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niae d'Hermann de Wartberg (p. 187-193); à la chronique rimée en tchèque et en allemand dite de Dalimil, 1282-1314 (p. 206).

On ne saurait trop louer M. L. du soin avec lequel il indique les sources aujourd'hui perdues qui se trouvent mentionnées ou citées dans des ouvrages postérieurs, par ex. : les Annales de Sindelfingen, 1276-1294, par Conrad de Wurmelingen (p. 33-35), dont Crusius (Annales Suevici, 4 vol. 1594) a conservé des fragments; le De Princip. Habsburgensibus par Henri de Klingenberg, évêque de Constance (p. 47); le Chronicon hassiacum de Jean Riedesel dont des extraits ont été publiés à la fin du xv s. par Gerstenberger (p. 131); la chronique de la Terre-Sainte et de frère Jean Plan Carpin par Raychonus (p. 168); la plus ancienne chronique d'Oliva près Dantzig (p. 174), etc. On peut ainsi donner à côté du catalogue des œuvres du moyen-âge parvenues jusqu'à nous dans leur intégrité, le catalogue de celles dont l'existence nous est attestée, mais qui ont été perdues soit partiellement soit en entier. De pareilles indications peuvent faciliter les recherches dans les manuscrits, préparer même des découvertes. On peut toujours espérer quelque bonne fortune semblable à celles qui ont fait retrouver Richer ou les Annales Altahenses. M. L. indique aussi des manuscrits demeurés inédits, tels que la petite chronique de Dandolo (p. 284), la Chronographia summorum pontificum et imperatorum de Conrad de Halberstadt (p. 146); et le ms. 3375 de Vienne, contenant des Annales; il désigne les auteurs qui ont besoin ou d'être édités avec plus de soin comme la chronique rimée de Styrie (p. 252-260); ou d'être soumis à une critique complète et détaillée comme Pierre de Zittau (p. 209-216), Bernardus Noricus (p. 236-239), Albertinus Mussatus (p. 296), Giovanni Villani (p. 285-287), et les divers polémistes qui ont soutenu les prétentions de l'empire ou celles de la papauté pendant les luttes du xive s. (p. 302, sq.). Enfin M. L. note toujours et avec raison les points sur lesquels il complète ou rectifie Potthast'; il permet ainsi à ceux qui s'occupent du moyenâge de corriger des erreurs que ce répertoire si utile et si répandu risque d'enraciner profondément.

Sur tous ces points, M. L. a rempli avec une fidélité scrupuleuse ses devoirs de guide et de professeur; quant à la critique particulière de chaque source, s'il ne nous apporte pas beaucoup de résultats nouveaux, il éclaircit pourtant un certain nombre de points. Il attribue avec une certaine vraisemblance à Jean de Colmar (Johannes de Columbaria) les Annales Basilienses de 1266-1278 et la Chronique qui font partie des Annales dominicaines de Colmar (v. Mon. Germ. SS. XVII, 183-270. Lorenz, p. 10-14). Il pense que Gottfried de Strasbourg ou d'Ensmingen n'a écrit que les Gesta Rudolfi et qu'il faut attribuer à un autre auteur les Gesta Alberti, où percent des passions politiques inconnues à Gottfried (p. 20). Il doute qu'Albertus Argentinensis (mort au milieu du xvi® s.) ait eu aucune part à la composition de la Chronique Strasbourgeoise dont la première partie fut l'œuvre de Mathias de Neubourg (p. 29). Il montre que la chronique

1. A. Potthast, Bibliotheca historica medii aevi. Wegweiser durch die Geschichtswerke des Europæischen Mittelalters von 375-1500. Berlin, 1862. — Supplément, 1868.

