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avidité, ainsi que la race bovine, qui en est très-friande, malgré la grosseur du fourrage.

Je conclus donc, d'après mes essais, que ce brôme est appelé à rendre d'éminents services à l'agriculture, et suis de l'avis de celui qui dit : « qu'il doit être plus favorable aux cultivateurs que la poussière d'or que l'on retire de son pays natal, » car la graine que l'on récolte abondamment est une nourriture pour les chevaux, qui la mangent comme l'avoine, à qui elle ressemble.

On peut donc, en semant clair, avoir la seconde année une récolte trèsabondante, puisque la graine perdue se retrouve pour les années suivantes.

Récolte du blé semé en lignes,
PAR LE MÊME.

Je viens soumettre à la Société, d'après le désir qu'elle en a témoigné, les résultats obtenus, en 1865, de la semence de blé en lignes.

J'ai obtenu, quoique j'aie semé tardivement, n'ayant reçu des variétés que dans le courant de novembre (du 15 au 20), les résultats que je vais

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D'autres variétés ont moins bien réussi, car la sécheresse a été si grande et la chaleur si vive, que certaines espèces ont été saisies à la floraison. D'après ces résultats et les essais faits en plein champ, et avec la culture ordinaire, si ce n'est la manière de disposer la semence, je conclus que la semence en lignes est d'un grand avantage; je désirerais beaucoup pouvoir en convaincre les cultivateurs, en leur faisant voir les produits, desquels j'ai conservé des échantillons, après toutefois en avoir procuré à plusieurs personnes, et avoir semé dans le même genre une certaine quantité d'ares de terrain que les amateurs peuvent visiter.

Culture des Pommes-de-terre,

PAR M. CASIMIR BAUD, MEMBRE CORRESPONDANT.

La pomme-de-terre est un des plus précieux aliments du cultivateur : on ne saurait trop en perfectionner la culture. Introduites râpées dans le

pain, elles en diminuent le prix et contribuent à le maintenir longtemps frais sans qu'il cesse d'être sain, d'un goût agréable et très-nutritif; épluchées et cuites à sec en vase clos, elles sont recherchées des enfants et forment la base de la nourriture des ménages nombreux. Au besoin, elles remplacent le pain jamais l'estomac ne se lasse de ce mets si simple et si facile à préparer.

Après avoir essayé tous les modes de culture de ce précieux tubercule, usités dans notre pays, voici celui que j'ai adopté et qui m'a constamment donné, depuis plusieurs années, des récoltes plus abondantes et de meilleure qualité que celles de mes voisins, lors même que leurs champs avaient été plus fumés que les miens.

A l'automne ou au commencement de l'hiver, j'écobue le champ sans brûler les mottes d'écobuage. On devra procéder à ce travail de la manière suivante Le cultivateur se place à l'un des angles du champ et coupe avec la pioche les racines des herbes qui se trouvent devant lui, à la portée de son outil, en ramenant les mottes entre ses jambes; puis, au lieu de faire un pas en avant, il continue l'écobuage en marchant de côté. Quand il a parcouru ainsi toute la lisière du champ, il a débarrassé de toute berbe une bande d'environ un mètre de largeur, bordée par les mottes d'écobuage. On fait alors un pas en avant, et le travail se poursuit en marchant encore de côté pour nettoyer une nouvelle bande de terre. Lorsque cette façon est terminée, les mottes d'écobuage forment des ados alignés comme les sillons d'un champ labouré.

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Ainsi amoncelées sous une petite épaisseur, les herbes se fanent et pourrissent pendant l'hiver, tandis que la terre des mottes se réduit en fine poussière sous l'influence des gelées. Au printemps, par un temps sec, on donne un coup de hersage pour répandre également dans tout le champ ce terreau qui constitue un excellent engrais. Il suffit ensuite d'une demifumure pour que le terrain soit prêt à recevoir les pommes-de-terre que je plante toujours à la charrue de deux en deux raies, et à une distance d'environ 50 centimètres. Il faut avoir le soin de bien renverser la terre soulevée par la charrue, pour que le terreau mélangé de fumier tombe sur les tubercules plantés dans la raie et les entoure. La profondeur de la raie ne doit pas dépasser 15 à 18 centimètres. Après la plantation, on égalisera la terre en brisant les plus grosses mottes, et l'on donnera en temps convenable les façons d'entretien, sarclage, butage, etc., suivant la coutume du lieu.

