plus de pureté propre; mais qu'elles ont, par leur union essentielle à Dieu, la pureté de Dieu, qui peut par conséquent leur commander toutes sortes d'excès, auxquels elles n'ont point de part, parce qu'elles ne sont plus, et que n'étant plus, il ne peut y avoir aucune malignité en elles »? Il est encore dit dans le même ouvrage : « Que l'Époux permet les fautes dans son épouse, afin de la punir, et de la purifier en même temps de l'attache qu'elle avoit à sa pureté et à son innocence. » Ainsi l'attache d'une âme à la pureté et à l'innocence est une faute que Dieu punit, et les impuretés dans lesquelles elle tombe ne sont pas des crimes, mais la punition de ses crimes. Enfin peut-on rien de plus épouvantable que ce que l'on fait dire à l'épouse, que « sa noirceur apparente, c'est-à-dire ses péchés, cachent la grandeur des opérations de Dieu dans son âme, comme l'humanité sainte couvre en Jésus-Christ la divinité»? Que vous semble, ma sœur, de cette comparaison de l'humanité de Jésus-Christ avec la noirceur de l'âme? N'est-ce pas un horrible blasphème? y LA PÉNITENTE. Oui, mon frère, et je ne puis plus entendre ces choses sans horreur: confuse, interdite, étonnée, je rougis de honte d'avoir été malheureusement engagée dans des principes si pernicieux. Mais au moins ne croyez pas, mon frère, que mon cœur ait jamais eu part à de telles infamies, ou que que renvoie l'éditeur, et faut-il lire : << p. 156, »> au lieu de : « p. 176. » On lit, p. 156 : « Elle (l'âme en qui le mariage a été parfaitement consommé) est très parfaite, mais des perfections de Dieu même, et parce qu'elle est exempte de toute propriété ; ... elle est entrée dans l'innocence de Dieu. » a. Cette faute, dans le texte de l'Explication du Cantique des cantiques. b. Ici non plus la citation n'est pas textuelle. Voici le texte : « Là l'humanité adorable paroît noire comme un corbeau, en ce qu'elle paroît, non seulement couverte de meurtrissures, mais aussi chargée de péchés et de la noirceur de tous les hommes, quoiqu'elle soit la blancheur et la pureté sans pareille. Là où JésusChrist parut un ver et non un homme, l'opprobre des hommes et le mépris du peuple, combien étoit-il noir! Cette noirceur néanmoins ne laissoit pas de relever sa beauté, parce qu'il n'en étoit chargé que pour en décharger tout le monde. » j'aie été capable de rien faire contre mon devoir. Ah! plutôt que le ciel.... LE DOCTEUR. J'en suis très persuadé, ma sœur, et je sais que vous avez été trompée par les fausses promesses de ce directeur, qui vous flattoit de vous conduire à Dieu par une voie sûre et abrégée. Il vous conduisoit, ma sœur, dans un précipice; Dieu vous le fait apercevoir; rendez-lui de très humbles actions de grâces de ce bonheur; cherchez, cherchez d'autres directeurs qui vous conduisant, non par leurs propres lumières, mais par celles de l'Évangile et de l'Église, vous mènent infailliblement au port du salut. Pour Monsieur, je crois qu'il a trop d'esprit pour approuver les principes des faux mystiques, et qu'il est trop homme de bien pour mettre en pratique aucune des conséquences funestes qu'il a tirées si naturellement de ces principes. Le Gentilhomme. Il faut vous l'avouer, Madame, j'ai donné trop légèrement dans les pernicieux préceptes de l'auteur des Torrents. Dieu m'a tiré de mon aveuglement par le secours de Monsieur votre beau-frère: ses chrétiennes leçons m'ont convaincu qu'il n'appartient qu'à Dieu de tracer des routes certaines pour le salut. Je lui ai, Madame, cette première obligation; mais je lui suis encore très redevable de s'être servi aujourd'hui de moi pour vous faire sortir de votre erreur, et vous remettre ainsi dans la voie du salut. J'ai goûté, Madame, pendant quelques années le dangereux poison qui vous infectoit: comme vous, je me suis laissé séduire au jargon et aux termes spécieux des nouveaux mystiques; leurs directeurs se sont prévalus de ma foiblesse comme de la vôtre; mais heureusement Monsieur votre frère nous rend l'un et l'autre à Dieu et à la vérité par la force de l'Évangile, et