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Les ouvrages reçus cette année ont été insérés successivement dans le Bulletin, auquel on peut avoir recours.

Indépendamment de l'envoi périodique des annales, archives, bulletins et mémoires des diverses Sociétés agricoles ou académiques avec lesquelles nous entretenons un rapport d'échange, telle qu'elle est pourtant, assez honnête paraîtrait, si nous la reproduisions, la série des ouvrages à nous adressés depuis le dernier Concours, et dont un certain nombre a été analysé. Là, sur notre bureau, les autres attendent leur insertion par ordre d'ancienneté, et le résultat d'un impartial examen, assez semblables à ces ombres privées de sépulture, que le plus sensible des poètes pythagoriciens nous représentent errantes sur les bords du Styx, et de leurs mains suppliantes, conjurant le vieux et dur Caron de les recevoir sur sa barque funèbre et de les transporter sur la rive ultérieure du fleuve, à cette différence que nos chères analyses aspirent aux purs rayons de la lumière, tandis que les ombres mythologiques sont fatalement poussées à s'ensevelir dans les eaux oublieuses et stagnantes du Léthé, sans espoir, hélas! d'émerger jamais du sombre empire et des ténèbres infernales, pour revenir aux régions supérieures y jouir, à nouveau, de la douce et bénigne clarté des cieux.

Le nombre des admissions de cette année, en qualité de membres titulaires ou correspondants, ont à peine comblé les vides occasionnés dans nos rangs, par décès ou changement de position. A la perte de notre compatriote, M. Gros, sont venues se joindre celles de M. Royer-Collard, professeur à la Faculté de droit de Paris, et de M. le Docteur Rollande du Plan, etc., etc.

Nous sommes arrivés à la seconde partie du Programme.

2o Propagation des sciences, des lettres et des arts.

Agriculture. Le premier qui se présente sur le terrain, et que recommande à la fois l'autorité du zèle, de l'âge et de l'expérience, est précisément notre respectable Vice-Président, l'honorable M. Vionnet. Toujours en haleine et sur le qui-vive, constamment occupé à découvrir le moyen de déraciner un abus fâcheux, pour y substituer une innovation féconde, il n'est pas moins en éveil sur ce qui se passe au dehors, et d'un moindre empressement à signaler, soit à proximité, soit dans le lointain, ou les conceptions des hommes de théorie, ou les essais des hommes de pratique et d'exécution. Un des membres les plus assidus, bien que non résidant, rien, ni les sueurs de la haute température, ni les frissons de la saison des frimas, rien pour lui n'est obstacle à franchir une distance susceptible d'offrir à tant d'autres un motif plausible d'empêchement et d'abstention.

Courant au plus pressé, dans une zone montagneuse, et mise en demeure par sa position, de tirer avantage du lait des vaches, des chèvres et des brebis, ici il s'occupe du choix des graines pour faire des prés non arrosés, et indique les procédés de conversion des champs en prés naturels; là il établit le mérite respectif du fumier d'étable et des engrais artificiels. Plus loin, ému de compassion envers la taupe, pauvre animal occupé à soulever la masse qui le couvre, ce n'est cependant pas au nom de la pitié qu'il demande grâce pour elle, mais à titre de conservatrice des grains; mais il abandonne résolument à la destruction les insectes. voraces qui attaquent le blé sur pied. Ailleurs, il compulse ce qu'il y a de plns remarquable dans les feuilles vouées à l'agriculture; sous cette rubrique chronique agricole, il rend compte des conférences de M. Georges Ville, à Vincennes, et des travaux de la Société d'apiculture à Paris; il s'occupe de l'enquête agricole, et, sous le titre d'observations, d'un excellent travail de M. Gindre, sur la préférence à donner au fumier de ferme plutôt qu'aux préparations et manipulations quelconques, M. Gindre, son jeune émule en recherches et dévouement, à cet égard un autre lui-même, et tous deux Arcadiens, Arcades ambo.