L'écobuage en automne ou au commencement de l'hiver offre de grands avantages quand on doit planter les pommes-de-terre à la charrue, ainsi que cela se pratique généralement dans le Jura. Si le sol n'a pas reçu cette préparation, les tubercules plantés dans la raie sont souvent entourés de terre

dure, ou recouverts de touffes d'herbe verte qui continue à croître si elle n'a pas été suffisamment enterrée. Dans les deux cas, ils ne se trouvent pas dans les conditions convenables pour donner une bonne récolte. La pommede-terre croit mal dans une terre trop compacte; on a remarqué qu'elle était alors de médiocre qualité et très-sujette à se gâter. Au premier sarclage, il faudra arracher l'herbe qui l'entoure, ce qui ne pourra se faire sans briser une partie des germes de la pomme-de-terre, qui sont déjà assez développés. Ces deux inconvénients sont évités par l'écobuage; car le terreau qui en provient recouvre les pommes-de-terre après la plantation, et le sol ayant été complètement débarrassé d'herbes, il suffit, au premier sarclage, d'un travail superficiel qui ne fait pas courir le risque de déranger les tubercules ou de briser leurs germes.

Depuis que j'ai adopté ce mode de préparation des terres destinées à recevoir des pommes-de-terre, non-sculement j'ai obtenu chaque année de belles récoltes, mais j'ai remarqué aussi que mes champs avaient été complètement préservés des ravages de la voire, que l'on appelle aussi ver blanc ou mans. C'est au système de culture que je viens d'exposer que j'attribue cet important résultat; car l'écobuage d'automne, quand il a lieu avant les grands froids, détruit une grande partie de ces rongeurs qui se tiennent encore à peu de profondeur dans la terre. Beaucoup sont ramenés à la surface du sol avec la partie supérieure des racines coupées par la pioche, et y périssent; les racines restées dans la terre ne tardent pas à pourrir, et ceux qui ont échappé à la pioche se trouvant privés de nourriture, ne résistent pas aux gélées d'hiver.

La Potasse considérée au point de vue
de l'agriculture,

PAR M. GINDRE, VICE-PRÉSIDENT.

Après les inondations et les déluges qui ont répandu en couche fertile sur les campagnes les débris arrachés par la violence des eaux aux rochers et aux montagnes, il a dù se produire un phénomène qui, par un tamisage soigné, a mis à part et transporté prés du jour les éléments les plus fins de ces alluvions trop grossières; car partout les parties superficielles du terrain sont plus ténues, plus douces, moins pierreuses que le sous-sol. Qui donc a pu accomplir cet immense tamisage? Les vers de terre, dont la race a tellement pullulé qu'on ne saurait marcher sans avoir un de ces êtres sous chaque pas, l'ont peut-être fait en grande partie. En effet, ils mangent

la terre, ils y font un choix, ils l'épluchent et en laissent le gros. Par une fraiche matinée, on peut voir sur les prairies cette infinité de petits dépôts vermiculés d'une argile onctueuse et douce que ces insectes sont venus y apporter du fond de leurs galeries souterraines. Si, par hypothèse, en nivelant chaque jour les minimes monceaux que leur travail élève chaque jour dans les bois et les guérets, on trouve que leur ouvrage de l'année équivaut à la centième partie d'un millimètre, ils auront tamisé un millimètre de terre en cent ans, et un mètre dans cent mille ans; ce qui n'est rien pour celui qui possède le temps.

C'est dans cette terre ainsi triée par le plus humble des animaux que naissent et s'alimentent les végétaux herbacés, dont les racines plus délicates, moins longues et moins robustes que celles des grands arbres, ne pourraient s'accommoder de la rudesse ordinaire de la couche sous-jacente. C'est là que les racines des plantes puisent l'eau avec les sels et les gaz qu'elle tient en dissolution. Les végétaux absorbent en plus forte proportion les sels qui prédominent dans les lieux où ils vivent. Théodore de Saussure trouva du carbonate de chaux dans les rhododendrons qui avaient crù sur un terrain calcaire, et de la silice dans ceux qui avaient végété sur du granit. Les plantes des bords de la mer ou des lacs salés contiennent du chlorure de soude (sel marin); celles qui croissent parmi les décombres renferment du nitrate de potasse. Les pins et les sapins de la Norvège et d'Allevard, dans le Dauphiné, contiennent plus de soude que de potasse, parce que les roches sur lesquelles ils reposent ont du silicate de soude, au lieu de contenir exclusivement du silicate de potasse comme le feldspath des roches granitiques. Cependant on trouve de la chaux dans les chènes qui ont crù quelquefois dans un terrain argileux ou siliceux, aussi bien que dans ceux qui vivent sur un sol calcaire, et du silicate de potasse dans les herbes récoltées sur ce dernier terrain.

