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Et puisqu'au deuil on m'associe,
On mettra ma tige en lambeaux;
Mes fleurs, dont nul ne se soucie,
Iront couronner des tombeaux;

Il faudra dire: adieu les mousses,
Adieu la senteur des buissons;
Plus de grillons aux voix si douces,
Mais des glas au lieu de chansons!

Vous irez chez la Bouquetière,
J'irai, moi, chez le fossoyeur;
Au fond d'un obscur cimetière,
Où tout est tristesse ou frayeur;

Où le vent sans cesse murmure
De sourds et funèbres accords;
Où l'on croit dans quelque ramure,
Entendre la plainte des morts.

Vous ignorez, dans vos demeures,
Dans vos gazons fleuris et frais,
Combien moroses sont les heures
Que l'on passe sous les cyprès!

Le bon Dieu qui vous fit heureuse
En vous donnant un meilleur lot,
Vous prête, en la nuit ténébreuse,
Quelque vert luisant pour falot;

Là-bas, où j'irai, tout est sombre,
Tout est triste, amer et glacé :

J'aurai, pour sommeiller dans l'ombre,

L'épitaphe d'un trépassé.

Pourtant, ce monde où tout s'efface,
On m'y croit donc utile encor,
Puisqu'ainsi je trouve ma place
Dans un funéraire décor?

A quoi donc servirait ma plainte?
Loin de gémir, je bénis Dieu :
J'entrevois l'avenir sans crainte,
Car je suis la fleur de l'adieu...

Tandis que, pâle et desséchée,

De ma nuit cherchant le flambeau,
Je languirai, demi-couchée,

Sur un tertre ou sur un tombeau,

Au champ clos où, lugubre et traitre,
Le vol du hibou s'abat seul;
Plus riche, vous aurez peut-être,
Une guipure pour linceul !

BIBLIOGRAPHIE.

Catéchisme d'hygiène populaire mis à la portée de la classe ouvrière des villes et des campagnes, ayant rempli avec succès le programme mis au Concours par l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen; par M. J.-M.-A. Guillaume, docteur en médecine de la faculté de Paris, membre correspondant de plusieurs Sociétés sa

vantes.

Il semble bien difficile d'admettre, au premier aspect, que l'art culinaire, bien qu'ayant la prétention de s'ériger en science, sous le nom de gastronomie, bien qu'ayant été chanté sur tous les tons de la gamme élogieuse, en vers, dans le poème de Berchoux, en prose, dans les œuvres de Caresme, de Brillat-Savarin et autres pontifes du ventre et de la bouche, gula et ventris, comme dit Salluste, bien difficile que cet art puisse jamais revêtir le caractère d'un sujet grave et sérieux.

Mais on reviendra de cette première impression à la pensée qu'un seul cheveu même avant son ombre, tout, dans l'ordre des choses, a son importance, importance relative, et que tout dépend du point de vue où l'on se place.

De ce fait d'observation, la preuve sera bien vite acquise et dès le début des pages du livre, véritable code de l'art de vivre, entendu dans le sens de se nourrir, qu'il serait à souhaiter de le voir aux mains de tous nos pannetiers et de tous nos échansons, depuis les maîtres d'hôtel jusqu'aux plus simples ménagères.

Dans ce manuel, fruit d'une longue et studieuse expérience, rien, de ce qui peut servir à l'alimentation, rien ne se présente comme d'un usage indifférent et sans influence ou favorable, ou nuisible à la santé, selon les conditions d'âge, de sexe, de tempérament, de climat, d'atmosphère, en même

temps que rien n'est oublié : ni l'oiseau, si heureux de la possession de l'air, son domaine, ni le poisson de mer ou d'eau douce, ni le quadrupède à notre service; ni les fruits, les plantes, les racines, productions des prairies, des vergers, des bois et des champs.

