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Dans un avenir prochain, ce vaste réservoir fournira amplement toute celle qui est nécessaire à l'industrie; et dut-on voir par la suite notre sol dépouillé de ses forêts, on ne peut plus craindre que la potasse vienne à manquer.

Le nitrate ou azotate de potasse (salpêtre) se trouve en efflorescence dans un grand nombre de lieux, surtout au milieu des grandes plaines de nos continents, comme en Hongrie, dans l'Ukraine et la Podolie; dans les plaines de la mer Caspienne, en Perse, en Arabie; dans les déserts de l'Egypte, en Espagne, dans le royaume de Naples, aux Indes-Orientales; dans diverses cavernes des terrains calcaires et les dépôts feldspathiques. Les Anglais estiment assez la vertu du salpêtre pour l'aller chercher au-delà des mers. La neige ne doit qu'au nitrate de potasse qu'elle contient ses propriétés fertilisantes. On dit habituellement : année de neige, année de foin abondant et bon. Les hautes montagnes du Jura ne devraient-elles point la qualité supérieure de leur foin à la grande quantité de neige qui y tombe chaque année et qui y séjourne si longtemps. Les herbes des prairies sont riches. en potasse (silicate): le salpêtre y serait excellent. Pourquoi n'imiterionsnous pas nos voisins d'Outre-Manche et ne nous servirions-nous de cette substance que pour en faire un objet de destruction?....

La cendre, qui contient une certaine quantité de sous-carbonate de potasse (potasse du commerce), répandue sur les terres, est un des amendements les plus précieux. Elle y reporte, avec la potasse, la silice, la chaux, l'acide phosphorique, les oxides de fer et de manganèse, etc., que les végétaux en avaient tirés. En Hollande, on les recueille avec soin. Les domestiques les enlèvent et les déposent dans des tinettes ou paniers destinés à cet usage. Ils y joignent les balayures de la maison. A une heure fixe, un homme conduisant un tombereau fermé en dessus et traîné par un cheval, passe dans les rues habitées par ses pratiques. Il donne un coup de trompe dans le voisinage. Les domestiques, avertis par le son, arrivent avec leurs paniers; le charretier les prend et les vide dans son tombereau, qu'il ramène rempli aux magasins de cendres. On évite de les laisser mouiller, parce que l'eau dissoudrait les sels alcalins qu'elles contiennent et qui en font le principal mérite comme engrais. Mélangées, comme la potasse, avec les vidanges, les urines ou autres engrais liquides, les corps morts, les mauvaises herbes, les feuilles, la tourbe, le tan, etc., elles forment un excellent composé. On ne peut vraiment s'empêcher de déplorer l'incurie de bien des cultivateurs. de nos montagnes, qui les vendent à vil prix aux habitants de la plaine.

La potasse agit sur le terreau et les divers débris organiques; elle les rend solubles dans l'eau et susceptibles de servir immédiatement à la nourriture des plantes. C'est pour cela que l'écobuage et le brùlement des herbes à la

surface du sol en augmente la fertilité d'une manière notable, mais momentanée toutefois.

J'ai dit que la potasse forme de trois à cinq millièmes, ou quatre millièmes, en moyenne, du poids du végétal avant la combustion. La cendre représente, au même poids, un, deux, trois, jusqu'à six centièmes, ou trois centièmes et demi, terme moyen : elle contient donc généralement environ un neuvième de son poids de potasse. Si l'on suppose le double-décalitre de cendre, qui se vend dans nos fromageries pour le prix modique de vingt et quelques centimes, peser ras neuf kilog., il renfermerait mille grammes de potasse. Les herbes comme la paille absorbent une proportion notable de silicate de potasse. Lorsqu'on fait brûler avec précaution, à la flamme d'une bougie, quelques brins d'herbes sèches, puis qu'on rapproche peu à peu dans cette flamme le mince filet de cendre charbonneuse qui survit au brin d'herbe, on voit cette cendre incandescente se fondre graduellement en une petite perle de verre. Ceci sert à expliquer, disons-le en passant, l'origine de ces masses vitrifiées noirȧtres qu'on trouve sur le sol quelquefois après l'incendie d'une meule de foin.

