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plus considérable, et se terminer en queue de rat pour arriver, à environ deux mètres, à la grosseur normale de toute la pelote. Ainsi attachée, elle doit être descendue dans le canon jusqu'à la bourre, en la maintenant bien roide; c'est alors que l'on a soin de la garnir de coton brut tout autour à une hauteur de trois ou quatre centimètres, de telle façon que cette partie de la charge représente assez bien une chandelle de coton dont la corde serait la mèche. Au moment de l'explosion, le coton sert de bourrelet à la corde, la préserve, la chasse avant la balle, et amortit si complétement la secousse, qu'avec ces précautions on peut tirer la plus mince ficelle sans craindre de rupture.

La corde est en coton (ce qui lui donne l'avantage de flotter sur l'eau dans toute sa longueur, et permet de la saisir lors même qu'elle a manqué le but sur lequel on a voulu la diriger), et pelotée sur un mandrin de bois de forme conique, commençant par le bout destiné à partir, et croisant les tours les uns sur les autres, en ayant soin de laisser un petit intervalle entre chacun d'eux; au moment de tirer, on ôte le mandrin, puis on pose la pelote à ses pieds, et elle se dévide par le centre, tirée par la balle, sans mouvement indiquant aucune secousse.

L'appareil Debouteville se fait remarquer par sa grande simplicité, par son grand bon marché, à la portée des plus petits navires, et a l'avantage d'être d'un transbordement facile sur les plus petites embarcations; il peut, en outre, être employé dans une foule de circonstances où les autres appareils deviennent impuissants. Il serait aussi d'une grande utilité sur les côtes, dans les conditions de tir de terre à bord, et chaque poste de douanier pourrait être pourvu d'une pelote et d'une balle, que la carabine dont il est armé habituellement serait trèspropre à lancer; ce serait là une mesure de sécurité peu dispendieuse, et dont la marine retirerait certes d'excellents résultats.

Nous avons mis sous les yeux du lecteur les considérations présentées par les différents inventeurs d'appareils de sauvetage, pour établir les avantages et la supériorité relative de leurs appareils. Dans l'état d'indécision forcée où flotte encore cette question, et dans l'impossibilité où l'on se trouve de pouvoir exprimer sur ce point un jugement certain, c'est là le seul parti que prescrivait d'adopter l'impartialité de la critique.

XII

HYGIÈNE PUBLIQUE.

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Du chauffage et de la ventilation des hôpitaux. — Importance de la question. Volume d'air nécessaire à la respiration de chaque individu. Histoire des essais de ventilation; les magnaneries, les assemblées délibérantes, les théâtres, les prisons, les hôpitaux. Etude, par M. Grassi, des deux systèmes de ventilation employés dans les hôpitaux de Paris. - Système de chauffage par circulation d'eau chaude et de ventilation par appel, et système à ventilateur mécanique. Appareils de M. Léon Duvoir, et de MM. Thomas et Laurens. Système Van Hecke. · Conclusion.

La respiration d'un air pur est aussi nécessaire à l'entretien de la vie que l'alimentation même. Les maladies les plus graves que la médecine ait à combattre proviennent de l'inspiration d'une atmosphère viciée. Les professions sédentaires, s'exerçant dans des locaux étroits, d'une capacité insuffisante, ou qui demeurent trop longtemps fermés, sont une cause fréquente de phthisie pulmonaire. La fièvre typhoïde éclate souvent, sous forme épidémique, dans les casernes, dans les hôpitaux, par suite de la viciation de l'air résultant de l'insuffisance du local. Les mêmes causes qui produisent ces tristes effets pour les agglomérations de personnes dans une salle de dimensions insuffisantes, produisent aussi le même résultat pour un seul individu dans son habitation privée. Dans le premier cas, c'est une épidémie qui survient; dans le second cas, c'est une affection de famille qui se déclare.

Un seul homme, une famille, enfermés dans une pièce de dimensions exiguës, où l'air ne se renouvelle pas d'une manière suffisante, sont exposés aux mêmes dangers qu'un grand nombre de personnes qui séjournent dans une grande pièce mal aérée.

La question de la ventilation dans les habitations privées et dans les hôpitaux, est donc une de celles qui doivent le plus préoccuper les hygiénistes et les amis de l'humanité. Il ne suffit pas d'ouvrir aux souffrances du pauvre un asile où lui sont prodigués les secours les plus assidus et les soins éclairés des maîtres de la science médicale. Il faut encore, de toute nécessité, pourvoir, dans nos hospices, au renouvellement constant et parfait de l'atmosphère des salles, où tant de causes de viciation et d'altération prennent continuellement naissance.

