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avec 4,000 hommes. Le général Platz assiégeait Stettin. Réduit à l'extrémité par le défaut absolu de vivres, le général Grandeau capitula le 21 novembre, à condition que les Prussiens n'entreraient que le 5 décembre dans la place. Elle renfermait une garnison de 7,100 hommes parmi lesquels étaient 1,400 Hollandais auxquels on permit de se retirer dans leurs foyers.

Prise de Torgau.

Depuis le 23 octobre, le comte de Tauentzien dirigeait le siège à Torgau. Le comte de Narbonne, qui commandait dans cette place, étant mort d'une chute de cheval le 17 novembre, il fut remplacé par le général Dutaillis. Le siège régulier commença le 22. Le bombardement força la garnison à abandonner, dans la nuit du 10 au 11 décembre, le fort de Zinna; après cette perte, le général Dutaillis ne put pas se maintenir dans la place; il capitula le 26. Dix mille hommes formant la garnison se rendirent prisonniers.

Prise d'Erfurt.

Magdebourg était assiégé par le général Puttlitz et défendu par le général Lemarrois. Nous ferons mention dans la section suivante de la reddition de cette place. Le général Kleist assiégeait Erfurt. Par suite d'une capitulation signée le 20 décembre, le général français d'Alton se retira dans les deux forts de Petersberget de Cyriacsbourg, et la ville fut remise aux Prussiens le 6 janvier 1814.

S XV

Accessions à la Grande Alliance.

Rétablissement des Gouvernements légitimes à Cassel, à Hanovre, à Oldenbourg, à Brunswick.

« Et la voix de la nation, fidèle à son ancienne renommée, rappelait ses anciens Princes! >

Pendant que Napoléon traitait avec le Roi d'Espagne, les princes d'Allemagne qu'il avait dépouillés de leurs États s'empressèrent d'en reprendre possession; ceux auxquels il avait imposé son protectorat l'abandonnèrent et conclurent des traités avec ses ennemis.

Jérôme Napoléon n'avait appris le désastre de Leipzig que le 25 octobre à deux heures de l'après-midi. Dans la nuit du 25 au 26, il quitta sa capitale, escorté par un détachement de gardes du corps choisis. Comme les Bavarois interceptaient déjà la route de Francfort, il reprit celle de Wetzlar, gagna Eberfield, et passa le Rhin à Cologne où il fut rejoint par un petit nombre d'officiers allemands qui, poussant la loyauté jusqu'au scrupule, donnèrent ainsi l'exemple de ces sentiments nobles et délicats qui sont le digne apanage de l'honneur militaire.

Le général russe de Saint-Puesh occupa Cassel le 28 octobre. Deux jours après, le prince électoral de Hesse, qui venait de quitter le champ de bataille de Leipzig, arrivait dans la capitale des États de son père. Ce Prince lui-même reprit les rênes du gouvernement le 21 novembre.

Les Alliés prirent possession, au nom du roi d'Angleterre, de l'électorat de Brunswick-Lunebourg, patrimoine

de sa Maison, et, le 4, le Duc de Cumberland, son cinquième fils, fit son entrée à Hanovre. A la même époque, le Duc de Brunswick-Wolfenbüttel, qui se trouvait encore en Angleterre, fit prendre possession, par ses délégués, de ses États héréditaires, où il arriva lui-même le 23 décembre; enfin le duc d'Oldenbourg quitta la Russie pour retourner dans les siens; il fit son entrée dans sa capitale le 27 novembre.

Le premier Prince de la Confédération du Rhin qui suivit l'exemple de la Bavière fut le Roi de Würtemberg. Dès le 22 octobre, son Ministre, le comte de Zeppelin, arriva à Leipzig pour négocier un arrangement avec les Alliés. Ce Ministre suivit le comte de Metternich à Fulde, où un traité de paix et d'alliance entre l'Autriche et le Würtemberg fut signé le 2 novembre 1813, à des conditions pareilles aux dispositions des articles patents et secrets du traité de Ried, dont le texte a servi de modèle aux rédacteurs, avec la différence que le contingent du Roi de Würtemberg n'est fixé qu'à 12,000 hommes. Le Roi de Prusse accéda formellement à ce traité par un acte qui fut signé à Francfort le 21 novembre.

