Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

souscription à 200 exemplaires, de son Exc. le Ministre de l'agriculture; — de M. Ad. Huard, qui nous proposé l'adoption, comme membres titulaires, de M. le baron de Septenville, au château de Liguières-en-Poix (Somme) et de M. le baron Cacault, sous-préfet de Barcelonnette, tous deux membres de la Société des sauveteurs.

Correspondance imprimée : Dessin de l'usine de la Bénazie, fabrique de noir animal et du guano agenais, de la maison Jaille, d'Agen (Lot-etGaronne), avee une notice sur la fabrication du guano agenais, par M. Rolain, directeur-gérant du Cultivateur agenais, 2e édition. - Liens pour gerbes de blé, bottes de foin, etc., automatiques et inaltérables, note accompagnée d'un spécimen à mettre sous les yeux des cultivateurs, lue à la Société de Berry, dans la séance d'avril 1865, par M. de l'Apparent, directeur des constructions navales. Laitue à distribuer, d'une grosseur et d'une fécondité peu commune, Lactuca Bossina, de M. Bossin, membre de plusieurs Sociétés savantes, auteur de plusieurs ouvrages, notamment : Propositions sur la nécessité et l'utilité d'adapter des adjectifs latins aux noms génériques des plantes potagères.— Engrais Krafet, fabriqué à l'abattoir aux chevaux de la ville de Paris, par J. Dulac, ingénieur des arts et manufactures. Bureaux, 65, rue d'Hauteville, à Paris.-Lectures sur le gazonnement et le boisement des montagnes, par Augustin Vial (Digne, 1865). Société d'agriculture de Compiègne Enseignement professionnel agricole, par Louis Gossin.Fête agricole de l'Institut normal agricole de Beauvais, 12 décembre 1866.

Lectures à l'ordre du jour : De M. Jules Léon : De la Jurisprudence contre l'ivrognerie à différentes époques; Médecine vétérinaire: De la Molette des chevaux; De l'Influence du Tabac sur la santé. — De M. Gourdon de Genouillac : Appréciation du dernier ouvrage de Victor Hugo Les Travailleurs de la Mer. - Du docteur Guilland, président sortant Discours prononcé à la Société médicale de Chambéry. - De M. H. Cler: Faits mémorables, dates et synchronismes célèbres. - En collaboration de MM. Jean Sénamaud, jeune, et Jules Léon : Le Dahlia bleu; - Les Hommes d'élite, 1re série : les Sauveteurs (de ces deux dernières publications, analyses par M. H. Cler).

Sont proposés et nommés membres de la Société : titulaires, M. le baron de Septenville, Chevalier des Ordres du Christ de Portugal et de Charles III d'Espagne, etc. — M. le baron de Cacault, sous-préfet de Barcelonnette. Correspondant, M. Guy, militaire en retraite à Grozon.

SÉANCE AGRICOLE PUBLIQUE DU 2 AVRIL 1866.

La séance est ouverte à 1 heure 112, sous la présidence de M. Clerc. On remarque dans la salle, outre les membres du bureau et plusieurs membres de la Société, un grand nombre de cultivateurs et de vignerons attirés par les questions intéressantes portées à l'odre du jour.

La parole est donnée à M. Vionnet sur les différentes méthodes qu'on peut employer pour soigner les vins de la récolte de 1865. Après une remarquable dissertation du zélé Vice-Président, la Société prie M. Pidancet, présent à la séance, de vouloir bien prendre place au bureau et de donner quelques renseignements scientifiques à l'appui des observations de M. Vionnet.

M. Pidancet entre alors dans de longs détails sur la composition de l'air atmosphérique et sur le rôle de l'oxygène ozoné; il rappelle aux personnes présentes les nombreuses observations faites par notre célèbre compatriote, M. Pasteur, sur les ferments et sur les maladies des vins du Jura. L'assemblée prête le plus vif intérêt à la claire improvisation de notre collègue.

M. Vionnet lit ensuite, à propos de la deuxième question portée à l'ordre du jour, la note suivante, sur la cuscute.

De la Cuscute ou Teigne.

