Oeuvres choisies de Mme Des Houllières

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Librairie des Bibliophiles, 1882 - French poetry - 155 pages

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Page 91 - Qui vous fait perdre vos appas. Plus heureuses que nous , vous mourez pour renaître Tristes réflexions ! inutiles souhaits ! Quand une fois nous cessons d'être , Aimables fleurs , c'est pour jamais. Un redoutable instant nous détruit sans réserve ; On ne voit au-delà qu'un obscur avenir : A peine de nos noms un léger souvenir Parmi les hommes se conserve. * Nous entrons pour toujours dans le profond repos D'où nous a tirés la nature , Dans cette...
Page 145 - Mais il faut seulement que le jeu nous amuse. Un joueur , d'un commun aveu , N'a rien d'humain que l'apparence ; Et d'ailleurs il n'est pas si facile qu'on pense , D'être fort honnête homme et de jouer gros jeu. Le désir de gagner , qui nuit et jour occupe , Est un dangereux aiguillon. Souvent , quoique l'esprit, quoique le cœur soit bon , On commence par être dupe, On finit par être fripon.
Page 89 - Ils nous livrent sans cesse à des soins criminels : Par eux plus d'un remords nous ronge. Nous voulons les rendre éternels, Sans songer qu'eux et nous passerons comme un songe.
Page 138 - Que l'homme connoît peu la mort qu'il appréhende, Quand il dit qu'elle le surprend ! Elle naît avec lui, sans cesse lui demande Un tribut dont en vain son orgueil se défend. Il commence à mourir longtemps avant qu'il meure: II périt en détail imperceptiblement 1 ; Le nom de mort qu'on donne à notre dernière heure N'en est que l'accomplissement.
Page 135 - Hippolyte la hait presque autant qu'elle l'aime : Rien ne change son cœur, ni son chaste maintien. La nourrice l'accuse ; elle s'en punit bien. Thésée a pour son fils une rigueur extrême. Une grosse Aricie, au teint rouge, aux crins blonds, N'est là que pour montrer deux énormes tétons, Que, malgré sa froideur, Hippolyte idolâtre.
Page 107 - DANS ces prés fleuris Qu'arrose la Seine, Cherchez qui vous mène, Mes chères brebis. J'ai fait, pour vous rendre Le destin plus doux, Ce qu'on peut attendre D'une amitié tendre; Mais son long courroux Détruit, empoisonne Tous mes soins pour vous, Et vous abandonne Aux fureurs des loups.
Page 103 - N'est-ce point qu'entre vo.us , tranquilles animaux , Tous les biens sont communs, tous les rangs sont égaux, Et que vous ne suivez que la seule nature ? Elle est sage chez vous , qui n'êtes point contraints Par une loi bizarre et dure. Quelle erreur a pu faire appeler les humains Le chef-d'œuvre accompli de ses savantes mains ! Que , pour se détromper de ces fausses chimères Qui nous rendent si fiers , si vains , On vienne méditer dans ces lieux solitaires.
Page 140 - Pourquoi s'applaudir d'être belle ? Quelle erreur fait compter la beauté pour un bien ? A l'examiner, il n'est rien Qui cause tant de chagrin qu'elle. Je sais que sur les cœurs ses droits sont absolus, Que tant qu'on est belle, on fait naître Des désirs, des transports et des soins assidus ; Mais on a peu de temps à l'être, Et longtemps à ne l'être plus.
Page 115 - Aux yeux brillans, à l'esprit sans défaut, Jusqu'à midi volontiers se mitonne. Je ne combats de goûts contre personne ; Mais franchement sa paresse m'étonne ; C'est demeurer seule plus qu'il ne faut Entre deux draps.
Page 126 - On n'aime plus comme on aimait jadis. Tous jeunes cœurs se trouvent ainsi faits. Telle denrée aux folles se débite, Cœurs de barbons sont un peu moins coquets; Quand il fut vieux le diable fut ermite, Mais rien chez eux à tendresse n'invite; Par maints hivers désirs sont refroidis; Par maux fréquents humeur devient bourrue. Quand une fois on a tête chenue, On n'aime plus comme on aimait jadis.

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