M. Gindre aussi prend la défense de la taupe, et à l'exemple du professeur Fleischer, en démontre l'utilité, en qualité d'auxiliaire de l'homme contre les ravages des vers blancs ou mans; s'autorisant encore des essais réussis de M. Ferdinand Gloëde, et relatés dans le Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, et de ceux du chimiste Ventura, mentionnés dans l'Economia rurale du 10 Mars dernier, il propose également l'emploi de la fleur de soufre qu'il sera facile à nos cultivateurs de se procurer, en s'adressant à M. Alexandre Jacquot, marchand de bois à Dole, et représentant dans le Jura de la Compagnie Lajarrige, exploitant la mine de soufre des Tapets, à Apt (Vaucluse). Mais il ne suffit pas d'assurer une récolte, il faut la déposer dans une grange, et guetter le moment favorable d'en tirer un prix honnête. Cette idée a conduit M. Gindre à celle des moyens de transport, et subséquemment, à établir la nécessité d'une préparation anti-solaire plus efficace que l'imbibition de l'huile bouillante, le séjour préalable dans le casier, des différentes pièces de charronage pour préserver les roues d'une usure anticipée. Etendant plus loin ses vues, il considère la potasse au point de vue de l'agriculture.

Nous devons à M. Louis Fourquet, horticulteur à Dole, un excellent rapport sur le brôme de Schrader.

Barème en main, avec son talisman de chiffres, appliqués à l'évaluation des fumiers en comptabilité agricole, M. Sauria, jeune, a su nous

faire apprécier toute l'importance de cet élément actif de production et de fécondité.

Il est deux sciences passées à l'état de professions, et toutes deux, l'une par ses conseils, l'autre par ses applications, vouées au même objet, le maintien ou le rétablissement de la santé, ayant dès lors toutes deux plus d'un rapport et d'un point de contact avec l'agriculture, car, s'il est vrai, comme l'a dit dans le langage du temps, le fidèle ministre de ce roi devenu populaire, par son désir de voir chaque dimanche la poule au pot sur la table du paysan, que labour et patour soient les deux principales mamelles de chaque état, il va de soi que la médecine et la pharmacie doivent lutter d'efforts pour assainir et féconder ces artères nourricières et vivifiantes. De là le nombre de médecins et de pharmaciens qui nous honorent de leurs sympathies et nous aident de leur coopération.

M. Chonnaux-Dubisson, médecin à Villers-Bocage, notre honorable correspondant, ne s'est donc pas contenté de nous adresser un long travail sous ce titre : Recherches expérimentales sur le goître, terrain sur lequel il s'est rencontré avec M. le doct' Bergeret, d'Arbois, il a encore enrichi cette année notre Bulletin d'une œuvre remarquable sur cette question: Moyens d'augmenter à la fois la richesse publique et la richesse privée.

Cette thèse, notre honorable compatriote ne l'a-t-il pas aussi traitée d'une manière indirecte, dans son hygiène du vigneron, ou précaution qu'il doit prendre pour conserver sa santé? Celle-ci n'est-elle pas en effet la première condition de l'activité physique et morale, c'est-à-dire de l'instrument indispensable à l'acquisition de la richesse ou même de la simple aisance?

C'est le peu d'épaisseur du mur mitoyen qui sépare la culture de la terre de celle de l'esprit, et le traitement de la santé du corps des soins dus à celle de l'âme, qui nous a mis en rapport avec l'Abeille médicale, la Gazette de médecine, la Médecine contemporaine, la Médecine mentale, et qui explique la fréquente apparition dans notre recueil mensuel de noms de médecins et de pharmaciens.

Viticulture. Ce titre nous remet en mémoire les beaux rapports de M. le docteur Jules Guyot à S. Ex. M. le Ministre de l'agriculture; le travail de M. L. Pasteur, d'Arbois, membre de l'Institut: de l'influence de l'air dans la vinification; son étude sur la conservation et l'amélioration des vins; une note sur la dégustation de cinq échantillons de vins chauffés et non chauffés; des remèdes ou préservatifs contre l'oï

dium, par M. Chavanton; contre la Grêle, par un de nos correspondants de Salins.

Horticulture. M. Tourniaire s'est occupé d'enrichir nos vergers et nos jardins d'un arbre encore peu connu, du moins dans l'usage varié qu'on peut faire de son fruit; il s'agit de l'azerolier. — Moyen de posséder promptement des radis.

Apiculture.

Tandis que M. Baud, Casimir, apiculteur et cultivateur au Fied, conformément à son premier titre, recommandait des réserves pour obvier à la disette qui menaçait les abeilles cet hiver, conséquent avec l'autre, il faisait connaître les procédés propres à obtenir d'excellentes pommes-de-terre.

Sylviculture. Ce chapitre a fourni à M. Gindre des observations très-judicieuses sur les moyens pratiques d'améliorer les forêts des montagnes dans le Jura; et à M. Jules Léon, l'occasion de rappeler les avantages domestiques qu'on peut retirer de l'emploi intelligent du bois de quillay.