Cette plante a des tiges filiformes, rameuses, rougeâtres, qui rampent sur le sol et qu'elles couvrent de cette espèce de chevelure. La tige et les rameaux, tous de la même grosseur, s'enroulent et s'attachent par des suçoirs ou crampons autour des plantes et les font périr. La cuscute a de petites fleurs rosées, donnant naissance à une capsule à deux loges, d'où sortent de très-petites graines jaunâtres. Ce sont ces graines qu'on n'apercoit pas en semant la luzerne, mais qui détruisent parfois cette dernière dès sa seconde année d'existence. Ce n'est pas que cette plante parasite soit vivace, car la tige périt même aussitôt que les fils peuvent atteindre la plante qui doit les nourrir; mais si on laisse mûrir les graines, les places en sont infestées pour l'année suivante, et la prairie artificielle est gravement compromise.

M. Heuzé dit qu'on a proposé mille moyens pour détruire la cuscute ou arrêter sa marche envahissante. Voici ceux qu'il propose :

1o Couper fréquemment à rez-de-terre la luzerne attaquée par cette plante, en ayant soin d'arracher tous les filaments de tiges qui existent sur la terre. 2o Faucher les parties envahies, les couvrir d'une couche de paille de 10

à 20 centimètres d'épaisseur, et y mettre le feu. Si la cuscute reparaissait, il faudrait répéter cette opération qui, jusqu'à ce jour, a donné d'excellents résultats.

3o Ecobuer les parties infestées et incinérer les gazons aussitôt qu'ils sont secs, en ayant soin de placer au centre du fourneau tous les fragments de tiges que l'on remarque sur le sol.

Dans ces trois opérations, il faut agir un peu au delà de l'espace que la cuscute a envahi.

4o Faire dissoudre 5 à 10 kilogrammes de sulfate de fer ou couperose dans 100 litres d'eau, et arroser avec cette dissolution les places envahies par la cuscute, après avoir enlevé à la faulx et au râteau le plus gros de la luzerne et de la cuscute. Si l'opération est faite par un temps clair, ce qui hâte l'oxidation du sulfate de fer, trois jours suffisent pour faire disparaître la plante parasite; il ne reste plus qu'à enlever, au moyen d'un coup de faulx, tout ce qui pourrait encore rester dans l'endroit attaqué.

M. Danicourt donne dans le Journal de la Ferme un compost qui serait, selon lui, supérieur au guano, non seulement comme engrais, mais qui détruit

[blocks in formation]

700

300

fiente de volaille ou fumier de lapin, de mouton ou de tout autre fumier chaud, sans paille.

phosphate de chaux-fossile (formée de coprolites).

Ce compost a donné de beaux résultats pour les céréales, les plantes fourragères et les légumes. Sur un terrain maigre, le seigle a produit 36 hectolitres par hectare.

Il faut que le mélange qui entre dans la composition Danicourt soit le plus intime possible. Il faut le recouper plusieurs fois avec la pelle, le laisser fermenter quelques jours et le répandre ensuite à la volée à raison de 300 kilogrammes à l'hectare. Ces 300 kilog. ne coûtent que 21 fr. 90 centimes. La dose serait double, que ce compost serait encore l'engrais le plus économique qu'on puisse employer.

Nous nous empressons de déclarer ici que cette communication nous est faite par un chimiste dont on ne peut suspecter la bonne foi. Essayons d'abord de ce compost pour détruire la cuscute qui atteint si souvent nos champs de luzerne, puis nous verrons ensuite si ce guano indigène peut convenir à nos terrains.

[ocr errors]

Après cette lecture, l'heure avancée de la Séance ne permettant pas

d'épuiser l'ordre du jour, on procède à la distribution des graines offertes aux cultivateurs par la Société, et la Séance est levée à 4 heures 112.

La Jaunisse des Vignes.

Depuis quelques temps, toutes les vignes de la plaine du territoire de Poligny sont atteintes d'une maladie que l'on peut appeler la jaunisse. Au printemps, la végétation s'y montre d'abord comme à l'ordinaire, verte et saine; mais au moment du développement des bourgeons, les feuilles pålissent, et la sève semble ne plus suffire à la nourriture du cep qui bientôt porte tout entier le signe visible du dépérissement.

Ce mal, qui empire chaque année, laisse à peine une demi-récolte dans ces vignes naguère les plus productives du territoire.

Faut-il l'attribuer à la fatigue du sol, à la nature du plan où à l'âge du cep?

