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d'œil sur l'origine, sur les progrès de la langue et de la poësie françoise, des fragmens des troubadours et des autres poëtes, depuis Charlemagne jusqu'à François I", par Lacombe. Supplément. Paris, chez Nic. Aug. Delalain, 1767, in-8°.

L'auteur dans son coup-d'œil a vu les choses de travers, si l'on me permet de continuer la métaphore. Dans cette préface, comme dans son Dictionnaire, il marche sans critique et sans règle. Il compte les époques de la langue française d'après les règnes de nos rois, et prend la langue provençale pour un dialecte français. Un glossateur est jugé, quand il peut donner les vers suivants comme étant du VIIe siècle :

« Por amor de vos pri, saignos Barun

Si ce vos tuit escorer la leçun
De seint Esteve le glorieux Barun,
Escotet la per bone entencion,
Ki à ce jor receu la passion

Saint Esteve fut pleins de gran bonté,
Emment tot cels qui creignent Dieu,
Fesoit miracle o nom de Dieu mendé,
As contrat et au ces, à tos done santé,
Por ce haïrent au tems li juve. »

C'est du français du XIIIe siècle.

Dictionnaire philosophique, par Voltaire; voyez l'article François, Français, t. IV, p. 483-504, et l'article Langues, t. V, p. 511-540. (OEuvres de Voltaire, édit. Beuchot.)

Mémoire sur l'origine et les révolutions de la langue françoise, par Duclos, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XV, p. 565, et t. XVII, p. 171 (1751).

Ces deux Mémoires ont été réimprimés, sans nom d'auteur, sous le titre de Discours sur l'origine et les révolutions des langues celtique et françoise. Paris, Saugrain et Lamy, 1780, in-8°.

De la langue françoise comparée aux langues anciennes. C'est le chap. 3 du liv. I de la première partie du Cours de Littérature de Laharpe.

Lettre de l'auteur de l'Anatomie de la langue françoise, à M. le baron de B*** (Bernstorf), du musée de Paris, à l'occasion du Discours (de Rivarol) sur l'universalité de la langue françoise (par M. De Sauseuil). Londres et Paris, Guillot, 1785, in-12.

L'Esprit de la langue française, et la cause de l'universalité de cette langue, etc. Dijon, 1787.

Je n'ai pu prendre connaissance de cet ouvrage; on le dit de nulle valeur.

De l'Universalité de la langue françoise, par A. C. de Rivarol. Paris, Cocheris, an V (1797), in-4°.

Dissertation sur les causes de l'Universalité de la langue françoise, et la durée vraisemblable de son empire, par M. Schwab. Traduit de l'allemand par D. Robelot. Paris, Lamy, 1803, in-8°.

En 1783, P'Académie de Berlin avait proposé pour sujet de concours les trois questions suivantes :

Qu'est-ce qui a rendu la langue françoise nouvelle ?
Pourquoi mérite-t-elle cette prérogative?

Est-il à présumer qu'elle la conserve?

La dissertion de Rivarol et celle de Schwab furent toutes deux couronnées.

Discours sur l'origine et les progrès de la langue françoise, et sur ses caractères, par J.-B.-Fr. Gérusez, 1800, in-8°. Je n'ai pu prendre connaissance de cet ouvrage.

Essai sur les meilleurs ouvrages écrits en prose dans la langue françoise, et particulièrement sur les Provinciales de Pascal, par François de Neufchateau.

Cet estimable opuscule est placé à la tête d'une édition des

Lettres Provinciales. Paris, F. Didot l'aîné, 1816, 2 vol. in-8°, tome 1.

Grammaire Générale et raisonnée de Port-Royal, par Arnauld et Lancelot; précédée d'un ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES PROGRÈS DE LA LANGUE FRANÇOISE, par M. Petitot, 2o édition. Paris, Bossange et Masson, 1810, in-8°.

Dans cette prolixe dissertation de M. Petitot, le style est assez élégant, mais l'auteur manque de vues, et ne fait guère que répéter ce qui a été dit avant lui.

Histoire de la langue française, par Gabriel Henry. Paris, Leblanc, 1812, 2 vol. in-8°.

