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MONSIEUR MON PERE,

JE vous avais demandé dans ma dernière lettre, si dans la suite je vous écrirais en latin ou en français; en attendant votre réponse, je vous écris comme de coutume. J'ai une autre demande à vous faire, c'est de me permettre de suspendre mes exercices littéraires les aprèsmidi. Vous serez surpris que je vous prévienne, et que je ne prenne pas votre silence pour un aveu; mais l'étude ne m'est pas si désagréable ni si fastidieuse qu'elle ne me plaise, quand vous me l'ordonnez; elle n'a pas non plus tant d'attraits pour moi que je ne m'en abstienne facilement, si vous le jugez à propos. Quelle que soit votre réponse, je m'y conformerai volontiers, et suis,

Monsieur mon Père,

de votre Altesse

le très-humble et très-obéissant Fils et Serviteur,

De Bourges, ce 8 Janvier 1636,

LOUIS DE BOURBON.

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Si j'ai reçu des honneurs et des témoignages d'affection dans les villes de votre Gouvernement, je vous en dois, après Dieu, les remercîmens; je ne veux pas que tous ces applaudissemens me fassent rien oublier de ce que je suis, et des devoirs de soumission que je suis obligé de vous rendre. Je sais trop bien ce que je suis et ce que vous êtes, pour être si malheureux que de jamais faire chose qui vous puisse déplaire, puisque je veux être toute ma vie,

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Monsieur mon Père,

de votre Altesse

le très-humble Serviteur et Fils

très-obéissant,

LOUIS DE BOURBON.

D'Auxerre, ce 20 Février 1656.

MONSIEUR MON PÈRE,

JE lis avec contentement les héroïques actions de nos Rois dans l'Histoire, pendant que vous en faites de très dignes pour la grossir, en me laissant un bel exemple et une sainte ambition de les imiter, et en suivre, quand l'âge et la capacité m'auront rendu tel que vous me desirez. Si j'étais témoin oculaire des vertus et sublimes actions que vous exercez maintenant dans les occasions, peut-être m'apprendraient-elles ce que je dois faire un jour; mais ce m'est assez, pour maintenant, d'être enfant de desirs, et n'avoir autre volonté que la vôtre, laquelle je veux prendre pour règle de ma vie que je vous dois, étant ce que je suis,

Monsieur mon Père,

de votre Excellence

le très-humble et très-obéissant
Fils et Serviteur,

LOUIS DE BOURBON.

De Dijon, ce 2 Juin 1656.

MONSIEUR MON PERE,

Si mes desirs étaient accomplis, je serais au camp pour vous y servir, et si je pouvais, pour y soulager vos douleurs, et prendre part à vos peines. Ce me serait une consolation qui ne peut être sans grande inquiétude, tandis que je saurai les dangers où vous êtes continuellement, et les martyrs que la gravelle vous fait souffrir; ce que je peux maintenant est d'offrir mes prières à Dieu pour votre conservation, et que je fais avec l'affection que je suis,

Monsieur mon Père,

de votre Altesse

le très-humble et très-obéissant Fils et Serviteur,

LOUIS DE BOURBON.

De Dijon, ce 2 Juin 1636.

MONSIEUR MON PÈRE,

JE souhaiterais pour le repos de mon esprit, lequel n'est jamais sans appréhension, vous sachant dans les occasions, être assez fort pour vous aller soulager dans vos peines, et relever des périls évidens que vous encourez. Tout ce que je peux maintenant est d'emploïer mest prières envers Dieu pour votre conservation, étant ce que je suis,

Monsieur mon Père,

de votre Altesse

le très-humble et très-respectueux Fils et Serviteur,

LOUIS DE BOURBON.

De Dijon, co 7 Juin 1636.

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