Ainsi passées en revue, les diverses substances animées, inanimées, déposées près des feux de l'âtre, y apportent l'étiquette des modes variées de cuisson et d'assaisonnement dont elles sont susceptibles, pour s'approprier aux estomacs qu'elles ont à satisfaire. Les modifications que peuvent leur faire subir la pharmacie, l'épicerie, la confiserie ne sont pas non plus omises, et nous apprenons à confectionner glaces, gelées, compotes, limonades, sirops de toute sorte, boissons fermentées ou non fermentées. Que de détails inconnus sans doute à la pluralité des lecteurs!

Et comme il s'agit ici de tout ce qui concerne la vie matérielle, et que celle-ci ne consiste pas seulement dans le boire et le manger, mais qu'elle a besoin d'être protégée contre les intempéries des saisons, le consciencieux auteur, afin de rendre son ouvrage complet, s'est fait un devoir de nous renseigner sur les qualités ou les défauts qui peuvent rendre une habitation salubre ou malsaine, ainsi que sur l'étoffe et la coupe d'un vêtement propre à favoriser ou à contrarier les mouvements et le bien-être du corps.

Conformément à l'habitude, le catéchisme d'hygiène procède par demandes et par réponses, et si l'on veut se donner ce plaisir, on peut prendre le temps d'étudier la question et s'essayer à la résoudre.

Suit, en forme d'annexe, un tableau des ravages produits sur la santé, par les dérèglements, les passions et les vices.

Mais ce qui n'est qu'un point accessoire dans le travail du docte praticien de Dole, devient le fond et le principal objet que s'est proposé la publication qui suit, et due à une plume non moins compétente.

Influence de l'état moral de la société sur la santé publique, par M. le docteur DES EUX, Chevalier de la Légion-d'Honneur, médecin de l'hôpital de Montfort-Lamaury (Seine-et-Oise), lauréat de l'Académie de médecine et membre correspondant de plusieurs Sociétés savantes de France et de l'Etranger, auteur de deux ouvrages arrivés à leur 4 édition Leçons d'Hygiène à l'usage des enfants des Ecoles primaires; Entretiens sur l'Hygiène à l'usage des Campagnes, ouvrages autorisés par décision du Ministre de l'Instruction publique.

Suivre la méthode analytique ou inductive, c'est-à-dire, aller du connu à l'inconnu, du simple au composé, des effets aux principes générateurs, en remontant l'échelle des causes secondaires, de manière à saisir la cause efficiente et première, telle est, comme on sait, la voie dialectique la plus sûre

et la moins exposée à s'égarer dans le champ de l'hypothèse. Cette marche est celle adoptée par l'auteur.

Dès lors, le premier pas à faire pour s'orienter et se mouvoir, était tout d'abord de bien constater l'état actuel de la santé publique. Est-elle prospère, est-elle en souffrance? C'est le dernier cas qui est admis et affirmé.

Seconde difficulté à résoudre : Alors d'où cet état provient-il? de la surexcitation du système nerveux, au préjudice du sang, d'un sang généreux, énergique; au détriment de la vigueur et de la force musculaire.

Preuves à l'appui, sous l'invocation de son propre témoignage de médecin assistant au Conseil de révision: Que voyons-nous depuis quelques années à chaque tirage? Supposez l'appel, dans un canton, de trois cents jeunes gens; sur ce chiffre, un tiers seulement est désigné pour le service. Eh bien! il pourra se faire, on l'a vu, que la liste toute entière, du premier au dernier numéro, y passera, par suite des éliminations successives, à peine suffisante à fournir le contingent demandé, et cela, faute de taille ou autre vice de constitution.

Autre exemple encore emprunté à l'armée : Quel était jadis le principal élément du gain des batailles? Ces régiments épais et compactes de grenadíers, renouvelés de la phalange macédonienne, murs d'airain, en quelque sorte, impénétrables au feu et au fer. Et maintenant de qui dépend le succès? De ces zouaves légers et mobiles, prêts à se précipiter comme une avalanche et tout renverser sur leur passage. Ainsi tout-à-l'heure le sang-froid, la résistance tranquille et réfléchie, la force imposante et sûre d'elle-même; et en ee moment, la fougue, le délire, l'ardeur fiévreuse, l'inflammation cérébrale.