Cette question, dont on s'embarrassait à peine il y a quelques années, est devenue, dans ces derniers temps, l'objet des préoccupations des hygiénistes. L'administration des hospices de Paris a fait installer, dans quelquesuns de ses établissements, des appareils devant servir tout à la fois au chauffage et à la ventilation des salles. La comparaison de ces divers systèmes, leur utilité relative, les résultats qu'ils fournissent dans la pratique, tel est le sujet d'un travail qui vient d'être exécuté avec beaucoup de soin par M. Grassi, pharmacien en chef de l'Hôtel-Dieu1. Nous allons donner, à l'occasion de ce travail, un exposé de l'ensemble et des détails principaux de l'importante question de la ventilation dans les lieux publics. Aucun sujet n'est plus digne de l'intérêt, de la sympathie de nos lecteurs, puisqu'il touche à l'amélioration des conditions hygiéniques de toutes les classes, et qu'il doit avoir pour premier effet l'allégement des maux et des souffrances du pauvre.

1. Etude comparative des deux systèmes de chauffage et de ventilation établis à l'hôpital Lariboisière, par M. Grassi, docteur en médecine, pharmacien en chef de l'Hôtel-Dieu. In-8° de 80 pages.

Nous commencerons par donner un exposé général de la question. Nous passerons ensuite à l'application pratique qui a été faite de ces principes.

Lorsqu'un certain nombre de personnes sont réunies dans un espace clos, par exemple dans une salle fermée. par nos moyens ordinaires de clôture, elles éprouvent, au bout d'un temps plus ou moins long, un malaise particulier que l'on ne fait cesser qu'en renouvelant l'air qui les environne. Ce fait, constant et connu de tout le monde, se produit au bout d'un temps variable, selon la capacité du local que l'on considère, selon sa clôture plus ou moins complète et le nombre des personnes qu'il contient.

Ce phénomène est dû à la viciation de l'air. Le renouvellement de l'air altéré est le seul moyen à opposer à sa manifestation. Mais quelles sont les causes de cette altération de l'air dans une salle habitée? Ces causes sont nombreuses; quelques-unes peuvent être mesurées exactement,

A cette dernière catégorie appartiennent les modifications de température, le changement de composition de l'air, ainsi que les variations dans les quantités d'humidité qu'il contient. On sait que l'homme, par sa respiration, prend de l'oxygène à l'air qui l'environne, et le remplace par de l'acide carbonique. La quantité d'acide carbonique produit s'élève en moyenne à 500 litres par jour pour chaque individu adulte. En outre, par sa respiration et sa transpiration cutanée, il émet chaque jour 1300 grammes d'eau à l'état de vapeur, qui emporte en même temps avec elle une partie de la chaleur produite dans l'organisme.

Les autres causes de viciation, qui jusqu'à ce jour ont échappé à nos procédés de mesure, n'en sont pas pour cela moins réelles. Elles proviennent de la présence de matières animales produites par les êtres vivants, et qui manifestent leur présence dans l'air confiné, par une odeur particulière, désagréable, même quand il s'agit d'individus

sains. L'importance de cette dernière cause de viciation de l'air augmente et domine toutes les autres quand il s'agit d'une réunion de malades.

Le moyen le plus efficace d'éviter ou de diminuer ces inconvénients, c'est l'emploi d'un bon système de ventilation. Le problème à résoudre est celui-ci : Enlever d'une salle l'air, soit vicié par les êtres vivants ou par toute autre cause, soit trop refroidi, soit trop échauffé, et chargé de vapeurs et de substances animales. Le remplacer par un air pur, chaud en hiver, frais en été, de manière à assurer dans cette salle les conditions de la plus complète salubrité.

Il faut admettre d'une manière générale que l'état de l'air confiné, le plus favorable à l'entretien régulier de nos fonctions respiratoires, est celui qui se rapproche le plus de l'air ordinaire. Mais cette composition normale étant impossible à réaliser dans une enceinte où il existe une cause permanente d'altération, c'est-à-dire la réunion d'un certain nombre de personnes, les hygiénistes et les chimistes ont réuni leurs études pour déterminer les limites dans lesquelles il faut entretenir la composition de l'air dans un espace habité.

Des expériences de ventilation, indépendantes de toute idée théorique préconçue, ont été faites pour déterminer la quantité d'air qu'il importe de fournir à un certain nombre d'individus rassemblés, afin de maintenir leur respiration dans les conditions normales; les assistants de l'enceinte étaient établis seuls juges du manque ou de l'excès d'air sous l'influence de dosages variables. Un de nos habiles chimistes, M Félix Leblanc, par des recherches qui remontent à plusieurs années, trouva dans l'air sortant de l'enceinte, 2 à 3 millièmes d'acide carbonique par mètre cube, c'est-à-dire quatre à cinq fois plus qu'il n'en existe dans l'air normal. D'autre part, d'Arcet avait déjà fixé à 7 grammes de vapeur d'eau la quantité d'humidité que renferme un mètre cube d'air, lorsqu'il est capable de

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