Page images
PDF
EPUB

Capitulation de Paris.

Le 31, à deux heures du matin, la capitulation de Paris fut signée.

<< Les corps de Marmont et de Mortier quitteront la ville à sept heures, emmenant ce qui leur appartient; les hostilités ne pourront recommencer qu'à neuf heures. Les arsenaux, ateliers, établissements et magasins seront laissés dans l'état où ils se trouvent. La garde nationale, séparée des troupes de ligne, sera conservée, ou désarmée et licenciée, d'après ce que les Puissances en décideront. La ville de Paris est recommandée à leur magnanimité » (Martens, Recueil, t. XII, p. 693.)

Entrée des Alliés à Paris

Le 31 mars, à onze heures, l'Empereur Alexandre et le Roi de Prusse entrèrent dans Paris à la tête de 36,000 hommes. Des cris d'allégresse les reçurent et les accompagnèrent sur toute leur marche ; à ces cris se joignirent des acclamations qui leur demandaient les Bourbons et un gouvernement légitime. Partout se montra la cocarde blanche si longtemps proscrite. Le vœu du peuple longtemps comprimé se fit entendre. Les Monarques se convainquirent de la vérité des rapports qui leur avaient été faits, et Alexandre, au nom de ses Alliés, publia, à trois heures, la Déclaration suivante :

Déclaration des Alliés du 31 mars.

« Les armées des Puissances alliées ont occupé Paris, la capitale de la France. Les Souverains alliés accueillent le vœu de la Nation française. Ils déclarent:

« Que si les conditions de la paix devaient renfermer

de plus fortes garanties lorsqu'il s'agissait d'enchaîner l'ambition de Buonaparte, elles doivent être plus favorables lorsque, par un retour vers un gouvernement sage, la France elle-même offrira l'assurance de ce repos. <<< Les Souverains alliés proclament en conséquence : <«< Qu'Ils ne traitent plus avec Napoléon Buonaparte ou avec aucun de sa famille ;

« Qu'Ils respectent l'intégrité de l'ancienne France, telle qu'elle a existé sous ses Rois légitimes; ils peuvent même faire plus, parce qu'ils professent toujours le principe que pour le bonheur de l'Europe, il faut que la France soit grande et forte;

« Qu'Ils reconnaîtront et garantiront la Constitution que la Nation française se donnera; lls invitent par conséquent le Sénat à désigner un Gouvernement provisoire qui puisse pourvoir aux besoins de l'administration et préparer la Constitution qui conviendra au peuple français.

[ocr errors]

Les intentions que je viens d'exprimer me sont communes avec toutes les Puissances alliées.

<< Fait le 31 mars 1814, à trois heures de l'aprèsmidi.

« Signé: ALEXANDRE. »

<< Par Sa Majesté Impériale :

Le Secrétaire d'État,

<< Comte de NESSELRODE. >>

SAV

Renversement du trône impérial.
Acte de déchéance.

Libellé inédit du parti sénatorial.
Déclarations et pièces diverses.

« La Providence, qui punit les grands emportements par de grands revers, avait décidé contre lui. »

(MIGNET.)

<< WIR SIND ZU PARIS!» Nous sommes à Paris !... Ce cri de délivrance et de victoire a retenti d'un bout de l'Europe à l'autre!... La joie des populations allemandes est au comble; pour elles, l'entrée des Souverains alliés à Paris, la chute de NAPOLÉON, c'est le repos, c'est le bonheur, c'est la liberté ! »

(BIGNON).

Historien des traités, nous ne devons nous occuper des événements qui ne concernent que l'état intérieur de la France, qu'autant qu'ils sont intimement liés aux Négociations. Il nous suffit, en conséquence, de rapporter que, le 1er avril, le Sénat conservateur, ce même corps qui, pendant dix ans, n'avait fait qu'encenser Napoléon, renversa son idole et prononça la déchéance de Celui qu'il avait créé empereur, ainsi que celle de sa famille. Le Sénat n'osa faire un pas de plus ; il fallut qu'une autre autorité le ramenât dans la voie des principes. Le Conseil général de la Seine, plus fidèle aux maximes conservatrices des États, prit l'initiative de proclamer le Roi légitime.

Avant de continuer notre récit, consignons ici un fait remarquable et qui fait le plus grand honneur à la discipline des troupes. Malgré l'exaspération qui régnait parmi toutes les nations européennes contre les

Français, il ne fut pas commis un seul excès dans la capitale par les soldats victorieux qui y entrèrent, et néanmoins nous ne savons pas par quelle fatalité ou par suite de quelle incurie on laissa ces 36,000 hommes manquer de pain jusqu'à la nuit tombante.

Combat de Saint-Dizier, le 26 mars.

Mais hâtons-nous, il en est temps, d'éloigner Napoléon d'une scène qu'il a si longtemps occupée pour le malheur de l'humanité. Son mauvais génie l'avait poussé jusqu'à Doulevant. Se croyant suivi par l'armée des Alliés, il retourna précipitamment, le 26, à Saint-Dizier, pour lui livrer bataille sur un terrain avantageux. Il tomba avec des forces supérieures sur le général Tettenborn, qui conduisait l'avant-garde de Wintzingerode, et la sépara du général, qui se trouvait à Saint-Dizier. Tettenborn se fraya un chemin à Vitry.

1

[ocr errors]

1 Lacune.

Projet de déclaration du parti sénatorial.

«La Nation française est arrivée au dernier terme de l'esclavage et du malheur; la cause n'en est pas problématique c'est l'ouvrage du chef de l'État et des nombreux agents du Pouvoir qui lui doivent leur place, dont il a soudoyé la perfidie par des récompenses pécuniaires et caressé la vanité par des décorations et des titres.

« Un étranger, qui a su s'approprier les lauriers de ses compagnons d'armes, est venu recueillir l'immense héritage des efforts qu'une nation généreuse avait déployés pendant douze ans pour assurer sa liberté ; le peuple, qu'une funeste expérience aurait dû guérir à jamais de l'idolâtrie; le peuple, ébloui des idées de gloire, si différentes de celles de bonheur, a secondé par son apathie et par ses erreurs l'ambition la plus effrénée qui ait désolé le monde.

<< Créé par la Constitution, un corps était chargé d'en maintenir l'intégrité; mais à peine elle était en activité, que Napoléon projeta de réduire le Sénat à une nullité telle qu'il ne fût que l'instrument de ses caprices. Par son intermédiaire, il démolit graduellement tout l'édifice social aux nominations constitutionnelles dans le premier corps de l'État, il opposa un noinbre à peu près égal de membres, parmi lesquels il en est cependant dont la conduite honorable a trompé ses intentions perverses; par là s'explique la conduite du Sénat, dont une grande majorité perfide et lâche a constamment opprimé une minorité peu nombreuse. Cette minorité, étrangère aux faveurs du Maître et bravant ses fureurs, a conservé le courage civil et la probité politique, deux choses si rares en France et si nécessaires aux hommes revêtus d'éminentes dignités.

« PreviousContinue »