Page images
PDF
EPUB

sions été instruits dans le temps de ce prétendu traité, nous eussions mis sous les ïeux du feu Roi ce que nous venons d'avoir l'honneur de mettre sous ceux de Votre Majesté; nous lui eussions représenté que la prééminence de sa Couronné, que le lustre de sa Maison, et que la dignité des Princes de son sang en Europe, établis et maintenus depuis tant de siècles, en étaient un des plus beaux apanages, que c'en était un droit, une portion, et un attribut moral, aussi inaliénable qu'aucune autre de ces possessions plus positives ou plus visibles, et qui sont regardées comme le patrimoine indivisible. et certain de la Race de nos Rois.

TELS Sont, SIRE, les principes, les faits et les raisons qui ont prescrit, comme devoir, aux Princes de votre Sang, la conduite qu'ils ont tenue relativement à M. l'Archiduc Maximilien. D'après ce qu'ils viennent d'exposer à Votre Majesté, ils ne sauraient douter qu'elle ne soit convaincue que ce serait lui manquer à ellemême, que de reconnaître aucune supériorité sur eux dans aucuns Princes, autres que ceux qui sont appelés à sa propre Couronne. Le plus prochain droit d'en hériter décide du pas

entre eux (1), et l'éclat du Trône qui se répand de plus près sur les deux premiers degrés qui s'en séparent, leur assurent des prérogatives personnelles et plus distinguées, auxquelles les autres collatéraux s'empresseront toujours de rendre hommage; mais ces justes prérogatives, partant du même principe, ne font qu'en consolider la grandeur, sans lui nuire, et ne peuvent diminuer en rien les avantages que ce principe même a donné, de tout temps, à la Maison de Votre Majesté, sur toutes celles de l'Europe (2).

LES Princes de votre Sang se flattent aussi SIRE, et osent le demander instamment à Votre Majesté, qu'en approuvant leur conduite, elle voudra bien la protéger, et daignera être leur garant, auprès de la Reine, du regret qu'ils

(1) Le premier Prince du Sang jouit aussi de quelques avantages particuliers, ainsi que les Chefs des Maisons apanagées.

(2) Louis XVI n'a rien statué, dans le temps, sur le Mémoire des Princes, et ceux-ci, constans dans leurs prétentions; se sont abstenus de voir l'Archiduc Maximilien, pendant le séjour qu'il a fait en France. (Note de l'Éditeur.)

ont eu de s'être trouvés dans l'impossibilité de lui témoigner, dans la personne de M. l'Archiduc, tout le desir qu'ils ont de lui plaire, de mériter ses bontés, et de lui donner, en toute occasion des marques de leur attachement sans bornes et de leur profond respect.

C'EST avec le plus profond respect, que

nous sommes,

SIRE,

DE VOTRE MAJESTÉ,

Très-humbles, très-obéissans, et très-Fidèles Serviteurs et Sujets,

L. Phil. D'ORLEANS.

L. P. J. D'ORLÉANS.

Louis-Joseph DE BOURBON.

Louis-Henri-Joseph DE BOURBON.

L. F. DE BOURBON.

L. F. J. DE BOURBON.

Paris, ce 30 Mars 1775.

LETTRE

DU GRAND-CONDÉ

AU ROI.

SIRE,

JE supplie très-humblement Votre Majesté de trouver bon que je lui écrive, pour la dernière fois de ma vie. Je suis dans un état, où je ne serai pas long-temps sans aller rendre compte à Dieu de toutes mes actions; je souhaiterais, de tout mon coeur, que celles qui le regardent, fussent aussi innocentes, que presque toutes celles qui regardent Votre Majesté. J'ai tâché de remplir tous les devoirs auxquels ma naissance et le zèle sincère que j'avais pour la gloire de Votre Majesté, m'obligeaient. Il est vrai, que dans le milieu de ma vie, j'ai eu une conduite que j'ai condamnée le premier, et que vous avez eu la bonté de me pardonner. J'ai ensuite tâché de réparer ma faute par un attachement inviolable à Votre Majesté, et mon déplaisir a toujours été depuis ce temps

là, de n'avoir pu faire d'assez grandes choses, qui méritassent les bontés que vous avez eues pour moi. J'ai, au moins, cette satisfaction de n'avoir rien oublié de ce que j'avais de plus. cher et de plus précieux, pour marquer à Votre Majesté, que j'avais pour Elle et pour son Etat, tous les sentimens que je devais avoir. Après toutes les bontés dont vous m'avez comblé, oserais - je encore vous demander une grace, laquelle, dans l'Etat où je me vois réduit, me serait d'une consolation très-sensible; c'est en faveur du Prince de Conti. Il y a un an que je le conduis, et j'ai la satisfaction de l'avoir mis dans des sentimens tels que Votre Majesté peut les souhaiter. Ce Prince a assurément du mérite, et, si je ne lui avais pas reconnu pour vous toute la soumission imaginable, et une envie très-sincère de n'avoir point d'autre règle de sa conduite, que la volonté de Votre Majesté, je ne la prierais pas, comme je fais très-humblement, de vouloir bien lui rendre ce qu'il estime plus que toutes choses au monde, l'honneur de ses bonnes graces. Il y a plus d'un an qu'il soupire, et qu'il se regarde en l'état où il est, comme s'il était en Purgatoire. Je conjure Votre Majesté de l'en vouloir tirer, et

« PreviousContinue »