Ouvrage verbeux, oratoire, vague, plein de banalités; on y remarque cependant de l'érudition; l'auteur avait beaucoup lu, et son livre a le mérite de donner les titres de beaucoup de traités grammaticaux français; mais il faut se défier de ses indications bibliographiques.

Supplément au Glossaire de la langue romane, par J.-B. Roquefort; précédé de deux dissertations inédites; l'une sur l'Origine des François; l'autre sur le GÉNIE DE LA LANGUE FRANÇOISE, par M. Auguis. Paris, Chasseriau et Hécart, 1820, in-8°.

Essai sur l'universalité de la langue française, ses causes, ses effets et les motifs qui pourront contribuer à la rendre durable, par C. N. Allou. Paris, Firmin Didot, 1828, in-8.

Dictionnaire de l'Académie française, sixième édition. Paris, Firmin Didot frères, 1835, 2 vol. in-4°. V. la PRÉFACE placée à la tête du tome 1.

Histoire abrégée de la langue et de la littérature française, par F. Barthe. Paris, Hachette, 1838, in-8°.

SUR LE BON USAGE

DE LA LANGUE FRANÇAISE.

L'homme que son talent naturel appelle à être orateur ou poëte, n'a point apporté en naissant un discernement parfait de la propriété des termes, mais seulement un instinct vague du choix des expressions. La délicatesse de son goût est plutôt en germe que développée. Il cultivera et assurera ce goût par une lecture réfléchie des auteurs dont le style est précis et délicat, et en observant comment parlent les personnes dont le langage réunit ces deux qualités. Il faut qu'il apprenne à distinguer le dialecte littéraire des langages provinciaux, les expressions qui conviennent aux différents styles, la langue écrite du parler négligé. Un génie même supérieur, quelque goût qu'il ait reçu de la nature, ne peut se passer de cette observation approfondie. On apprend à devenir écrivain par le commerce des bons auteurs, comme on se forme à la politesse par l'usage du monde élégant. La politesse des manières, ainsi que celle de l'esprit, exige d'abord un tact naturel; mais toutes deux veulent impérieusement de la culture. Nul n'est en droit de dédaigner cette étude. Louis XIV et d'autres personnages célèbres, connus par leur ton exquis, se plaisaient à traiter, à discuter des cas de politesse; sentaient le besoin d'observations et de réflexions pour étendre et assurer leur jugement.

La même méthode et la même étude conduisent à la perfection des manières et à celle du langage; il y a même entre elles une liaison intime : comment supposer, en effet, dans une société des

propos délicats et des manières grossières? Ces grands écrivains du dix-septième siècle, si clairs, si nerveux, si élégants, étaient des personnes de bon ton, et s'étaient appliqués avec un soin extrême à connaître le bon usage des mots. Mais trop souvent l'étrangeté et la violence du style ont pris la place du naturel et de la délicatesse. On a oublié, ce semble, que tout écrivain, même de génie, s'abaisse par la grossièreté, rebute par la recherche et l'apprêt, et diminue l'influence légitime de ses écrits en dédaignant la pureté du langage.

Le but de ce discours est d'enseigner comment et où l'on peut apprendre la politesse et la pureté de la langue française. Je ne suis pas capable d'instruire d'exemple, mais je puis indiquer les modèles, enseigner les sources de l'Usage. Je vais entrer dans quelques considérations philosophiques, puis j'examinerai chez qui se trouve le bon usage écrit de la langue; enfin, arrivé à notre époque, je rechercherai quelles sont les causes de la corruption de l'éloquence actuelle, et où l'on peut, de nos jours, rencontrer des personnes qui parlent purement la langue française.

CHAPITRE I. Diversité littéraire des Langues.

On prête à Buffon cette phrase, qui n'est pas précisément la sienne: «Le style c'est l'homme. » Non, le style n'est pas l'homme, mais comme il est produit par l'esprit humain, il révèle une partie de l'homme. Ainsi, selon le génie particulier de chaque individu, son style variera, et offrira avec celui de ses compatriotes des nuances, des différences plus ou moins sensibles. Il en est de même des peuples; et de la différence des génies nationaux naît presque entièrement la variété littéraire des langues. Je dis presque entièrement, car il est des différences grammaticales qui viennent de l'oreille et non de l'esprit.

Selon que l'Esprit ou la Réflexion, l'Imagination ou le Senti

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