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de Lichtenthal (1245-1372) n'est pas une chronique, comme le disent Mone et Potthast, mais de simples notes sans lien et sans suite (p. 33). Il détermine trèsbien le caractère du 25o livre ajouté par Henri de Diessenhoven aux 24 livres d'histoire ecclésiastique de Ptolémée de Lucques; la première partie seule est rédigée, le reste est un assemblage informe de notes réunies par lui et sous sa direction jusqu'en 1362 (p. 56-60). Un passage de la continuation de la chronique de Reichersperg lui a fait trouver le véritable auteur des fragments d'Annales dits Annales Wessofontani (de Wessobrunn, 1195-1279). C'est le prieur Konrad de Ranshoven et non le moine Konrad Pozzo (p. 62). Il établit que la Cronica praesulum et archiepiscoporum de Cologne (p. 1370), n'a pas été composée en 1370 comme on le dit d'ordinaire, mais plus tard sur des documents incomplets (p. 95). Il soutient l'hypothèse que la version allemande de la chronique. rimée dite de Dalimil ne serait pas faite d'après l'original tchèque, mais d'après la version allemande en prose qui aurait été composée en Bohême en même temps que la version tchèque, dans un esprit naturellement tout différent (p. 206208). Le chapitre sur Pierre de Zittau, moine de Koenigsaal, le monastère favori de Wenceslas II, et qui écrivit dans la première moitié du xive s. son importante Cronica Aulae Regiae (1253-1338), est jusqu'ici l'étude la plus complète et la plus précise que nous possédions sur ce chroniqueur (p. 209-216). On peut en dire autant du chapitre consacré à la Chronique rimée de Styrie, composée par Ottokar, dit à tort de Horneck. M. L. montre que les renseignements oraux ont seuls été mis à contribution pour cet immense poème de 83000 vers. Il faut y distinguer deux parties bien distinctes, l'une où Albert Ier d'Autriche est jugé avec une grande faveur (vers 1280-1291), l'autre où il est traité très-sévèrement (après 1303). Le récit de la prise d'Akkon qui est absent du ms. d'Admont, marque la séparation des deux parties, composées évidemment, la première sous le règne de Rodolphe, quand Albert n'était que duc, l'autre sous Albert lui-même. -M. L. rectifie l'opinion qui attribue au bourgmestre de Vienne Paltram, les Annales autrichiennes de 1264-1301, et montre qu'on l'a confondu avec le conseiller Paltram Vatzo (vatzen cavillari, illudere) sur lequel nous possédons des documents authentiques de 1260 à 1301.

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M. L. a accordé une attention spéciale à la chronique universelle de Martinus Minorita, Flores Temporum ab O. C. 1288, œuvre franciscaine composée à l'imitation de la chronique dominicaine de Martinus Polonus ou de Troppau (ab O.C.-1277) et pour ainsi dire en concurrence avec elle. Ces deux chroniques furent répandues à profusion dans l'Europe entière, pillées par tous les historiens postérieurs et continuées en plusieurs endroits différents. Nul écrit n'a eu autant d'influence sur l'historiographie du M. A. que les chroniques Martiniennes (voy. Wattenbach, 512-515; Lorenz, 7, 8, 23, 38-40, 83, 156, 229). M. L. montre que le nom de Martin était devenu comme un nom générique appliqué à toutes les chroniques renfermant l'histoire des papes et des empereurs. On a ainsi un Martin à Fulda (p. 131) un autre à Lubeck (p. 168); un autre à Trèves (p. 110). Quant à la chronique franciscaine connue sous le nom de Martinus Minorita, M. L. pense que nous n'en connaissons pas l'auteur, et il ne serait pas éloigné de croire que ce nom de Martin fut donné à cette chronique, uniquement parce

que le manuel historique dominicain était une Chronica Martiniana. Le nom d'Hermann de Gênes (Hermannus Januensis), de l'ordre des Guillelmites, à qui Eccard attribue la continuation de 1288-1349, n'est pas mieux établi. En tous cas il faut rayer absolument le nom d'Hermannus Gigas à qui Potthast attribue la continuation de Martin, et Pertz l'œuvre originale dont les Flores temporum seraient des extraits. Ces erreurs ont pour origine une confusion de Meuschen qui ayant mal lu le nom d'Hermannus Januensis, publia à La Haye en 1743, une chronique Martinienne sous ce titre : Hermanni Gygantis ordinis fratrum minorum flores temporum.

M. L. avait terminé son livre quand a paru le travail de M. Scheffer-Boichorst sur les Malespini'. Dans un addendum à la p. 285, il se range entièrement à l'avis de M. Scheffer, d'après lequel la Chronique des deux Malespini serait non une source de Villani, mais un extrait de Villani fait dans la seconde moitié du Xives. Les raisonnements de M. Scheffer paraissent à M. L. comme à nous, tout à fait irréfutables.

