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DES

DEUX MONDES

LXVII ANNÉE. QUATRIÈME PÉRIODE

TOME CENT QUARANTIÈME

PARIS

BUREAU DE LA REVUE DES DEUX MONDES

RUE DE L'UNIVERSITÉ, 15

1897

DE TOUTE SON AME

DERNIÈRE PARTIE (1)

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XXV

Du cahier gris. « Mon frère est parti sans me dire adieu. L'oncle Madiot est rentré si furieux contre lui, que je n'ai pas pu le calmer. S'il m'avait raconté la discussion qu'il a eue, j'aurais peut-être mieux réussi. Mais il s'est borné à me dire : « Henriette, je ne veux plus que tu lui donnes de l'argent; je ne veux plus que tu le voies! » Je ne sais pas si je serai bien fidèle à la défense. En somme, je suis l'aînée, et notre mère est morte, et je suis première. Ça me fait trois devoirs, quand il a tout dépensé.

« Lui-même, mon oncle Éloi, est allé ce matin voir les Loutrel. Il paraît qu'Étienne a pour ami un sergent du régiment de la Roche-sur-Yon, et, par lui, mon oncle aura des nouvelles d'An

toine.

<<< Ce qui me fait le plus pitié, c'est Marie. La voilà seule, avec la misère revenue, et, j'en suis sûre, le remords en plus. Si je savais qu'elle voulût me recevoir! J'ai encore sur la joue son baiser du jour de Mauves, quand elle me disait : «< Aimez-moi! » Mais je prierai Mme Lemarié de s'informer. Elle ira, elle me dira si je puis aller à mon tour, puisque j'ai été repoussée. C'était la honte qui me chassait. A présent, si la pauvreté me rappelle,

(1) Voyez la Revue des 15 janvier, 1 et 15 février.

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