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MONSIEUR MON PERE,

J'AI souvent ouï dire que les affaires que l'on confie à plusieurs personnes, ne finissent pas sitôt; car chacun a son opinion, c'est pour cette raison que l'on a tant de peine à finir quand il s'agit de réunir tous les suffrages; c'est ce qui est arrivé par rapport à la chaire de théologie de Bourges, qu'il s'agissait d'incorporer à l'Université sous vos auspices. On a fait naître des difficultés que votre sagesse a surmontées; on en prépare d'autres qu'il n'y a que vous qui puissiez vaincre. Au reste, c'est votre ouvrage; vous ne refuserez pas, j'espère, d'y mettre la dernière main, vous êtes le Père et le Protecteur de l'Université; de qui peutelle espérer ce nouvel éclat, si ce n'est de son bienfaiteur? Si vous ne mettez le comble à vos bienfaits, il y aura lieu de craindre qu'elle n'ait recours à d'autres qui auraient le mérite de la chose; pour moi, je serai très-reconnaissant des nouvelles marques que vous lui donnerez de votre Protection; je ne doute pas que vous n'appreniez avec plaisir que je finis aujourd'hui, les Institutes de Justinien. Je trouve

imposuerim feliciter, sic ardenter amo quod imperas ut sim, et habear semper,

Domine mi Pater,

Celsitudinis tuæ

Servus humillimus et Filius semper obsequentissimus,

LUDOVICUS BORBONIUS.

Biturgibus, 24 Novemb. 1635,

la plus grande satisfaction à remplir vos ordres, et c'est dans ces sentimens, que je suis,

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DOMINE MI PATER,

Si plures canes alui, quàm necessitas ad venandum requireret, aut voluptas, eam culpam ignosces primo ardori venationis quo abripiebar; est enim communis omnium error qui vehementius aliqua diligere incipiunt, ut multa sine delectu conquirant, quæ posteà sua spontè abjiciant; nondum in me ego hunc errorem cognoveram : at postridie quàm illiùs litteris tuis fui admonitus, præter novem quòs servari per te licebat, dimisi alios omnes. Ita mihi statim ea fastidio sunt quæ tibi non pla

cent: Ita nulli rei meus amor inhærebit nisi tuæ voluntati : feceram hìc scribendi finem, cum venit ad me D. de Beaujeu, Legionem meam, potius tuam, quinque cohortibus augeri dixit, oravitque, ut unius cohortis vexillum committerem nepoti cui nomen, de Busseuil: opinor, cum avunculos ejus duos jam elegeris in Legionibus meis duces, eorumque fidem ac virtutem probaveris, nepoti cohortis unius signum

MONSIEUR MON PÈRE,

que

J'AI entretenu, il est vrai, plus de chiens le besoin ou le plaisir de la chasse n'en demandait vous pardonnerez cette faute à ma première ardeur pour cet amusement. C'est une manie ordinaire à tous les hommes, dès qu'ils sont épris de quelque objet, de rassembler inconsidérément tout ce qui y a rapport, et souvent, de le dédaigner ensuite. Je ne m'étois pas encore aperçu de cette faute; mais dès que j'ai reçu votre lettre, le lendemain je me suis défait de tous mes chiens, excepté de neuf que vous me permettez de garder. Tout ce qui vous déplaît me devient fastidieux, et je n'ai rien de plus à coeur que de remplir vos desirs. J'avais fini ma lettre, lorsque M. de Beaujeu est venu me dire qu'on avait augmenté mon Régiment ou plutôt le vôtre, cinq Compagnies ; il m'a demandé une place de Cornette, pour son Neveu, de Busseuil. Comme vous avez déjà élevé au grade de Capitaine dans mes Régimens, deux de ses Oncles dont vous avez éprouvé le zèle et la valeur,

de

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