Je ne trouve pas suffisamment convaincantes les preuves apportées par M. L. pour démontrer que les chroniques composées à Kremsmünster et attribuées au cellérier du couvent, frère Sigmar (Ms. à Vienne 610.- Editées dans le 2o vol. de Rausch, Rerum Austriacorum scriptores. Vienne, 1790-1794. 3 vol. in-4°), sont du même auteur que les chroniques plus développées composées dans le même couvent et attribuées au moine Bernardus Noricus (Ms. à Kremsmünster, éd. dans le 1er vol. de Pertz, Scriptores rerum Austriacorum, 3 vol. in-fol.). M. L. ne décide pas lequel des deux noms est le véritable nom de l'auteur; mais il prétend prouver que les deux collections de chroniques ont le même auteur.

Il fait d'abord remarquer que les deux mss. de Vienne et de Kremsmünster contiennent des ouvrages de même nature rangés dans le même ordre:

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De plus on lit dans le Prologue du Ms. Cremif.: «< Dixisse sufficiat quod primo >> Sanctus Phylippus apostolus directus ab apostolis in Scythia predicavit. Scythia » vero est provincia vel pocius regio europe secundum Isidorum cui conjungitur >> germania, que continet noricum, ut alias plenius declaravi. » On trouve dans le Ms. de Vienne (Rauch, II, 351): « Nam beatus Philippus apostolus per » Scythiam XX annis verbum domini predicavit Scythia autem secundum Ysi» dorum libro 14 est prima regio Europe et habet Alaniam, daciam et Gociam. » Cui conjungitur Germania, que continet Alemanniam et Sueviam, Noricum et » Wawariam, orientalem Franciam et Saxoniam. » — Mais ce passage ne se

1. Sybel's Historische Zeitschrift, 1870. 4. Heft.

trouve pas dans le corps du Ms. il est ajouté en marge. Au lieu de supposer que le copiste a ici complété d'après un bon manuscrit sa transcription faite d'après un ms. incomplet, n'est-il pas plus vraisemblable de voir là ainsi que dans les autres notes du Ms. de Vienne, des additions faites par un homme qui revoit et complète l'œuvre d'un prédécesseur. Il peut renvoyer à ces gloses lorsqu'il compose à son tour un ouvrage original. Quelle vraisemblance y a-t-il d'ailleurs qu'un écrivain compose deux fois la même série d'ouvrages, en leur donnant seulement la seconde fois plus de développement que la première? Qu'y a-t-il de plus naturel au contraire que Bernardus Noricus ou tout autre, moine à Kremsmünster, ait fait une révision des écrits de son prédécesseur (qu'il s'appelle Sigmar ou autrement) et les trouvant insuffisants, ait entrepris sur le même plan une série d'ouvrages plus développés? Remarquez d'ailleurs que l'œuvre arrêtée dans Sigmar à 1313, finit chez Bernard à 1321, celles qui se terminent chez le premier à 1231 et 1298, s'arrêtent chez le second à 1313 et 1311. Il semble bien qu'on ait là les écrits de deux auteurs, dont l'un précède l'autre de quelques années. M. L. cite il est vrai un dernier passage du Ms. Cremif. qui lui paraît concluant et qui ne nous paraît qu'obscur. L'auteur dit qu'il racontera l'histoire des évêques, des ducs et des abbés dont dépend le monastère « ipso ordine ut » plenius valeo observato quod me in prioribus memini promisisse. » Cela veut-il dire << en observant l'ordre que j'ai promis (ou que j'ai déjà observé) dans mes » ouvrages antérieurs? » Emploierait-il « me memini » en parlant de ses propres œuvres? M. L. a peut-être en réserve des preuves plus concluantes; mais sa thèse ne me paraît pas jusqu'ici démontrée.

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Le plus grave reproche que j'aurai à adresser à M. L. c'est de n'avoir pas assez songé qu'il composait un manuel destiné à être entre les mains d'étudiants, de jeunes gens qui ne sont pas encore au courant des questions critiques qu'il traite. Il paraît supposer que ses lecteurs connaissent déjà tout ce dont il leur parle. Autant que je puis en juger, le style m'a paru négligé et souvent obscur; la lecture du livre de M. Wattenbach est bien plus facile et agréable. M. L. abuse de l'habitude allemande de donner en abrégé les indications bibliographiques. Par ex. Gabelkover (p. 33) indique l'histoire générale du Wurtemberg de cet érudit; — Warnkoenig I (p. 117) veut dire Ier vol. de l'ouvrage en 3 vol. de M. Warnkœnig sur la Flandre, publié à Tubingen 1835-1839. Sennae Bibl. (p. 14) veut dire : Sixte de Sienne, Bibliotheca sancta, 1586, in-4o1. Au lieu de Scheid, Origines, il ne serait pas beaucoup plus long d'imprimer Scheidt, Origines Guelficae. Je pourrais citer cinquante exemples analogues et se rapportant à des ouvrages moins connus. Tout au moins M. L. aurait-il dû ajouter à son livre une liste bibliographique des ouvrages cités dans les notes en abrégé. Une autre omission plus grave consiste à ne presque jamais donner le titre sous lequel sont connues et imprimées les sources dont il parle, et de n'indiquer que rarement la période précise qu'elles embrassent. M. L. omet parfois de nous dire si elles sont écrites en latin ou en allemand; ainsi pour Jacob Twinger de Koenigshofen (p. 31), il parle des Annalen von Dunamund, mais il ne dit pas qu'elles sont écrites en latin et