Troisième solution à obtenir : Etant démontrée la prédominance des nerfs, d'où l'appauvrissement du sang, l'a débilitation musculaire, et comme conséquence, la destruction de l'équilibre dans l'organisme et l'économie, source de maladies, se transmettant de l'individu à la société, quelles sont les causes de ce désordre? Nombreuses, innombrables, impossibles à énumérer dans le cadre minime qui nous est tracé. Signalons seulement leur point de départ. Le corps social se dressant comme un mât de cocagne et graduant ses faveurs sur les degrés parcourus, l'enfance, énorme danger à l'age du développement, est exercée à y grimper des pieds et des mains, haut, très-haut, le plus qu'elle pourra, véritable course au clocher.

L'intelligence peut bien gagner à ce régime; mais la moralité y trouve-telle son avantage dans des proportions équivalentes? En d'autres termes, l'éducation y marche-t-elle d'un pas égal et parallèle à l'instruction? Le contraire paraissant probable, sinon évident, n'est-il pas à craindre de voir se reproduire, dans les facultés de l'âme, la perturbation montrée précédemment dans l'appareil organique et née de la destruction de l'harmonie dans les éléments dont il se compose.

Ainsi d'une part, en physiologie, prépondérance du système nerveux sur les autres parties du corps, dont il étouffe la vitalité; en psychologie, ascendant de l'esprit sur le cœur, dont par ses tendances ambitieuses, cupides, il absorbe les aspirations affectueuses, honnêtes, calmes et paisibles; d'autre part, par l'action du moral sur le physique, aussi grande, plus grande peutêtre que celle du physique sur le moral, sujétion de plus en plus prononcée de la nature matérielle de notre être à la nature spirituelle, sorte de lame usant le fourreau, et se répandant comme une épidémie, de la famille dans la cité et dans l'État, faut-il chercher ailleurs l'explication de l'affaiblissement de la santé publique et de la détérioration du type humain?

Quatrièmement enfin, le mal connu et révélé par ses symptômes, quels en seront les remèdes? Précisément l'opposé des causes qui l'ont engendré. Or, le propre de la civilisation étant d'élargir le cercle des connaissances, et par les connaissances d'amener de nouveaux besoins, elle imprime un mouvement violent à l'acquisition des richesses, allume la soif de l'or et de l'argent, crée, suscite la convoitise des jouissances sensuelles et des besoins factices. Cette impulsion désordonnée qui, à côté des productions légitimes de l'agriculture, de l'industrie, du commerce, des lettres et des arts, place les jeux aléatoires, les entreprises suspectes, les écrits licencieux, il faut la combattre où elle prend son origine, dans l'enfance; que le système pédagogique actuel soit modifié; qu'il modère ce cri en avant; qu'il dépouille l'idée de progrès des scories qui l'obstruent, en se fondant sur le sentiment religieux et en prenant pour base la législation évangélique.

Mais de toutes les plaies qui affligent l'humanité, la plus désolante sans aucun doute, est celle qu'étale à nos yeux un des médecins les plus recommandables du département.

La Prostitution et les Maladies vénériennes dans les petites localités, par le docteur Bergeret, d'Arbois.

Notre savant compatriote appelle l'attention sur les quatre propositions suivantes :

1o La prostitution est pratiquée en toute liberté et sans aucune garantie dans nos petites localités, parce que les règlements qui devraient en surveilIer l'exercice y sont très-rarement appliqués.

2o La prostitution dans les grandes villes, avec son organisation réglementée, son existence je dirai presqu'officielle, est une école publique de démoralisation où les jeunes gens, les pères de famille vont puiser l'habitude et par suite, le besoin de la débauche.

3o La prostitution est, pour les maladies vénériennes, la voie de transmission la plus commune.

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