Le roi de Würtemberg publia, le 6 novembre 1813, un manifeste pour annoncer son système ; il se contenta de reprocher à Napoléon d'avoir laissé dégarnies de troupes et exposées à l'invasion des Alliés les frontières du royaume, que l'acte de la Confédération lui imposait le devoir de protéger. Cette modération n'était pas sans dignité.

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Le Duc de Saxe-Veimar accéda, le 1er novembre, à la Grande-Alliance; l'accession du Grand-Duc de Darmstadt fut signée le 23 novembre à Dormgheim; celle des Duc et Prince de Nassau, le même jour.

Le Grand-Duc de Bade accéda par un traité que son Ministre, le baron de Reitzenstein, signa, à Francfort-surle-Mein, le 23 novembre 1813, ainsi que celle du Duc de Saxe-Cobourg le lendemain 24, avec le baron Guillaume de Humboldt, Plénipotentiaire du Roi de Prusse. Il obtint des conditions un peu moins favorables que les Rois de Bavière et de Würtemberg. Par l'article premier, il renonça à la Confédération du Rhin, et s'engagea par l'article 2 à soutenir la cause de l'indépendance de l'Allemagne par tous les moyens en son pouvoir. On convint, par l'article 3, que les secours qu'il serait dans le cas de fournir seraient spécifiés dans un instrument particulier. On lui garantit par l'article 4 sa souveraineté et ses possessions. Par contre, dit l'article, Son Altesse Royale s'engage à se conformer à cet égard et en général aux engagements qu'exigera l'ordre des choses qui sera définitivement établi pour le maintien de l'indépendance de l'Allemagne.

Par l'article 1 secret, le Grand-Duc promet de se prêter à toutes les cessions qu'exigent les arrangements futurs en Allemagne, calculés pour le maintien de la force et de l'indépendance de ce pays, et le Roi de Prusse lui promet, par l'article 2, une indemnité compatible avec la masse des objets qui seront disponibles à l'époque de la pacification et avec le but énoncé. (Voy. Martens, Recueil, t. XII, p. 649.)

Le Grand-Duc conclut des traités semblables avec l'Autriche et la Russie. Celui-ci a servi de modèle aux divers traités par lesquels d'autres princes de l'Allemagne ont pris part à la guerre contre Napoléon.

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Traité de Francfort du 2 décembre 1813.

Comme l'Électeur de Hesse n'avait pas été membre de la Confédération du Rhin, son traité d'accession eut né

cessairement une forme différente de ceux des autres Princes. Il fut signé le 2 décembre à Francfort-sur-leMein, entre le baron Binder de Kriegelstein, au nom de l'Autriche, M. de Müller et le baron George-Ferdinand de Lepel, au nom de l'Électeur.

L'Électeur rentra, en vertu de l'article 1, dès ce moment, dans la partie de ses possessions qui a été réunie au Royaume de Westphalie et au grand-duché de Francfort, de même que dans les salines de Nauheim et le comté de Nieder-Katznellenbogen.

La plus grande partie des États de l'Electeur de Hesse s'était trouvée sous le sceptre de Jérôme Napoléon; le comté de Hanau avait été donné au Grand-Duc de Francfort,excepté quelques bailliages que le Traité du 11 mai 1811 en avait démembrés en faveur du Grand Duc de Darmstadt. Enfin Napoléon s'était réservé le comté inférieur de Katznellenbogen formant une enclave dans les Etats des Duc et Prince de Nassau, auxquels sans doute il devait être abandonné un jour pour prix de quelque acte de complaisance qu'on serait dans le cas de lui demander.

L'article 1° du traité de Francfort met l'Électeur en possession immédiate de tous ses anciens États, excepté les bailliages du comté de Hanau, dont le Grand-Duc de Darmstadt était devenu Souverain. Néanmoins, il rentre immédiatement dans les salines de Nauheim, domaine enclavé dans le bailliage de Dorheim appartenant au Grand-Duc et dont Napoléon avait disposé en faveur du maréchal Davout. Ces belles salines, les plus abondantes du Taunus, produisent annuellement 17,000 quintaux de sel.

L'article 2 est conforme à celui des autres traités d'accession par lesquels les Princes ont fait reconnaître leur souveraineté, en se soumettant aux arrangements qui seront jugés nécessaires au moment de la pacification pour le maintien et l'indépendance de l'Allemagne.

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