1. Pourquoi p. 7 y a-t-il : Ant. Sennae?

connues comme Annales Dunemundenses. M. Wattenbach n'avait jamais manqué de donner en note le titre consacré et les dates extrêmes de toutes les sources qu'il cite. En le négligeant M. L. fait perdre du temps à ceux qui lisent son livre et qui sont obligés de chercher ces données ailleurs. Il devient parfois confus et obscur (voy. p. 195 sur les Annales de Silésie). Comment voudriez-vous qu'on parlât des diverses annales de Lorsch par exemple, sans les distinguer par les noms d'Ann. Laureshamenses, Nazariani, Laurissenses majores et minores? Pour avoir négligé ces détails, M. L. manque souvent de la précision si indispensable dans un livre comme le sien.

Un ou deux passages sembleraient indiquer qu'il manque aussi de la mesure et du calme nécessaire au critique. Dans son enthousiasme pour la chronique rimée de Styrie, il dit que les discours mis dans la bouche des personnages historiques les font souvent mieux connaître que ne le feraient leurs propres paroles si on les possédait (p. 260). C'est aller bien loin, car si les auteurs contemporains ont pu composer des discours contenant, comme le dit M. L., une vérité interne, c'est parce qu'ils ont connu les paroles et les actions des personnages qu'ils font parler. M. L. a tort également dans un manuel scientifique de manifester de la mauvaise humeur contre les Monumenta Germaniae (V. p. 259, n. 3). Quels que puissent être les défauts des hommes qui y ont travaillé, l'œuvre est trop grande et trop belle pour qu'il ne soit pas oiseux de lancer contre elle des épigrammes. Mais surtout M. L. ne devrait pas introduire dans un livre aussi sérieux des querelles d'un ton tout personnel (p. 262, n. 1). C'est confondre la critique avec le pugilat:.

Malgré les quelques critiques que nous avons cru pouvoir lui adresser, M. L. a droit à toute notre reconnaissance pour la tâche utile et pénible qu'il a entreprise et dont il vient de terminer heureusement la première partie. Nous ne pouvons que souhaiter la prochaine apparition du volume qui comprendra les sources du xve s. et inviter nos compatriotes à entreprendre des études analogues sur les sources de notre histoire.

41.

г.

Geschichte der Logik im Abendlande von D' Carl PRANTL, Professor an der Universität und Mitglied der Akademie zu München. Vierter Band. Leipzig, Hirzel, 1870. In-8° viij-305 p. - Prix: 10 fr. 75.

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Dans ce quatrième volume de son histoire de la logique en Occident, M. Prant a mené jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'au commencement du xvi° siècle, l'histoire de la logique scolastique qu'il a commencée avec le second volume. Nous

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1. L'impression du livre de M. L. est excellente et très-correcte. Je n'ai remarqué comme fautes que: wie er répété deux fois l. 27 et 29, p. 45; Gechichte, p. 171; 1278 p. 1378, p. 192. — L'index est incomplet. La chronique de Lichtenthal (Lucidae vallis) y manque. M. L. a tort d'appeler toujours la Collection des Chron. belges inéd. : Corpus Chron. Flandriae. Ce corpus n'est qu'une partie de la Collection. Jean de Heelu (p. 119, n. 4) fait partie de la Collection et pas du Corpus. C'est à tort qu'après avoir parlé des annales de Conrad de Wurmelingen conservées partiellement dans Crusius et Gabelkover, il dit que Nauclerus les a « noch » connues, puisque Nauclerus (m. 1510) est d'un siècle antérieur à ces deux savants.

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