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prod(e) comme dans prō un allongement de date ultérieure (« eine nachträgliche » Verlængerung, » p. 5); ne peut-on admettre à côté de pro- thème nuρÓ πρό skr. pră un prōd abl., comme on est forcé d'admettre un prae locatif? Quant aux formes comme fuit prode (p. 3), si elles sont vraiment anciennes et ne reposent pas comme le veut M. Schuchardt sur une méprise, et si elles ont l'ō comme d'ailleurs on n'en peut douter, elles supposent simplement que l'élément de s'est ajouté à l'ablatif pro(d) et non au th. pro-. P. 7 à 9 se trouve une discussion intéressante sur le suffixe grec -dev lacon. = -θα = -θεν = · θεις (Hesych.) skr. -dhas, mais la comparaison de ce suffixe avec le lat. de osq. dat d'une part, avec le suffixe skr. -tas

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-tus de l'autre est un

défi aux règles de la phonétique. L'aphérèse de a dans de = skr. adhas est plus impossible encore que dans skr. ni — ani, p. 31.

2o M. S. rend bien compte par sa théorie de l'ombrien puni pune

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osque pán pon quom, pane osq. pan doni quam, et son explication de donicum quoni (avec rime comme dans tum quum, tam quam), etc., est élégante. Remarquons toutefois que doni-cum et son o n'est guère conciliable avec quoni-am (p. 12) et son o; remarquons de plus que les Latins auraient fait rimer toni quoni plutôt que doni quoni (cf. tum quum). Mais surtout les formes cume p. 14 et tame p. 16 font une difficulté sérieuse; car si on peut admettre le changement d'un n devenu final par la chute de la voy. précédente en m final (c'est-à-dire au fond en anusvāra, en voy. nasale NEUTRE), il est bien plus malaisé de se représenter un n médial devenant m médial (c'est-à-dire un m véritable et consonne), et l'exemple de permicies et d'une forme OMBRIENNE obscure (p. 15) est loin d'être assez probant. D'ailleurs M. S. se laisse duper par l'écriture et traite le m médial et le m final comme un même son. Sur les mots comme exin exim M. S. a plus de chance d'avoir trouvé juste. Mais quand il arrive aux adv. en tim (juxtim partim paulatim, etc.) le rapprochement ingenieux de πρότι ἀκλαυτί ἐγρηγροτί, etc., aura peine à faire passer l'outrance de sa théorie. Sa dissertation contient néanmoins une foule d'aperçus (souvent de digressions) dignes de remarque: sur le datif plur. et la prétendue chute de bh p. 34, sur les locatifs en in en p. 38, etc., et bien d'autres. Pourquoi M. S. suppose-t-il dans re-di-vivus dans pro-dě, etc., la présence de la prépos. dē? l'admission d'une syllabe enclitique di cadrerait mieux avec ses idées sur l'enclitique ni.

dire

que

En résumé cette brochure renferme des parties à lire, mais on ne peut les conclusions de M. S. soient définitives. La phonétique surtout aurait à redire à plusieurs détails.

Louis HAVET.

22.-Les Antiquités Romaines envisagées au point de vue des institutions politiques par P. WILLEMS, professeur à l'Université de Louvain. Louvain, 1870. Gr. in-8°, viij et 331 p. Prix: 7 fr.

Cet ouvrage est excellent. Il tient ce que promettent le titre et la préface. C'est un résumé précis et substantiel de la matière qui mérite de devenir le vade mecum de tous ceux qui veulent étudier les antiquités romaines au point de vue

politique et plus spécialement à ceux qui s'occupent de l'histoire du droit romain. « En Belgique, nous dit l'auteur, la loi du 1er mai 1857 sur l'enseignement >> supérieur a inscrit au programme de la candidature de philosophie et lettres : les antiquités romaines, envisagées au point de vue des institutions politiques. » Et il ajoute que presque tous les élèves auxquels ce cours est destiné se préparent à l'étude du droit et que, dans l'esprit de la loi, les antiquités romaines servent avant tout d'introduction au droit romain. Ceci nous prouve qu'en Belgique les professeurs tant des Universités libres que de celles de l'État, s'appliquent à faire des cours d'ensemble sur les diverses branches de la science et non pas seulement des leçons sur des sujets choisis. Il nous prouve en outre que les élèves suivent assidument ces cours, y préparent leurs examens et ne se contentent pas de prendre des inscriptions.

