Demande : « Où se cache le Dieu? » Par ta gloire, par ta justice, Par nos maux, par les cris de ton peuple brisé, Il vient d'interroger ceux dont l'hommage impie Et dont le zèle puise aux regards qu'il épie Que de leur Christ le nom s'efface, S'écrie à son appel un sénat furieux : Il appelle et l'Egypte et l'Asie et la Grèce, Accourent dévoués, montrant leur allégresse, Ils couvrent la mer enchaînée; Au loin s'épand l'effroi, la peur, l'affliction, Tel qu'un tigre dont l'œil a dévoré sa proie, Regarda le superbe, en sa trompeuse joie, Tu façonnas leurs mains aux armes; Tu rends leur bras semblable à l'arc qui ne rompt pas. Des milliers contre un seul ont fui; mais le trépas, Tu triomphas, Dieu des batailles : 1 Don Juan d'Autriche, fils de Charles-Quint, Sur les vaisseaux de Tyr, ses tours et ses murailles, Je la vois; le tyran, le désespoir dans l'âme, Fut le tien; crains aussi de partager leur sort : De l'Asie adultère, au crime abandonnée, Nul ne plaindra les maux: sa dure destinée Mais «qui,» demandera la terre, << Renversa le colosse élevé jusqu'aux cieux ? » Qu'à jamais, Dieu puissant, ta grandeur soit bénie! Accable, en sa rage immortelle, Celui dont la révolte, aux célestes palais, Ton nom, Dieu Jéhovah! ta gloire et tes bienfaits. Trad. par don Maria Maury. MELENDEZ. Don Juan Melendez naquit au bourg de Frescho, près de Badajoz, l'an 1754. Ses poésies ne respirent que le calme de la vie champêtre; et jamais son talent n'est plus pittoresque et ne part mieux du cœur que lorsqu'il décrit les mœurs pastorales de nos premiers pères 1. Quelquefois le poëte s'élève et chante avec noblesse et enthousiasme les grands phénomènes de la nature. Il mourut à Montpellier le 24 mai 1817. ODE AUX ÉTOILES. Où suis-je ? en quel essor Sur des nuages d'or, Me transporte au palais de la voûte étoilée? Inextinguibles phares, Qui, pour notre œil mortel, de votre éclat avares, Restez ! que, poursuivant cet ineffable songe, Les clartés d'alentour Révèlent plus avant des splendeurs infinies; Le roi de l'univers, au sein des harmonies. Les princes de ses anges, Au son des luths divins, moduler ses louanges, Et, roi de l'univers, l'Éternel en est l'âme, Mais où le globe obscur, Que l'homme ingrat ravage, a-t-il fui? nulle trace Ni de l'astre serein, dont l'orbite l'embrasse. 1 Vict, Rendu., Leç çspag. de litt, Je l'oublie, et parcours Je plane, en m'élevant, sur le fanal du pôle, Je fends l'immensité; d'une audace plus ferme, Le terme! qu'ai-je dit? Ici d'autres soleils, d'autres cieux, d'autres sphères, Au maître qui les fit Rendent nouvel hommage, en nouveaux caractères ? Quel cercle eût arrêté L'auteur inépuisable, Pour qui le monde n'est qu'un atome de sable, Ni d'orbes radieux ces millions sans nombre, L'homme a pu dire: Assez! Jamais rien n'est assez pour la toute-puissance, Les gouffres du chaos reçurent son essence. Qui fut alors, réponde: Orion, Syrius, soleil de notre monde, Astres, signes divers, Parlez, peuple des cieux, où plaça votre maître Pressé du même soin, Déjà j'interrogeai bien des fois la nature : Parmi les fleurs nouvelles, Disait «Il est plus loin celui qui peint mes ailes : D'or, de pourpre et d'argent. » « Plus loin, »> me répondaient les oiseaux du bocage; « Plus loin, » disait l'aiglon dégagé du nuage. << Plus loin, » du sein des airs, << Plus loin, » dit le tonnerre, en sa voix effrayante, M'environne, allumant ma flamme foudroyante. >> Ce lointain fugitif, qui toujours me dépasse, Lieu d'où voit l'Eternel de son système immense Soleil, flambeaux sacrés (Car peut-être entre vous est celui qui l'éclaire), Pour redire à nos sens sa splendeur tutélaire; Hors du but élancée, Vous verrez s'élever l'inquiète pensée Mais, retombé sur soi, cet autre phénomène Trad. de don Maria Maury. QUINTANA. Don Manuel-José Quintana, auteur contemporain, s'est placé parmi les premiers poëtes lyriques de l'Espagne. L'élévation des sentiments, la grandeur et la force des pensées, la pureté et la noblesse du style, voilà ce qui caractérise ses ouvrages. A LA MER. Apaise le courroux de tes flots mugissants, Apaise-toi, souris à mes yeux, et consens |