Géologie appliquée. -Une note, comme il l'appelle, de M. Pidancet, sur les matières utiles du sol jurassique, peut être considérée comme faisant suite à son grand travail sur la Géologie du Jura. - Lettres sur les Roches du Jura, par M. Jules Marcou.

Economie rurale. - De l'Ecrevisse ses usages; sa rareté toujours croissante; nécessité de la conserver et de la multiplier dans nos cours d'eau; mesures à prendre; tel est le thème, on ne peut plus opportun, qu'a choisi M. Rouget, d'Arbois. Conservation du lait.

Hygiène. Nous plaçons sous ce titre un travail de M. le docteur Perron, sur le régime intérieur des Hôpitaux au XVIIIe siècle, qui montre combien ce régime était encore vicieux à cette époque, et le peu de cas qu'on y faisait de la vie des hommes.

Sciences naturelles. Sous ce titre: Fulminabilité arboréale, M. Gindre a recherché si le hêtre jouissait du privilège attribué par les anciens au laurier, d'être et de mettre à l'abri de la foudre, et s'est prononcé pour la négative.

Et sous le titre de : Quelques points de Philosophie chimique, M. Jules Léon a traité des propriétés de quelques acides encore mal compris. Archéologie. Muni des armes et éclairé des lueurs de cette science, l'intéressant auteur du Jura pittoresque, M. Sauria, aîné, nous a conduits à l'antique abbaye de Château-Chalon, et le savant M. Francis Wey, dans l'intérieur des grottes de Baume. M. Bousson de Mairet a mis sous nos yeux une cascade de la vallée des Planches (Jura); M. Vionnet nous a donné la description d'un sceau de Grégoire IX, pape au xmme siècle.

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Histoire. Fréquents sont les tremblements de terre en Algérie, mais aucun n'a été accompagné de circonstances aussi émouvantes et n'a eu des suites plus désastreuses pour la domination espagnole, que le tremblement de terre d'Oran, auquel nous a fait assister M. le docteur de Bourilhon.-Lettre autographe de Mirabeau.-Littérature proprement dite elle a eu pour interprête une plume qui n'aime pas à être nommée, mais qui, malgré elle, partagera la réputation, je n'ose dire la renommée, du Lecteur et son Livre.

Linguistique. Le patois des Fourgs, par M. Tissot, doyen de la Faculté des lettres de Dijon, travail savamment apprécié par M. Ed. Girod, bibliothécaire de la ville de Pontarlier.

Biographie.- Un historien qui nous est cher, Chevalier, de Poligny, a trouvé un historien de sa vie digne de lui, dans l'auteur du Génie du Sacerdoce, l'actif et fécond M. Marminia.

Revue bibliographique. - Ont passé sous nos yeux, consciencieusement analysés: Monographie du Théâtre antique d'Arles, par M. Jacquemin; La Vie et l'OEuvre de Charles-Frédéric Gerhardt; Considérations sur la Science et les Savants, à propos d'un travail géologique, par M. Fernand Papillon; - La Vie de M. de Chaffoy, de Besançon; Les Voyages dans les deux Hémisphères, de M. Jules Marcou; Le Breviari d'Amor, de Matfre Ermengaud, par M. Gabriel Azaïs, secrétaire de la Société archéologique de Béziers; De la Décentralisation intellectuelle et des progrès des arts, des sciences et des lettres en province, par M. Arsène Thevenot; Jean-Michel de PierreVive, premier médecin de Charles VIII, et le Mystère de la Passion;Bibliothèque d'un médecin au commencement du XVe siècle, par M. le docteur Achille Chereau; - Nouveaux Chants prosaïques, de M. Ernest de Rattier de Susvallon; - De l'Emprisonnement cellulaire, par M. de Piétra-Santa; Infanticide, Momification naturelle du Cadavre, par M. Bergeret.

Une traduction en vers de l'Enlèvement de Proserpine, poème de Claudien, par M. Jules Léon,

Peut-être plus d'un assistant se demande comment il n'a pas encore entendu prononcer le nom de M. Bel, notre vénérable doyen. Ce n'est pas parce que ce nom est un de ceux qui, à l'instar des images de Brutus et Cassius, brillent par leur absence; c'est que, d'une quasi universalité, comme celle des Marcile-Ficin et Pic de la Mirandole qui, au temps des joutes littéraires, se faisaient forts de parler sur tout ce que l'on sait ou peut savoir, de omni re scibili, il est difficile de le rattacher à une catégorie, une spécialité quelconque : M. Bel nous a entre

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