J'ai répété sur des prés secs, avec une certaine dose de cendres, l'expérience que Franklin fit avec du plâtre sur un champ de trèfle : les résultats que j'ai obtenus ont été des plus encourageants, tandis que ceux du gypse ont été toujours pour ainsi dire insignifiants.

En résumé la potasse et toutes les substances qui en contiennent, comme le salpêtre, la neige, les cendres, et surtout celles provenant de végétaux crùs dans des lieux salpêtrés, sont des fertilisants très-appréciés en coprologie.

Les petits Oiseaux.

Toucher le cœur des chasseurs, n'est pas chose facile ! Laissons donc à leurs courses désordonnées, à leurs stratégies barbares, tous ces persécuteurs inexorables des chantres ailés de nos forêts et de nos jardins, et démontrons à nos auditeurs que, s'il peut entrer dans les plans de Dieu que nous fassions servir à nos besoins certains animaux traditionnellement désignés pour cet usage, il n'est pas permis à l'homme de priver, pour son amusement, l'agriculture de ses plus utiles auxiliaires.

Examinons quelques-uns des résultats de cette guerre sans trêve ni merci que vous faites aux bergeronnettes, aux rossignols, aux fauvettes, aux mésanges, aux rouges-gorges, aux chardonnerets, aux linottes, aux pinsons, aux verdiers, aux alouettes.

On comptait jadis, terme moyen, à chaque printemps dix mille nids par lieue carrée; or, nous savons tous que chaque nid contient en moyenne quatre petits. Eh bien ! il a été constaté qu'il faut à chaque petit quinze chenilles par jour, et que le père et la mère en mangent soixante autres pour leur part, ce qui fait cent vingt chenilles pour la consommation quotidienne de chaque nid.

Si donc vous multipliez 120 chenilles par 10,000 nids, vous avez un total de 1,200,000 chenilles qui étaient détruites chaque jour, par conséquent 36 millions pour un seul mois. Trente-six millions de chenilles! Mais a-t-on bien songé que ces 36 millions de chenilles, si on ne respecte pas l'existence de tous ces oiseaux du bon Dieu qui les consommaient, mangeront à leur tour la feuille, la fleur, le fruit de nos arbres, toutes nos plantes potagères et toutes celles d'agrément?

N'oublions pas aussi que les insectes et les plantes parasites, dont les oiseaux nous auraient délivrés, prélèvent un impôt presque double de l'impôt foncier. N'oubliez pas que cette année surtout le papillon du chou (Pteris brassica) a produit tant de chenilles, que cette plante a manqué à nos ménages et à nos étables. N'oubliez pas, enfin, les ravages de plus en plus grands de la chenille processionnaire dans les forêts.

DONNET, archevêque de Bordeaux.

Destruction des Charançons.

On lit dans la Réforme agricole.

« Voici un procédé que j'emploie depuis vingt ans avec un succès remarquable pour la destruction des charançons; il consiste à faire mettre en farine deux ou trois doubles-décalitres de haricots blancs et d'en saupoudrer les tas de grains atteints de ces insectes, pour les voir disparaître à l'instant; deux opérations suffisent, en faisant bien mêler le tas dans lequel on aura mis 20 litres de cette farine pour 100 hectolitres de grains.

Ayant vingt domaines dans le département de la Haute-Vienne, et n'ayant pas toujours le logement convenable pour pouvoir soigner mes greniers chaque fois que je me voyais obligé de garder des grains deux ou trois ans, les charançons me faisaient un dégât épouvantable; je m'aperçus qu'un tas de haricots avait été respecté, j'imaginai qu'en saupoudrant mes tas de grains avec de la farine de haricots, je parviendrai à les chasser. A la première opération, je les vis grimper après les murs comme une fourmilière; huit jours après, je répétai l'opération, et tout disparut complètement pour ne plus

reparaître. J'en fis part à mes amis, et tous ceux qui ont employé ce moyen comme moi n'ont plus eu connaissance de cet insecte si nuisible aux agriculteurs.

