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MONSIEUR MON PERE,

J'AI reconnu par l'affection que les Messieurs d'Avallon m'ont témoignée, en votre considération, avec quel respect je dois recevoir les commandemens et instructions que vous m'avez donnés, à mon départ, pour gagner les cœurs, que je veux garder inviolablement. Je ne saurais dire avec quelle joie Mademoiselle la Grand'-Mère m'a reçu en sa Maison, et les bons traitemens qu'elle m'a faits. Je m'étu dierai à lui apporter le moins d'incommodités que je pourrai; je n'ai apporté ici qu'un regret, de vous sentir dans les périls de guerre et de peste. Je prie Dieu vous vouloir préserver de tous les deux, avec la même affection que je suis,

Monsieur mon Père,

de votre Altesse

le très-humble et très-obéissant Fils et Serviteur,

D'Avallon, ce 7 Septembre 1636.

LOUIS DE BOURBON.

PIÈCES RENVOÏÉES A LA FIN DE L'OUVRAGE:

Page 116. Arrêté du Parlement, du 22
Août 1651.

L'ARRÊTÉ du Parlement fut : « Que la Reine » supprimerait la déclaration du Roi et celle » du Duc d'Orléans ; qu'elle justifierait M. le >> Prince des imputations publiées contre lui, » et que M. le Prince se rendrait auprès du » Roi pour l'aider, à son ordinaire, de ses » conseils et de ses lumières. >>

Page 148. Réponse du Grand - Condé aux prétentions de l'Archiduc Léopold.

« Le Prince répondit froidement que les » Princes du Sang de France ne cédaient (la » préséance) qu'aux Rois; que tout ce qu'il >> pouvait faire, en faveur de M. l'Archiduc, Fils » et Frère de l'Empereur, était de consentir » à l'égalité, à condition toutefois que ce » Prince lui ferait les honneurs des Païs - Bas >> et lui céderait la préséance dans un lieu tiers. » Au reste, ajouta-t-il, je donne aux Minis» tres de votre Mattre, vingt-quatre heures

» pour se décider; si je ne reçois pas, » avant qu'elles soient écoulées, une ré»ponse telle que je l'exige, je sortirai de >> Namur et des Païs-Bas ; je m'exposerai » à tout, plutôt que de consentir que les » droits que je tiens de la naissance, soient »avilis et dégradés (1). » Histoire du Prince de CONDE, par Desormeaux, t. 3, p. 402.

(1) La diffidulté sur la préséance des Princes du Sang de France, vis-à-vis des Princes du Sang Etranger, s'est renouvelée en 1775, à l'occasion du voïage que l'Archiduc Maximilien, Frère de la Reine, fit alors en France, et de la prétention que ce Prince éleva d'être visité le premier, par les Princes du Sang, qui s'y refusèrent unanimement. Il en résulta contre eux un mécontentement à la Cour, qui donna lieu au Mémoire suivant, que les Princes adressèrent au Roi à ce sujet. Nous avons pensé qu'on le verrait avec d'autant plus d'intérêt, qu'il n'a point été connu du Public dans le temps. Nous le donnons sur le Manuscrit autographe, revêtu des signatures originales des Parties intéressées, comme monument de Politique et d'Histoire.

SIRE,

LES PRINCES de votre Sang croient devoir instruire Votre Majesté de l'ancienneté, de la solidité et de l'étendue des droits de la Couronne et de la Maison de France, qui leur ont prescrit la conduite qu'ils ont tenue envers M. l'Archiduc Maximilien d'Autriche.

LA Couronne de France et ses Rois, Sire, ont eu de tous temps la prééminence et la préséance sur toutes les Couronnes de l'Europe.

Dès le temps de Childebert, Roi d'Austrasie, le Pape S. Grégoire lui écrivait : « Autant la » Dignité Roïale élève celui qui en est revêtu >> au dessus de tous les autres hommes, au>> tant l'excellence de votre Couronne l'em>> porte indubitablement sur celles de toutes >> les autres Nations (1). »

MATHIEU PARIS, Historien Anglais, par

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(1) « Quanto cœteros homines régia dignitas ante>> cedit, tanto coeterarum Gentium, regna regni ves» tri profecto culmen excellit. » S. G. Ep. VII, dans le Recueil des Historiens de France, tom. IV, p. 17.

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lant de S. Louis dont il était Contemporain, le qualifie Roi des Rois de la terre (1); et quant à la Dignité des Rois de France, il dit: qu'elle était regardée comme supérieure à celle de tous les autres Rois (2).

AME, Comte de Savoye, dans un titre de 1397, appelle le Roi de France le plus Grand et le plus Noble des Rois Chrétiens (3),

«S'IL était possible, disait l'Empereur » Maximilien I., d'être Dieu, et que je le » fusse, je voudrais que mon Aîné fût Dieu » après moi, et mon second, Roi de Fran» ce (4). »

BALDE, Jurisconsulte Allemand, cité par du Haillan, reconnaît, quoique Sujet de

(1) « Dominus Rex Francorum, qui terrestrium » Rex Regum est. » Mathieu Paris, en 1254.

(2) « Rex Francorum Regum censetur dignissimus. Idem, anno 1255. »

(3) Ducange, 27, Dissertation sur Joinville.

(4) Jérôme Bignon, de l'Excellence des Rois et Roïaume de France. Page 487.

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