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thologie ils ne voyaient que les causes, ce qui dans l'une et dans l'autre est certainement le plus essentiel et le plus positif; tandis que nous ne voyons d'un côté, que les symptômes, ce qui est le plus grossier et le plus facile (1); de l'autre, que les causes premières, c'est-à-dire, l'impossible à démêler; en

c'est une vérité démontrée. Combien n'y a-t-il pas d'autres fonctions dont le mécanisme est encore un problême pour eux et pour les physiologistes, et le sera toujours, lors même qu'ils réuniraient sincèrement leurs lumières en mettant de côté toutes les petites prétentions de métier. Par exemple, qui d'entr'eux pourra nous dire, d'une manière satisfaisante et avec des preuves à l'appui de ses assertions, ce que c'est que le sommeil, en quoi il consiste, ce qui le produit, etc.

(1) Il y a de quoi gémir de voir la prédominance qu'on voudrait faire prendre aujourd'hui à la médecinesymptomatique, et cela, par trois raisons principales (que je détaillerai dans un ouvrage auquel cet exainen appartient plus directement), 1o. Par esprit de secte et pour tâcher d'élever autel contre autel. 2o Parce que c'est la médecine qui prête le plus au gazouillis des petits médecins de boudoir,au moyen duquel on a l'air d'être des grands raisonneurs, ce qui est le grand chemin

sorte qu'il en est presque de la physiologie, par rapport à la médecine, comme de la théologie par rapport à la religion : à force de subtilités, chacune de ces sciences embrouil. le, obscurcit ce qu'elle veut éclaircir et fait précisément ce qu'on appelle expliquer obscurum per obscuriùs. Je n'en venx pour preuve que ce four de force de l'imagination d'un de nos physiologistes actuels, qui nou's a jetés en avant cette pensée (1), que le der

pour plaire. 3o Parceque c'est, comme je viens de le dire, la médecine la plus facile à faire, et à l'aide de laquelle on peut le plus aisément opérer de ces petits miracles à volonté, qui coûtent aussi peu qu'ils valent, et qui produisent de la réputation en raison inverse de ce qu'ils coûtent au génie et de ce qu'ils valent en eux-mêmes, parce que chacun s'établissant juge de tous ces petits coups, où le joueur ne fait que pionner, on s'empresse de faire sonner bien haut son avantage momentané, pour montrer qu'on s'y connaît, et cela ne manque pas de faire impression chez ceux des témoins qui de meilleure foi s'avouent eux-mêmes leur ignorance.

(1) Car maintenant tout se fait par forme d'inspiration et de prophétie; tout se traite

nier degré d'élaboration de la substance alimentaire, pourrait bien être l'état gazeux ou aériforme s'il ne s'agit plus que de faire jouer l'esprit ou l'imagination, écoutons nos petits enfans et ils nous en apprendront de belles.

Cependant cette manie a été poussée si loin dans ces derniers tems, qu'on a craint qu'il n'en fût de même de l'anatomie, et je pourrais prouver que ce n'est pas sans motif. C'est sans doute ce qui a engagé un médecin, professeur d'anatomie, et parconséquent devant tenir un peu aux prétentions du métier, à soutenir que cette science est plus nuisible qu'utile à la pratique de la médecine. Sans doute, c'est donner dans un extrême; mais il faut bien prouver à ceux qui croyent qu'Hippocrate n'a pas été anatomiste ni physiologiste, n'a pas eu de con

comme les énigmes. Chacun dit le mot qui lui passe par la tête, sans s'inquiéter s'il est le vrai : à force d'en dire, il arrive enfin qu'on devine une fois, et voilà comme on devient grand homme, ou qu'on passe pour sorcier.

et

naissance, d'idée de la circulation du sang, qui veulent aujourd'hui qu'on soit médecin, par cela seul qu'on connaît l'anatomie qu'ils donnent dans un autre extrême. Si donc on voulait disputer, ne pourrait-on pas leur opposer l'ignorance absolue en anatomie et les succès quelquefois étonnans, non pas des charlatans (je veux bien faire une exception à leur désavantage), mais de ces empiriques, qui mendient et obtiennent presque toujours, pour leurs recettes particulières, leurs spécifiques, l'approbation de quelques savans,et souvent même de quelque société savante, etc., etc. (1).

(1) Approbation vraiment honteuse, et dont je n'ai jamais pu me rendre raison; car ce sont rarement des médecins qui ont recours à de semblables moyens; alors il n'y a que deux conclusions ou ces secrets remplissent tous les engagenens que leurs auteurs prennent pour eux, et méritent toute la confiance que ces derniers réclament dans ce cas, il est honteux pour l'art, honteux pour les médecins, qui en même tems méritent l'animadversion publique, d'être obligés,

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Voilà

Voilà, voilà les excès, les abus que je voudrais signaler et détruire, les vérités que je voudrais faire sentir et faire prévaloir ! Je voudrais faire sentir au doigt et à l'œil, si je puis m'exprimer ainsi, le ridicule de ces enthousiastes déraisonnables et irréfléchis, qui, au lieu de rattacher les nouvelles découvertes les unes aux autres par les rapports qu'elles peuvent avoir, veulent absolument subordonner tout-à-coup tout ce qui a été fait précédemment, à la découverte nouvelle, et partir de là pour aller bâtir des hypothèses à perte de vue, que leur facile imagination transforme

en reconnaissant l'efficacité de ces moyens, de convenir que des gens, absolument étrangers au métier, ont fait mieux qu'eux; ou ces moyens ne sont que des jongleries ou des parodies, des modifications très-simples, très-ordinaires des moyens connus et employés journellement; et alors pourquoi composer avec sa conscience et ne pas les rejeter ouvertement? Il n'y a pas, jusqu'aux marchands de commestibles, qui n'affichent et ne se prévalent de semblables priviléges; et je ne doute pas qu'on ne voie bientôt quelque nourricier se dire inventeur, possesseur d'une bouillie. par excellence, approuvée par quelque société.

Tom. I.

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