BEAUDEMOULIN,

Propriétaire-cultivateur, à Limoges.

Apparition des Chenilles.

On sait comment les circonstances climatériques de l'an dernier ont été favorables à la pullulation des insectes.

Leur ponte a été extraordinairement abondante; elle s'est faite dans les meilleures conditions pour que nous ayons à redouter cette année la continuation de leurs dégâts.

L'hiver, qui joue le rôle le plus efficace dans leur destruction, n'est pas encore venu. Ce ne sont pas quelques petites gelées du commencement de cette saison qui ont pu leur nuire; elles n'ont pas atteint leurs retraites souterraines.

Aujourd'hui la température est douce, beaucoup trop douce. Dans le climat de Paris, on voit déjà des bourgeons, et de nombreux nids de chenilles menacent les premières frondaisons.

Pendant que rien ne les dérobe encore aux recherches, c'est le moment de commencer leur destruction.

La nature ne se repose pas un instant dans l'infinie variété de sa production. L'homme, à son tour, doit constamment intervenir à son profit dans la lutte que se livrent entr'elles toutes ces forces, et qui est la loi de l'universelle harmonie.

Heureusement, on a reconnu l'efficacité de l'emploi du soufre contre cette invasion; et grâce à l'exploitation que MM. Lajarrige et Cie font chez nous de ce minerai, le péril pourra, en grande partie du moins, être conjuré. Nous avons, pour ainsi dire, le remède sous la main (1).

(Mercure Aplésien).

Les jardiniers voient souvent leurs semis dévorés en quelques jours par des limaçons et des limaces, et tous les moyens qu'ils emploient pour se débarrasser de ces voraces insectes restent stériles dans la plupart des cas.

(1) Un dépôt de ce minerai est établi à Dole chez M. JACQUOT, marchand de bois de construction, faubourg ou route de Gray.

Voici, dit le Journal de Saint-Quentin, un moyen indiqué pour les détruire:

Le soir, quand l'air et le sol seront assez humides pour provoquer la sortie des limaces et des limaçons, on répand du sel ordinaire sur le sol où se trouvent les semis qui redoutent leur attaque.

Le lendemain, tous les limaçons et les limaces qui seront venus en cet endroit y seront morts et paraîtront comme rôtis.

Un de nos plus assidus correspondants, M. Achille Billot, artistepeintre à Lons-le-Saunier, a reçu dernièrement un témoignage bien flatteur pour son talent d'artiste et son mérite de professeur. Au Concours des Ecoles de dessin de France, tenu récemment à Paris, il a vu une de ses élèves, formée en une seule année de leçons, non-seulement remarquée dans les six dessins qu'elle présentait, mais encore honoréc, pour les débuts, d'une récompense de deuxième classe.

Il est offert à la Société, par :

DONS.

Les Académies ci-après: Société départementale d'agriculture du Doubs: Compte-rendu des travaux et concours en 1863 et 1864.- Société d'histoire naturelle de Colmar, 5me année. Annales de la Société impériale d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles-lettres du département de la Loire, tome IX. - Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, année 1865, XIXme volume. - Société d'émulation du Jura, section de l'association philotechnique, année 1865. Association en faveur des pauvres petites orphelines d'Angleterre, sous le patronage de Mgr Grant, évêque de Soutwark.

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Par l'auteur, M. Achille MARMINIA : L'Idée de la Mort et de l'Eternité.

ERRATA DU BULLETIN N° 10.

Page 300, ligne 6, au lieu de bronchydrique, lisez bromhydrique. Même page, ligne 20, au lieu de carbonate de soufre, lisez : carbonate de soude.

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FIN DE LA 6 ANNÉE (1865).

POLIGNY, IMP. DE MARESCHAL.

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