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L'ARTISTE.

Sous nos ciseaux, l'or, le marbre et la pierre
Transfigurés, ne sont plus la matière,
Et nos pinceaux font revivre les morts.
Nous élévens, pour Dieu, l'église sombre,
Et notre luth a des cordes sans nombre
Qui font jaillir l'espoir ou le remords:

En avant! fils des champs, des arts, de la science! Marchons au même but en nous donnant la main. En un sillon commun, répandons la semence : Nous devons, du progrès, élargir le chemin!

LE SAVANT,

Pour la science, il est un vaste livre :
C'est l'univers! et Dieu même nous livre
Ses feuillets d'or et leurs secrets puissants.
De notre veille, a surgi l'industrie.
Nos nuits ont fait les jours de la patrie;
Et la patrie acclame ses enfants!

En avant! fils des champs, des arts, de la science! Marchons au même but en nous donnant la main. En un sillon commun, répandons la semence : Nous devons, du progrès, élargir le chemin!

L'AGRICULTEUR.

Bravant les feux que le soleil nous verse,
Prenant le pic, la faucille ou la herse,
Nous convions les peuples au banquet.
Vivent l'air pur, l'indépendance fière,
Le travail libre aidé par la prière

Et le devoir que Dieu nous a marqué!

En avant! fils des champs, des arts, de la science!
Marchons au même but en nous donnant la main.
En un sillon commun, répandons la semence.
Nous devons, du progrès, élargir le chemin!

Feu Boissec,

PAR M. AD. CHEVASSUS, MEMBRE CORRESPOND'.

D'abord nous trinquerons pour boire,
Et puis nous boirons pour trinquer.
BÉRANGER.

S'il fut jamais buveur célèbre,
C'était à coup sûr celui-là!
Chantons lui ce verset funèbre :
Dies ira, dies illa.....

Feu Boissec n'était pas un rustre :
Il était l'âme des banquets;
Le cadran bleu lui doit un lustre
Qui fit supprimer les quinquets.

Un vrai disciple de Silêne,
Que ce franc-buveur consommé !
Il vidait un muid par semaine :
Boissec on l'avait surnommé.

Le bleu classique des barrières
N'humecta jamais son palais;
Jamais de boissons meurtrières :
Mais les produits du Bordelais!

Mais le Médoc et le Sauterne,
Mais le Bourgogne aux crùs vantés!

Il faisait fi de la Taverne,

Où l'on boit des vins frelatés.

Il était soigné dans sa mise,

Chevelu comme Clodion;

On trouvait chez lui table mise,
Vins et mets à profusion.

Buveur doublé d'un gastronome,
Diner! pour lui tout était là ;

Je crois qu'il préférait, en somme,
Berchoux à l'auteur d'Atala.

Beaucoup enviaient sa faconde
Et ses succès de calembour;
Dans un canton de la Gironde
On croit qu'il avait vu le jour.

A bien vivre il mettait sa gloire;
Au reste il était étranger;
Et pour lui le moment de boire
Valait bien l'heure du berger.

Sans famille à ce qu'on assure
Sans maîtresse (admirez cela)!
Il ne craignait ni la censure,
Ni les ciseaux de Dalila.

Doué d'une force athlétique,
D'un embonpoint de Cordelier,
Il avait pour tout domestique
Un chef d'office, un sommelier.

Lui, faisait, d'une main savante,
Passer dans l'art centemporain,
Cette cuisine transcendante
Dont traite Brillat-Savarin,

Au demeurant, assez bon prince, Le seul, dans un certain rayon, Qui sût des gourmets de province Se montrer digne amphytrion.

Esprit de verve et de réplique,
Il savait, aux jours de gala,
Entonner un couplet bachique,
Inter cibos et pocula.

Son grand verre, des Danaïdes
Imitait le fameux tonneau :
Il laissa tant de flacons vides,
Qu'on jase encore dans Landerneau.

Bien qu'il éblouit par son faste,
Il n'avait aucun ennemi....

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S'il fut jamais buveur célèbre

C'était à coup sûr celui-là!

Chantons lui ce verset funèbre :
Dies ira, dies illa....

BIBLIOGRAPHIE.

Le Dahlia bleu, par M. Jean SENAMAUD, jeune, membre correspondant de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny, et par M. Jules LEON, correspondant de la même Société.

Ce Dahlia bleu, ainsi nommé sans doute pour cadrer avec la feuille littéraire de Bordeaux, dite la Gazette bleue, à laquelle il a inspiré ce joli quatrain :

α

Voyez à quoi tiennent les choses,

Sans être Turc ni Visigoth,

Rien qu'avec deux sous d'indigo,

On peut créer des fleurs plus belles que des roses. »

Ce dahlia eût pu cependant s'intituler aussi bien et mieux peut-être dahlia gris, noir, brun ou rouge, étant composé en grande partie de nouvelles, d'anecdotes et de légendes toutes plus sombres et plus sanglantes les unes que les autres.

A commencer par la Tour de Fontarabie, ce monument néfaste nous rappelle la tour d'Ugolin et les atroces tortures dont elle était devenue l'effroyable repaire, y compris l'intolérable supplice de la soif et de la faim. Cette tour nous remet aussi en mémoire le cachot problématique et contesté du soi-disant Masque de fer, ce prétendu frère utérin et frère aîné de Louis XIV, infortuné jouet de la destinée, triste victime de l'ambition et de la politique, exclu du trône malgré ses droits de primogéniture, et qui n'aurait pas cu comme Polynice à sa disposition sept preux braves et vaillants pour soutenir sa cause contre un autre Etéocle et châtier le spoliateur dans son palais usurpé (1).

Dans la tour de Fontarabic gémit done une noble princesse, en punition de la résistance opposée par elle aux passions brutales d'un grand d'Espagne, ayant ajouté à l'assassinat de celui dont elle était la fiancée,

(1) Un de mes anciens collègues, à la Société académique de Loir-et-Cher, M. le comte de Sallaberry, a démontré jusqu'à l'évidence la fausseté de ce fantastique emprisonnement.

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