Conformément à son programme, M. Willems a laissé de côté tout ce qui concerne les antiquités religieuses et les antiquités privées. Il a donné une large place au droit privé et traité d'une façon plus abrégée du droit public et des institutions politiques. Néanmoins son ouvrage donne tout ce qui est essentiel; il est fait avec beaucoup de clarté et de méthode et nous ne doutons pas qu'il n'atteigne parfaitement son but. Nous trouvons seulement que le troisième et dernier livre, qui a pour objet les principales branches de l'administration est un peu écourté. Le chapitre sur les provinces l'est décidément trop.

La première partie est historique; elle comprend l'époque de formation jusqu'à la fin des luttes entre le patriciat et la plèbe. La seconde partie est systématique et comprend l'époque d'achèvement où le droit et les institutions sont déjà fixés; elle traite des personnes (droit privé) tant des citoyens que des étrangers, puis des pouvoirs constitutifs du gouvernement (comices, sénat, magistrats, changements survenus sous l'empire), enfin des branches principales de l'administration.

Ce qui fait la valeur hors ligne de ce travail, c'est la conscience avec laquelle il est fait, le soin minutieux et l'extension que l'auteur a donnés dans ses notes à la partie bibliographique. En se servant d'un pareil guide, on trouvera facilement la voie à suivre pour des recherches spéciales et l'indication de toutes les sources à consulter, qu'il ne remplace pas sans doute, mais qu'il résume d'une façon tout à fait satisfaisante. Nous n'avons certainement en français aucun ouvrage meilleur sur la matière.

Ch. M.

23.

La Cronaca Dino Compagni, opera di Antonfrancesco Doni, dimostrata per Giusto GRION. Vérone, H. F. Munster, 1871. In-8°, 60 p. — Prix :

2 fr.

Le remarquable travail où M. Scheffer-Boichorst a démontré que la chronique de Ricordano et de Giacchetto Malespini n'est point la source, mais au contraire un extrait des premiers livres de Giovanni Villani, se termine par ces mots :

1. Sybel's Zeitschrift, 1870. 4. Heft, p. 274: Scheffer Boichorst, Die florentinische Geschichte der Malespini eine Falschung.

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Qui mettrons-nous à la place de Ricordano? Il faut bien qu'il y ait un « Père >> de notre histoire. » — On répondra: Dino Compagni. Soit. Il peut en attendant occuper la place d'honneur. Mais pourra-t-il la garder? Savante Florence, ne crains-tu pas de voir venir le jour où l'esprit critique d'un Allemand se sentira le droit de porter la main sur l'ouvrage de celui que tu aimes à appeler ton Thucydide, que tu nommes si volontiers à côté de ton Machiavel? »

M. Giusto Grion, professeur à l'Université de Padoue, n'a point voulu laisser ravir par un Allemand la gloire de démontrer l'inauthenticité de la chronique de Dino Compagni; bien plus, il a voulu montrer en même temps que la chronique de Paolino di Piero (xive s.): Cronaca delle cose d'Italia dall' a. 1080-1305, n'est qu'une audacieuse falsification du xv s. Jaloux de ne pas se faire le simple imitateur des Allemands et de montrer de l'originalité, il a introduit dans la critique historique un genre nouveau, le genre bouffe. Sa brochure est une série de calembredaines, de plaisanteries d'un goût douteux sur Pierre et Paul (p. 4 et passim), sur Dino-Doni, Din-Din, Din-Don, di no (p. 5, 60), etc. C'est de la critique historique faite par Pulcinella ou Stenterello. Avec un pareil style, M. G. aurait dix fois raison qu'il paraîtrait encore avoir tort. Aussi n'aurait-il rencontré chez les esprits sérieux que le silence et le dédain, si l'article de M. Scheffer-Boichorst sur Malespini n'avait réveillé, au sujet de Compagni, les doutes exprimés autrefois par la revue Il Piovano Arlotto (Firenze. Février 1858, p. 83), et invité tous ceux qui s'occupent de l'histoire d'Italie à un examen plus attentif des sources florentines. C'est seulement par une étude minutieuse et comparative des diverses chroniques, de Villani, Paolino di Pieri, Simone della Tosa, que l'on pourra arriver à des idées claires sur leur mode de composition. Nous ne chercherons ici qu'à montrer l'insuffisance des preuves fournies par M. G. et à élucider quelques points de détail.

