, comme une troupe de une quantité, de, &c. Quand on dit: La plupart des hommes font aveugles fur leurs propres défauts; ce mot la plupart préfente à l'efprit plufieurs perfonnes, mais comme faifant partie de tous les hommes.

De l'Adjectif.

L'Adjectif tire fon nom du latin adjectus, ajouté, parce qu'il s'ajoute au fubftantif pour en exprimer quelque qualité. Ex. La vertu feule, ou la véritable probité met les hommes en état de bien remplir les poftes publics.

L'Adjectif s'emploie fouvent pour le fubftantif, ou dans le fens du fubftantif. Exemples:

Rien n'eft beau que le vrai, le vrai feul eft aimable. Nous devons préférer l'utile à l'agréable.

Le vrai eft mis pour la vérité. L'utile à l'agréa ble font pour la chofe utile à la chofe agréable.

Il y a auffi plufieurs noms qui font tantôt fubftantifs & tantôt adjectifs : par exemple, dans ces phrafes Malheur aux mauvais Chrétiens qui irritent la colere de Dieu.

:

La Communion indigne eft un très-grand facrilege. Il faut beaucoup de politique pour vivre avec les Grands.

Un bon pere donne trois chofes à fes enfans; la nourriture, l'éducation & le bon exemple.

Dans ces phrafes, colere, facrilege, politique, pere, font fubftantifs, parce qu'ils expriment des noms de chofes ou de perfonnes.

Mais dans celles-ci: Un homme colere eft fort méprifable & fort à craindre.

La conduite des courtifans eft politique & réfervée.
Le Seigneur punit le facrilege Balthafar.

Louis XIV fut toujours roi par autorité, & toujours pere par tendreffe.

Le mots colere, facrilege, politique, roi, pere, font adjectifs, parce qu'ils n'expriment que des qualités.

Degrés de Significations ou de Comparaison.

Les adjectifs expriment les qualités des chofes avec plus ou moins d'étendue par exemple, on dire d'un cheval: il eft grand, il eft plus grand que le mien, il est très-grand, il eft le plus grand de tous les chevaux, &c. Ces différentes manieres d'exprimer les qualités des chofes s'appellent degrés de fignification ou de comparaison.

Les Adjectifs ont trois degrés de fignification; le pofitif, le comparatif, & le fuperlatif.

L'Adjectif eft au pofitif, quand il exprime fimplement la qualité; comme un jeune homme poli, affable, eft aimé de tout le monde.

L'Adjectif eft au comparatif, quand outre la qualité, il exprime comparaifon; comme, meilleure, moindre, pire. Ces trois adjectifs expriment feuls une comparaison.

Avant les autres adjectifs on met plus , pour marquer un comparatif de fupériorité, comme l'Afie eft plus grande que l'Europe.

Moins ou ne . . . .

fi avant l'adjectif marque un comparatif d'infériorité. L'Afrique eft moins peuplée, ou n'eft pas fi peuplée que l'Europe.

Auffi, ou autant avec l'adjectif exprime un com

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