Je me propose uniquement aujourd'hui de parler de l'influence de la potasse sur la végétation, et de l'utilité qu'elle a et peut avoir en agriculture.

La potasse, appelée autrefois l'alcali végétal, nécessaire pour la fabrication d'une foule de produits industriels, se trouve disséminée dans le sol par très-petites parties. Sous l'influence de la vie qui les anime, les végétaux l'attirent à eux et se l'assimilent. Plus une terre renferme de potasse, plus elle est fertile; moins elle en contient, plus elle est ingrate. Les terres vierges de l'Amérique, où d'innombrables espèces de végétaux ont accumulé la potasse pendant une longue série de siècles, ne doivent leur fécondité presque fabuleuse qu'à cette précieuse matière. Le fellah égyptien, avant l'arrivée des eaux du Nil, transporte sur ses champs des masses de terres vierges prises dans des lieux déserts depuis longtemps, et néglige d'utiliser

les fumiers et les débris de matière animale qui vicient l'air autour de sa

masure.

L'agriculture tend évidemment à épuiser la potasse du sol. Si l'on ne restitue pas à la terre, par des engrais ou des assolements bien combinés les éléments enlevés par la culture, il faut attendre pendant un certain nombre d'années de jachère que la potasse y soit revenue en quantité suffi

sante.

La potasse, comme on le sait, provient des rochers granitiques, qui forment la base principale de la croûte du globe. Le granit est composé de feldspath, de quartz et de mica. Le premier de ces minéraux est lui-même un mélange de silice, d'alumine et de potasse. Il n'entre pas dans mon plan de parler ici des différents systèmes par lesquels, on cherche à expliquer la manière dont la potasse se trouve transportée loin des masses granitiques et distribuée dans l'écorce terrestre. Il suffit de savoir que le feldspath se décompose spontanément sous l'influence des courants électriques de notre planète, et qu'il perd sa potasse avec une partie de sa silice pour donner naissance au kaolin ou terre à porcelaine.

Naguère encore l'industrie n'avait pas d'autres moyens de se procurer la potasse nécessaire à ses besoins que de l'extraire des cendres végétales. Toute la somme de cette substance ainsi obtenue, qui ne forme que trois à cinq millièmes du poids du végétal avant l'incinération, et servant journellement à faire du cristal, du flint-glass, de la poudre, etc., est une soustraction très-préjudiciable à la fécondité du sol. Il est certainement à désirer, dans l'intérêt agricole, que ce produit puisse être obtenu sans appauvrir nos champs.

La mer est le grand bassin où vont se rendre toutes les eaux courantes, avec ce qu'elles emportent de la surface des continents. Un kilog. d'eau marine contient un gramme et tiers de sels de potasse (chlorure ou sulfate). En supposant la profondeur moyenne des mers de quatre mille mètres, on a calculé que la quantité de tous les sels de potasse qui y sont contenus représenterait environ une couche de huit mètres d'épaisseur, ce qui fait au moins quatre mètres de potasse pure. Quelle richesse enfouie dans les abîmes de l'Océan! Ne viendra-t-il pas un jour, dans les desseins augustes de la Providence, où l'homme, aidé de l'arme des dieux, ou plutôt de la pile voltaïque, ira peut-être s'emparer de ces trésors dans le sein même des eaux? J'ai confiance dans le progrès humain, et j'appelle de tous mes vœux l'instant où le travailleur des champs pourra se procurer cet énergique stimulant à un prix raisonnable.

M. Balard, l'auteur de la découverte du brôme, a rendu un immense service en indiquant les moyens d'extraire avec avantage la potasse de la mer.

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