La chronique de Paolino di Piero s'étend de 1080 à 13051. D'après son texte même, elle aurait été composée au commencement du xiv s. L'auteur (ad ann. 1118) parle d'un champ acheté en 1118 par les Florentins sur le territoire de Pise et qui resta inculte Infino al presente giorno, ciò fù a dì quattro Luglio anni trecento due più di mille, allora che io la vedi. Il devait avoir à cette époque au moins trente à trentecinq ans, puisqu'il parle comme témoin oculaire de l'entrée de Charles d'Anjou à Florence en 1284 (d'ap. Villani, 1282): « Ed io che 'l vidi, ed udii, ne porto la » testimonianza di veduta. » D'après un autre passage il aurait été encore plus âgé, puisqu'il aurait assisté à la mort de Messer Azzolino degli Uberti dont il raconte l'exécution en 1268 et au sujet duquel il ajoute (ad ann. 1270): In questo tempo ho io trovato altrove scritto che furon presi quegli degli Uberti, e morti messer Azzolino e compagni, de quali e scritto addietro due anni; ed io perciocchè li vidi, credo, che cosi sia il vero, ma perciocchè io non ne sono certo, non l'ho mutato. Quoi qu'en dise M. G., Manni a raison de trouver que cette phrase n'a aucun sens et de préférer la leçon d'un autre ms. qui donne ed io perciocchè non li

1. Publiée par Domenico Maria Manni, d'après un ms. de la Magliabecchiana, dans le suppl. aux Scriptores Rerum Italicarum de Tartini. T. II, p. 4.

vidi, c'est-à-dire : « Un autre écrivain rapporte à 1270 ce que j'ai raconté à » 1268; n'ayant point été témoin de l'événement, je veux bien croire qu'il a >> raison; mais n'en étant point certain, je ne change pas ce que j'ai écrit.» Nous pouvons donc supposer que Paolino di Piero était tout enfant en 1270, si même il était déjà né; qu'en 1282, il était assez grand pour assister à l'entrée de Charles d'Anjou, mais fort jeune encore; ce qui explique les erreurs chronolo-giques (de deux ans, si l'on suit Villani) où il tombe en racontant ses souvenirs d'enfance.

Pourtant certains indices peuvent faire croire que ces diverses indications sont fausses et que la composition de l'œuvre doit être ramenée à une date plus récente, tout au moins postérieure à l'année 1350. Mais les arguments choisis par M. G. sont peu probants. De ce que Paolino se trompe d'un an sur la date de la mort d'Ugolin (ad ann. 1299), de ce qu'il appelle Lapo degli Uberti : un ser Lapo notaio (ad ann. 1301); de ce qu'il raconte avec exagération les dégâts commis par Corso Donati dans le jardin des Chiarmontesi (ad ann. 1301) ; de ce qu'il dit, en 1299, que papa era ancora Bonifazio, et que il trecento cominciò allora per la pasqua di Natale; enfin de ce qu'un concitoyen et presque un contemporain de Boccace parle des saints avec un sourire tutti gli altri Santi..... grandi e piccoli (préambule), il ne s'ensuit pas que l'auteur n'ait pas vécu au commencement du xiv° siècle. Il ne s'ensuit pas surtout que cette chronique aride ait été fabriquée par Luca Pulci, parce que Pulci se moquait aussi des saints. M. G. aurait pu trouver d'autres arguments plus graves. A l'année 1215, en parlant des luttes des Guelfes et des Gibelins, il ajoute que Florence, forse..... ancora ne sente. Parole étrange dans la bouche d'un contemporain de Dante. Faut-il lire forte? Ce qui est plus grave encore, c'est qu'aux années 1299 et 1300, il parle du Perdono cinquantesimale; or le jubilé de cinquante ans ne fut établi qu'en 1350. Mais Manni corrige avec raison centesimale, comme l'exige le contexte explicatif : perciocchè il trecento cominciò allora per la Pasqua di Natale. C'est un copiste inintelligent qui, après 1350, aura changé centesimale en cinquantesimale.

