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tenus dans l'uterus, ont pu s'y développer jusqu'à certain point et en sortir vivans; est-il plus difficile, plus incroyable que des fetus humains aient séjourné vivans dans le sein de leur mère, au-delà, beaucoup, au-delà du terme prescrit par la nature, quoique rien de semblable n'ait lieu pour tous les autres animaux; mais nous venons d'en indiquer la raison (1). Qu'importe d'ailleurs cette objection et toutes les objections qu'on pourrait faire contre une opinion qui peut avoir, qui a déjà eu les conséquences les plus fâcheuses, je ne dirai pas à l'égarð des mœurs (nous les comptons pour rien, ou plutôt nous ne savons ce que c'est, et cette expression sera bientôt un mot vide de sens ); mais à l'égard de la société considérée comme simple réunion fondée sur telle ou telle convention, et par rapport à la tranquillité des familles? Qu'importe, dis-je ; ce n'est pas au philosophe qui n'a aucune influence', et

(1) Voy. précédem. la réflexion qui amène cette citation de Pline, mulierum paucis, etc.

Tom I.

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200 DES MONSTRUOSITES.

dont le titre est un signe de réprobation (1); Muca ne de

:

(1) Silon en croit certain bâteleur digne dans son genre, de figurer avec les défunts orateurs de sections, contre lesquels il déclame avec tant de force depuis qu'ils ne sont plus si bien que, selon lui, hon-seulement on doit plus se défendre d'être atteint de philosophie, que de la fièvre jaune, de la peste et de toute autre maladie contagieuse ou se→ crète, mais qu'il faut même chercher à défendre ses ancêtres (lorsqu'on veut bien les reconnaître, ou qu'on ne peut pas se dispenser de le faire,) d'avoir été philosophes ; ainsi, pour louer un grand homme, il faut absolument prouver qu'il n'était pas philosophe; ainsi le plus pitoyable des folliculaires, le plus impudent des sophistes veut nous persuader que les Corneille (pour ne parler que des génies de notre France), les Racine, les Molière, les Boileau, les Fénelon, les Sévigné, etc., n'ont aucunement été philosophes; que parfois Rousseau ne l'était guère, et c'est en cette importante considération, qu'il permét qu'on prononce quelquefois ce nom siabhorré; mais il en est un autre encore plus abhorré, s'il est possible, qui ne trouvera jamais grace devant le souverain administra teur de la régénération anti-philosophique :

t

Abolere nefandi

Cuncta viri monimenta jubet monstratque sacerdos.

Virg.

N'est-ce pas le cas de s'écrier encore,

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<< Tant de fiel entre-t-il dans l'ame des dévots! » Ne frémissez-vouspasd'indignation, mânesillustres, de vous voir disputer le plus beau des titres que vous ayez ambitionnés! Ah! rassurezvous, vos écrits restent ; et vous, M. l'anti-philosophe, consolez-vous: il n'est pas donné à tout le monde d'être atteint de ce mal, de pouvoir le mon trer de manière à en faire aimer la conta gio n; et dans ce qu'il peut avoir d'héréditaire ou d'acquis, il n'est point aussi incurable que la goutte, la phthisie, la rage, la haine, l'envie, la bassesse, etc.; c'est vous-même que j'en atteste, Mais au lieu de répondre, je vous entends, comme c'est votre louable habitude envers tout le monde, in'accuser d'ignorance, d'aveuglement, de partialité, d'impiété, d'athéisme même (car toute arme lui est bonne, il ne lui manque qu'un tribunal inquisitionnaire pour montrer tout son savoir-faire; et personne ne sait mieux que lui employer avec une agréable pro ligalité, l'invention, les fictions, l'hyperbole, la métaphore, les suppositions gratuites, les fausses présomptions, le mensonge, la calomnie et toutes les autres figures de réthorique dont l'aréo page avait sagement défendu l'usage aux avocats.) Quoi! s'écrirat-il, madame de Sévigné philosophe! une marquise, philosophe du temps de Louis XIV, dont le siècle est grand, suelement par ce qu'alors il n'y a pas eu

l'ombre de philosophie! ah! quelle imposture! -Je vous en demande pardon; mais vous qui devez si bien vous connaître en imposture, en calomnie et en toute sorte de péchés, vous vous trompez, cela n'est tout au plus que de la médisance; car elle est philosophe, nême en prenant pour elle cette expression dans le sens odieux qu'il vous plaît, chaque jour et à tout propos, de lui prêter si bénévolement; lisez, relisez ces lettres admirables, ces inimitables chefs-d'œuvres, et vous verrez qu'elles fourmillent de traits que vous ne pardonneriez pas à Voltaire, ni même à la Harpe, malgré sa très-sincère et très-édifiante conversion ; de traits plus forts les uns que les autres, que je suis loin d'approuver sans doute, et qui sont au— tant de taches ineffaçables, au moins à mes yeux, sur le bon Dieu et le diable, la messe et les vêpres, les complies et les sermons, etc.; sur la mort, qu'elle regarde comme un sommeil éternel ; sur les saints, les Pères, les confesseurs, les pénitences; sur le viatique, l'extrême-onction, les moines et leurs œuvres pies; sur les tribulations et toutes les autres grandes consolations chrétiennes, ces sources de jouissances célestes, si nécessaires à ceux qui sont privés des joies de ce bas monde; sur les petites manières des grands hommes, sur les gens de cour, etc. C'est ainsi qu'en parlant de saint Paul et de saint Augustin, elle dit pour son fils, ou son fils pour elle dit, nous serions fort contens de la religion, si ces deux saints n'avaient jamais

écrit. Les philosophes hérétiques ont-ils jamais prononcé un tel blaspheme? C'est ainsi qu'en parlant d'un grand, elle dit: C'est le moins lâche et le moins bas courtisan que j'aie jamais vu. Voyez encore sa manière de consoler M. de Grignan, sur la mort de son fils; sa réflexion sur la dévotion à la Vierge, sa manière de raconter la mort de M. de Xaintes, et de conter l'entrevue amicale et presqu'amoureuse de la bonne, sainte Geneviève et du bon saint Marcel, etc. etc. Or, dites-moi, pour peu qu'il vous reste de bonne foi, dites si de pareilles pensées, si de semblables maximes, side telles façons de s'exprimer, dans un livre que tout le monde lit, que tout le monde dévore, ne sont pas mille fois plus nuisibles, plus criminelles, plus scandaleuses, que dans les livres écrits entièrement et ex professo, contre les mêmes objets, où cela n'est regardé que comme du rabachage vieux, usé, et dont personne ne se soucie plus, si ce n'est vous, pour vous donner un peu d'importance; car sans cela, que pourriez-vous dire ? Vous accusez les philosophes d'être les auteurs, les artisans de la révolution. Vous-même vous blasphémez dans votre délire, contre les intentions secrètes du Tout-Puissant, contre les décrets de la divine Providence? Mais supposons, comine vous le faites, qu'elle se fût endormie, que le Roi des rois ne pensât pas au brillant résultat ni à l'affreux début, lorsque se préparait cette terrible révolution, vous

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