Il est possible que le maldoux, presque exclusivement cultivé dans cettee contrée, ait épuisé le sol et par sa durée et par l'abondance soutenue de son produit.

La vigne qui n'a qu'un seul plant, a, comme toutes les autres plantes, besoin d'être assolée; elle ne peut vivre dans le même terrain qu'un certain nombre d'années proportionné à sa fertilité. Mais la vigne qui en a de plusieurs espèces, dure, pour ainsi dire, indéfiniment au moyen des changements que le provignage et le chaponnage y apportent.

Convient-il mieux de combattre la maladie que d'arracher la vigne et changer la culture?

Cette question occupe certainement les propriétaires intéressés; hommes de pratique et d'expérience pour la plupart, ils sauront faire le choix qui leur sera le moins défavorable. Les vignes de la plaine n'étant pas également atteintes, c'est sur le degré du mal qu'ils prendront conseil. Il est prudent de ne se décider pour le parti extrême que lorsque la maladie ne laisse plus d'espoir, et d'essayer la guérison des vignes auxquelles il reste encore un peu de vigueur.

D'après une lettre pnbliée par le Messager agricole du Midi, la jaunisse ou chlorose de la vigne, n'est pas une maladie nouvelle; elle est connue depuis longtemps et sévit actuellement dans ce pays. Elle aurait pour cause autant l'affaiblissement des organes du cep que les conditions plus ou moins malsaines du sol et de l'atmosphère où il vit, et le remède consisterait à restituer à la vigne, par l'abondance et la qualité des fumures, les déperditions de sève qu'elle éprouve.

L'auteur de cette lettre dit avoir, en 1863, parfaitement réussi en fumant ses plants malades avec des bourres de mécanique fortement imprégnées d'huile, et avec du tourteau d'olives.

A l'appui de ses opinions, il rapporte les lignes suivantes, tirées d'un Cours d'agriculture imprimé en 1809 :

« La jaunisse, y est-il dit, est causée par le fond de terre trop com«pact, soit de tuf, soit de glaise blanche, grise ou jaune, qui retient <«<les eaux dont l'infiltration ne peut se faire à travers ce banc massif; «<elles y séjournent, inondent les racines, leur causent un froid mortel; << la plante souffre, jaunit, et le fruit avorte.

« Il n'y a qu'un remède à cette maladie : c'est de réchauffer les ra«< cines par l'engrais le plus chaud, par exemple, les boues et immon<«< dices des rues, les cendres, les balayures de toute espèce, imbibées « des eaux de savon, de teinture, du sang de boucheries, des urines, « etc., l'usage de ces engrais produit les meilleurs effets pour les vignes <<< jaunissantes; tel est l'efficace et l'unique spécifique contre la jaunisse « des vignes qui, pendant des siècles, avait exercé la patience et épuisé la bourse de nos pères, en les forçant de laisser en friche des <«< portions considérables de terrain qui aujourd'hui portent des vignes << florissantes. >>

Le fonds de terre de la plaine de Poligny est un sable plus ou moins mêlé de cailloux et qui ne retient pas les eaux, en sorte que l'humidité n'y peut nuire à la constitution de la vigne; d'où la conclusion que la jaunisse provient plutôt de l'affaiblissement du sol et du cep.

La différence dans la nature du terrain n'empêche pas que le remède indiqué, abstraction faite de sa forme, ne soit parfaitement applicable chez nous. On ne peut en douter quand on sait que le plant maldoux veut de l'engrais, encore de l'engrais et toujours de l'engrais.

Dans le midi, les viticulteurs cherchent à se débarrasser de la jaunisse qui occasionne, comme à Poligny, des pertes considérables. Ils ont recours aux remèdes fortifiants. Après avoir fait déchausser les ceps, les uns les garnissent de terre nouvelle, les autres mettent aux pieds du sulfate de fer, des boues ou d'autres engrais.

Si nos propriétaires pensent que ces moyens, tout dispendieux qu'ils soient, ne doivent pas être négligés, et qu'il est bon de les employer partout où il y a lieu d'en attendre un heureux résultat, ils y recourront. Le prix d'établissement des vignes et leur valeur à l'état de production, commandent d'ailleurs ces sacrifices et ces nouveaux efforts en faveur de celles que la maladie menace et que les soins ordinaires ne peuvent

sauver.

« PreviousContinue »