Reste l'argument le plus fort contre l'authenticité de la chronique de Paolino, argument qui n'a pas échappé à M. G., mais qu'il ne présente pas dans toute sa force, je veux parler de son étroite parenté avec la chronique de Villani. Si celle de Paolino est réellement, comme le veut M. G., un extrait de Villani, l'auteur nous trompe quand il nous fait croire qu'il écrivait en 1302; il nous trompe probablement aussi lorsqu'il se prétend témoin oculaire en 1282; car il n'aurait pu se servir de Villani que vers 1350, époque à laquelle il aurait eu environ quatre-vingts ans. -Les rapports de la chronique de Paolino et de celle de Villani sautent aux yeux (voy. Paolino ad ann. 1115, 1117, 1273, 1274, 1275, 1278, 1280, et Villani, IV, 29; VII, 42, 43, 49, 52, 55, et passim). Il semble (ad ann. 1270) que Paolino

1. M. G. fait remarquer que le nombre des plantes coupées par Corso Donati est de 3488 IIIMCCCCLXXXVIII 1488 - 3 1485. Donc la chronique fut fabriquée en 1485. Il n'y a rien à répondre à cela.

fasse allusion au 1. VII, ch. 35 de Villani quand il dit avoir trouvé altrove scritto qu'Azzolino degli Uberti fut mis à mort en 1270. Enfin on dirait qu'en certains passages Paolino s'est servi de Villani sans le bien comprendre. Il ne me paraît pas aussi évident qu'à M. G. (p. 6) que Paolino ait mis l'origine des luttes des Blancs et des Noirs en 1297, parce que Villani dit à l'année 1298 (VIII, 26) que les prieurs habitaient nella casa de' Cerchi bianchi, c'est-à-dire dans la maison qui fut plus tard celle des Cerchi bianchi. Nous ignorons la date précise des troubles de Pistoia, où prirent naissance les factions qui devaient déchirer Florence. Mais si Paolino place en 1280 la venue du cardinal Latino à Florence, qui est de 1278 ou 1279 d'après Villani, cette erreur ne vient-elle pas du texte même de Villani mal compris ? Celui-ci, en effet, raconte au 1. VII, ch. 55, que l'archevêque de Trèves vint à Florence en 1280, puis il parle au ch. 56 de la venue du cardinal Latino qu'il place en 1278.- Paolino fait commencer le Jubilé de 1300 à Noël 1299, tandis qu'il commença seulement en février. Cette méprise n'a-t-elle pas eu pour origine le texte de Villani (VIII, 36) qui dit que le jubilé fut institué a reverentia della natività di Cristo? Enfin le passage suivant de Paolino n'est-il pas un abrégé mal fait du ch. 40 du 1. VIII de Villani?

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PAOLINO.

Essendo catuna parte adunata a casa de' Frescobaldi a una morta, nel levare della gente catuna parte temendo, e recandosi l'arme in mano, fecero insieme alcuna vista, e non facendo cosa l'uno contra l'altro, misero la terra tutta a romore.

VILLANI.

Andando messere Corso Donati e suoi seguaci, e quelli della casa de Cerchi et loro seguaci armati ad una morta da casa Trescobaldi, sguardandoci insieme luna parte et l'altra si vollono assalire, onde tutta la gente ch' era ragunata si levarono a romore, cosi fugendo tornando ciascuno a casa, tutta la città fu ad arme, facendo luna parte e laltra grande raunata a casa loro.

et

Toutefois, bien que ces indices et d'autres encore puissent faire voir dans la chronique de Paolino une œuvre fausse, fabriquée d'après Villani, cette hypothèse n'est pas la seule possible. Elle n'est même pas la plus vraisemblable. Je verrais bien plutôt dans Paolino une des sources de Villani, ou mieux encore une chronique composée sur les mêmes sources qui ont servi à Villani.

Pour prouver que la chronique de Paolino est fausse, il faudrait montrer quel peut avoir été l'intérêt et le but de la falsification; et c'est ce qu'il est impossible de discerner. Il faudrait surtout expliquer comment le faussaire du xve siècle aurait passé sous silence tant de choses intéressantes qui se trouvent dans Villani et qu'aucun des écrivains postérieurs n'omit jamais de raconter; par ex. l'établissement du primo popolo (Villani, VI, 40), l'établissement des prieurs (VII, 825), les réformes de Giano della Bella (VIII, 1). Est-il vraisemblable qu'un faussaire, sans se contenter, comme le prétendu Malespini, d'abréger et de reproduire Villani, se fût donné la peine de composer une œuvre d'une véritable valeur historique, en compulsant des textes divers? qu'il eût recherché dans Martinus Polonus des passages que Villani a laissés de côté (voy. ad ann. 1120, cf. Mart. Pol. ad Calixtum II, sur Burdinus; ad ann. 1122, cf. Mart. Pol. ad Henricum IV, sur l'origine des Templiers)? Villani ne donne pas la série des podestats, Paolino di

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