par la solidité de ses raisons. Nous serions tous contents, si le Révérend Père, éclairé des lumières célestes, et touché des mouvements de la grâce, reconnoissoit aussi son égarement. La pénitente. Ah! plût à Dieu que mes vœux y pussent contribuer, et que de concert avec vous j'eusse l'avantage de... LE DOCTEUR. Ah! ma chère sœur, quel comble de joie de vous voir revenue de votre erreur, et que votre charité vous porte à vouloir sauver celui qui vous alloit perdre! Mais je crains que son heure ne soit pas encore venue, et qu'il ne reste encore beaucoup à travailler pour le remettre dans le bon chemin. Le directeur. Toutes les créatures me condamneroient, Monsieur, que ce me seroit moins qu'un moucheron, comme je vous l'ai déjà dita. Que mes disciples m'abandonnent; que tous les docteurs du monde me combattent; que les évêques me proscrivent; que l'Église me chasse de son sein; qu'on m'accable d'autorités; qu'on me confonde par une foule de raisons, rien n'est capable d'ébranler mon cœur et mon esprit. LE DOCTEUR. Adieu donc, mon Père: vous voyant dans une disposition si ennemie de la vérité, je n'entreprends pas de vous en convaincre; tout ce que je puis faire est d'offrir mes vœux et mes sacrifices à celui qui force les volontés rebelles, afin qu'il amollisse la dureté de votre cœur, et qu'il vous rende quelque jour capable d'entendre et d'aimer la vérité. a. Voyez ci-dessus, p. 631. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LA DEUXIÈME PARTIE DIALOGUE I. Que l'oraison de simple regard dispense et tient lieu, selon les quiétistes, de toutes les autres prières, et même des bonnes ceuvres. Qu'elle empêche de faire le bien auquel on se sent porté et qu'on a la volonté de faire. Que sous prétexte de n'écouter que Dieu, et de suivre ses mouvements, on omet les devoirs les plus essentiels. Différence de la doctrine des catholi- ques et des quiétistes sur les motions divines. Contradictions des derniers sur ce sujet...... DIALOGUE II. - Vue confuse et indistincte de Dieu comme présent partout, seul objet de l'oraison de simple regard. Elle exclut toute autre connoissance, toute autre pensée, tout autre acte, tout autre objet. Elle bannit la crainte des jugements de Dieu, l'espérance en sa miséricorde, et toutes les autres considérations. Sainte Thérèse opposée à cette doctrine. Stupidité dangereuse où DIALOGUE III. — Propriété et activité, source de tout le mal selon les quiétistes. Obscurité, embarras et contradictions de cette doc- trine. Qu'elle ruine la liberté de l'homme et sa coopération à la grâce erreur condamnée d'anathème par le concile de Trente. 579 DIALOGUE IV. - Vie et actions d'un saint opposées aux maximes et aux pratiques des quiétistes. Qu'il n'attend point des motions et des inspirations extraordinaires pour faire le bien. Examen de conscience devient un péché de propriété selon les quiétistes. Célébration des fêtes, prières, assistance à la messe, réception des sacrements et autres pratiques de piété, commandées par l'Église, indifférentes ou nuisibles selon les mêmes principes.... 591 DIALOGUE V. Les maximes des quiétistes détournent de la con- fession et de la pénitence. L'abandon parfait qu'ils enseignent jette dans l'indifférence pour le salut, pour les bonnes œuvres, pour les biens spirituels, pour les vices et les vertus; il fait consentir l'âme à l'extinction de la charité et de la foi, à aimer l'état de péché, le désespoir et la damnation. Affreuses consé- quences de cette indifférence absolue; qu'elle renverse les pre- miers principes du christianisme; qu'elle est directement opposée à toutes les demandes que l'on fait dans l'oraison dominicale... DIALOGUE VI. Les quiétistes abandonnent l'Évangile, l'Église et la tradition, pour suivre ce qu'ils appellent faussement volonté de Dieu. Béatitude et purgatoire des quiétistes en cette vie. État d'union essentielle selon eux, dans lequel l'àme, pour demeurer en Dieu, n'a plus besoin de Jésus-Christ médiateur..... DIALOGUE VII. — Oraison de foi pure, parfaite béatitude. Idée de - |