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très-heureuse application, si celle que je viens de faire d'un autre point de sa doctrine ne devait pas suffire.

D'après tant et de si grands miracles, cen'est pas une merveille que, semblable à l'un de ces animaux, qui, tels que certaines espè ces de perce-pierre, Squales, Raies, Vipères, etc., réellement ovipares, paraissent être vivipares, une poule soit accouchée de cinq poussins tout vivans et bien formés ;--qu'une chatte ayant couvé des œufs de canne, il en soit ré-sulté non pas des chats (comme s'y attendait sans doute le lecteur tropaccoutuméaux grands événemens), mais des canards tenant du naturel du chat (Voyez le Jour. de la Roq.). < Car, ajoute-t-on en preuve,ils mangeaient

de la chair crue lorsqu'ils étaient encore » très-petits (ce qui est vraiment extraordi»naire pour ces animaux); et quand ils furent devenus grands, ils fesaient la guerre > aux autres; la chatte leur mère, les me-/ >> nait chercher de la nourriture de grand matin, marchant devant eux; et lorsqu'ils » étaient dans l'eau, elle se mettait sur le

» bord

pour empêcher les chiens et les hom> mes de leur faire du mal. (ce qui est en>> core très-étonnant et très-nouveau ). Le

soir elle les reconduisait ». Que d'absurdités, que de niaiseries en peu de mots!

La marche de la nature n'a pas été moins intervertie dans ce qui regarde le nombre des germes qu'elle fait se développer à la fois dans l'homme; car c'est lui seul qui pour le moment nous fournira des observations..

On sait qu'ordinairement un seul enfant est porté par la femme, quelquefois deux; très-rarement trois fætus se trouvent ensemble dans le sein de leur mère, ainsi que cela a lieu dans la plupart des grandes espèces; lesquelles, grace à leur qualité de bétes, ne dépassent jamais les bornes que leur a tracées la nature. C'est à l'espèce humaine, c'est à la femme qu'appartient cet heureux privilége, et peu d'autres femelles peuvent le lui disputer, ou seulement le partager avec elle, si l'on en croit Pline; mulierum paucis (fa minis) prodigiosa assiniu

latio (1); et voilà à coup sûr pourquoi, sans parler des accouchemens de quatre, de cinq, de sept, de huit, de neuf enfans, il existe des histoires d'un nombre bien plus considérable, tel que onze, douze, quinze, dix-sept, dixbuit, vingt-deux, trente-six, soixante-dix, cent cinquante, trois cent soixante-cinq, et même mille cinq cent quatorze, formant une seule grossesse.

Pour sept, voyez Pline, qui, contre son habitude, reste bien en arrière pour cet ob

(1) Voici une grande et belle question physiologique et morale, qui se présente à ce sujet. Pourquoi l'espèce humaine qui est à peu près de toutes les créatures douées de la vie animale, celle quia l'organisation la plus belle et la mieux ordonnée, et parconséquent celle au maintien de laquelle le Créateur devant tenir le plus, doit en même tems avoir pris le plus de précautions pour qu'elle éprouve le moins possible de changemens, d'altérations, est précisément celle qui en présente le plus, si l'on en croit tous ceux qui se flattent d'avoir étudié et de connaître la nature? Je pense que cette objection n'est pas une des cioindres qu'on puisse leur faire.

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jet, quoique cependant il aille jusqu'à douze, le Mercure, où il est parlé d'un accouchement miraculeux de sept enfans; et ce n'est pas là le beau ni le miraculeux de l'affaire ; il consiste dans cette singulière et édifiante circonstance, qu'il y avait trois filles liées. chacune à un garçon, au moyen d'un cordon de saint François, et un quatrième garçon tout crossé et muré..... L'Histoire ecclésiastique conte aussi qu'un personnage est né avec la tonsure..... Pauvres Saints, quel rôle ne vous fait-on pas jouer! où va-t-on vous placer, vous et vos attributs? D'après de pareils miracles, car ce serait blasphemer que de les nommer de simples jeux de la nature, il n'y a plus à s'étonner qu'une racine de chou ait produit un véritable crucifix; qu'une autre racine ait produit aussi un cru cifix encore plus remarquable, puisqu'il était accompagné de deux autres images saintes; -que le nom de notre Seigneur Jésus-Christ ait été gravé par la nature dans une agathe; -qu'une mine de fer ait naturellement présenté l'image de la mère de ce divin Sauveur,

accompagnée de l'image de l'enfant Jésus. (V. Gorg. Seb. Jung.) Ne sont-ce pas là des effets évidens de la divine volonté? Et c'est sans doute par une application de ce principe

d'Horace:

Segniùs irritant animos demissa per aurem,
Quam quæ sunt oculis subjecta fidelibus ».

Et pour nous laisser un souvenir plus frappant qu'un simple récit historique que le Très-Haut a permis, a voulu même que le tableau de la celeste vengeance, qu'il avait été forcé de tirer des Sodomiens et des Gonorrhéens, s'est miraculeusement et vivement tracé dans une pierre par la main de la nature; ce qui n'a pas empêché le Père éternel de se trouver dans la nécessité de sévir nombre d'autres fois, d'une manière aussi exemplaire (j'ai eu occasion d'en parler); et encore dans des tems assez récens, en transformant tout-à-coup en rocher, non plus une seule fenime, pour la punir d'un mouvement de curiosité, involontaire peutêtre, et bien pardonnable sans la défense

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