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HISTOIRE GÉNÉRALE

DES

TRAITÉS DE PAIX

ET

AUTRES TRANSACTIONS PRINCIPALES

ENTRE TOUTES LES PUISSANCES DE L'EUROPE

DEPUIS LA PAIX DE WESTPHALIE

OUVRAGE COMPRENANT

LES TRAVAUX DE KOCH, SCHOELL, ETC.

Entièrement refondus et continués jusqu'à ce jour

PAR M. LE COMTE DE GARDEN
ANCIEN MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE

TOME QUINZIÈME

PUBLIÉ PAR SON FILS

PARIS A. LE POULTEL, 9, RUE VICTOR-COUSIN

ET 17, RUE CUJAS.

ECA

QUATRIÈME PÉRIODE,

OU

HISTOIRE DES TRAITÉS

DEPUIS LE COMMENCEMENT DES GUERRES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE JUSQU'AU TRAITÉ DE PARIS DE 1815

1791-1815

CHAPITRE XLI (SUITE)

TRAITÉS DE PARIS DU 30 MAI 1814 (SUITE)

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« Les Souverains alliés étaient unanimement d'accord sur la puissance et la prépondérance que la France devait conserver dans leur intégrité, en se renfermant dans ses

limites naturelles, qui étaient le Rhin, les Alpes et les Pyrénées. Ils assuraient donc vouloir fonder sur l'indépendance continentale et maritime de toutes les nations la paix et l'équilibre du monde. Equitable et habile projet!

L'Autriche s'était placée dans une position qui lui avait donné beau jeu dans une négociation générale, et quelque critique que l'on ait faite de la conduite de M. de Metternich, il faut avouer que depuis que Napoléon avait dit, en 1807 : « La Maison de Lorraine a cessé d'exister », ce Ministre avait, à lui seul, plus fait pour élever son pays que tous ses prédécesseurs ensemble.

C'est ici que doit prendre place une scène des plus mémorables de l'histoire des Négociations.

Recueillie par la plume tachygraphique du secrétaire de Napoléon, elle présente cependant la cour de Vienne effrayée des usurpations renaissantes de Napoléon, et instruite de plus qu'à l'entrevue d'Erfurt, il avait tenté de faire goûter à Alexandre le démembrement de la monarchie autrichienne.

Pouvait-elle négliger de profiter de la circonstance unique qui s'offrait à elle depuis quinze ans pour recouvrer d'un trait de plume ou par une seule victoire tout ce qu'elle avait perdu dans dix campagnes malheureuses?

Aussi, malgré les paroles si conciliantes de M. de Metternich, renouvelées à Paris par M. de Bubna, on avait dû supposer, et on put voir bientôt la transition graduelle de l'Autriche passant de l'alliance active et de la coopération militaire à l'alliance sans concours, puis à la neutralité, puis à la médiation armée, que devait suivre bientôt l'association du médiateur avec l'ennemi.

Et puis, tandis que les Ministres français exprimaient leur douleur de voir l'empressement que l'on mettait à dérober, à l'œuvre de pacification espérée, le temps qui

lui était encore réservé, M. de Metternich signait et se préparait à notifier le lendemain même la Déclaration de guerre de l'Autriche, amas de griefs qui semblent de longue main réunis, manifeste doucereux tout imprégné de haine; et il faisait ainsi succéder, avec une rapidité sans exemple, au devoir d'allié et au titre de médiateur, la provocation et la menace.

C'était une singulière susceptibilité après une révolution qui avait dispersé les Français dans toutes les contrées, et c'était perdre soi-même le souvenir que l'on ne devait qu'à une circonstance inopinée de n'avoir pas émigré et que l'on avait demandé du service en Russie.

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