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teurs, celles qu'avoit publiées le P. Desmolets, et beaucoup d'autres qu'il prit dans le manuscrit original et sa copie. Voici donc cinq arrangements divers, deux en manuscrit, trois en imprimé, sans compter le Supplément du P. Desmolets. Si l'on y ajoute mon édition faite sur celle de M. Bossut, mais plus ample, et avec quelques différences, et enfin une édition donnée en 1783 en un volume in-12, sur les anciennes, mais avec des additions qui ne sont ni dans l'ordre de celles du P. Desmolets, ni tout-à-fait dans celui qu'a adopté M. Bossut, on aura sept, et même huit arrangements divers du Recueil des Pensées de Pascal. Je laisse à juger quel dédale pour quiconque veut trouver quelques rapports entre l'une ou l'autre de ces éditions si multipliées et si différentes; la nature de l'ouvrage rendant même fort difficile toute recherche, quelle qu'elle puisse être. Ce fut un des motifs qui me déterminèrent à joindre à mon édition de 1803 une table analytique fort ample. On la retrouve dans celle-ci avec quelques légères additions; et il seroit possible de la faire bien plus ample encore, s'il ne falloit pas savoir s'arrêter même

dans les meilleures choses. L'éditeur de 1783, André 1, ex- oratorien, et bibliothécaire de M. D'Aguesseau, a fait aussi, pour son édition, une table fort étendue; et je ne dissimule pas que je n'aurois aucunement hésité à la substituer à la mienne, si elle m'eût semblé préférable.

Ce que cette édition de 1783 a de vraiment utile, est un parallèle ou concordance entre les chapitres et paragraphes des éditions anciennes, et ceux des éditions nouvelles. J'ajoute à celleci une semblable concordance, qui servira à trouver les rapports entre les éditions anciennes et celle de M. Bossut, ou la mienne, ce qui est la même chose, et vice versa..

Il me reste à dire deux mots sur les deux manuscrits, l'original et sa copie, conservés ensemble à la bibliothéque impériale, où ils furent transportés après avoir échappé à l'incendie qui, en 1794, consuma la bibliothéque

Il est auteur d'une Réfutation de l'Émile de J. J. Rousseau, et éditeur des OEuvres de D'Águesseau, 13 vol. in-4°.

de

de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prez. Sans la copie, il seroit très difficile, sinon impossible, de faire usage de l'original; et encore, avec cette copie, on auroit bien du mal à s'y reconnoître, si la patience du P. Guerrier, religieux bénédictin, qui l'a conservée et peutêtre fait écrire, n'eût tracé dans l'un et l'autre volume des indications qui en sont la clef respective. Ces indications, dont on ne peut connoître l'emploi qu'après un certain examen, consistent en chiffres tracés à la mine de plomb, qui, dans la copie, font connoître les pages l'original où on les peut trouver, et réciproquement, dans l'original, indiquent les pages où ils sont dans la copie; avec cette différence cependant, que tous les chiffres, qui dans l'original sont précédés d'un tiret, de cette manière-85, n'ont aucun rapport avec la copie, et qu'il ne faut consulter que les chiffres non accompagnés d'autres marques. L'un et l'autre volume porte aussi beaucoup d'autres traces d'écriture, au crayon rouge, à la plume, en chiffres, en grandes lettres. Ces marques, faites pour se retrouver dans quelque édition, on

peut-être pour l'usage seul de la personne qui les aura tracées, ne m'ont pas semblé assez importantes pour chercher a en deviner l'intention.

Il a été de mon devoir de donner d'autant plus de soins à cette édition nouvelle, qu'étant stéréotype, et par conséquent destinée à se reproduire sans changements, il falloit la faire telle que désormais elle pût être le meilleur texte, le texte invariable des Pensées de Pascal. Je ne me flatte point d'y avoir réussi; mais je confesse que c'est mon désir le plus vif, et le but constant de mes efforts dans toutes les éditions de nos bons auteurs que,

depuis beaucoup d'années, je publie, soit en stéréotype,

soit autrement.

Paris, le 1er août 1812.

ANT. AUG, KENOUARD.

Je prie les lecteurs qui voudront juger équitablement de cet ouvrage de vouloir bien se reporter au temps où il fut composé : on remarquera que, gêné par les circonstances, je n'ai pu, en certains endroits, dire ma pensée toute entière; mais du moins je n'ai jamais cherché à la défigurer. J'ai respecté le grand homme dont j'écris la vic, sans me livrer à aucun esprit de parti.

Quelques philosophes modernes, forcés de reconnoître la supériorité du génie de Pascal, et un peu incommodés par le poids de ses opinions religieuses, ont affecté de rérandre que, dans les dernières années de sa vie où il les a le plus manifestées, sa tête étoit affoiblie. « Mon ami, << disoit Voltaire à Condorcet, ne vous lassez point de répéter que, depuis l'accident du pont de Neuilly, le cer « veau de Pascal étoit dérangé. » Il n'y a qu'une petite difficulté dans ce système : ce cerveau, dérangé en 1654, produisit en 1656 les Lettres provinciales, et en 1658 les Solutions des problèmes de la Roulette. Note de M. Bossut.

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