Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

Il en est de même de ces autres individus, si nombreux actuellement, qui, parcequ'ils connaissent aussi les corps, corps, prétendus simples ou élémentaires, dont je viens de parler, les gas ou fluides aériformes, les corps solides simples ou indécomposés, les composés binaires, ternaires, etc, les surcomposés, les agrégés, les lois de l'attraction, des affinités, etc., se croient médecins, et en conséquence, veulent bouleverser la médecine; mais tout l'atteste, tout le prouve, la médecine n'a jamais été et ne sera jamais qu'une science d'observation. Autrement les vieux praticiens auraient-ils de si grands avantages, avantages bien acquis, sur les jeunes, ou plutôt ne leur seraient-ils pas constamment et nécessairement inférieurs? Autrement y aurait-il une si grande différence dans la pratique, entre tel et tel médecin, à parité d'âge, d'esprit et de connaissances, ou même, si l'on veut, avec quelque différence sous ces rapports; mais dont l'un, le moins avantageusement partagé, est constamment occupé de son art, voit beaucoup,

[ocr errors]

et ne voit rien sans travailler à s'en rendre

compte; l'autre, faisant des plaisirs, de la dissipation, de la fréquentation habituelle du monde, etc., son métier, et de son art un accident, pour sa commodité s'est créé, en entrant dans la pratique, une routine hors de laquelle il ne sort jamais, et à laquelle il ne pense que dans l'instant où il en a besoin. C'est parcequ'il a possédé, au plus haut degré, l'esprit d'observation, malgré qu'il soit bien moins savant que nous (1), qu'Hippo

(1) Cepen lant je soupçonne, non sans quelque jondement, qu'il n'était peut-être pas tout-à-fait étranger aux connaissances chimiques, malgré qu'on nous soutienne qu'il n'existait pas de chimie chez les anciens ; ce qui, en d'autres termes, signifie qu'ils étaient, à cet égard, comme le bourgeois Gentilhomme pour la prose qu'il faisait très-bien sans le savoir; car on ne peut nier que les anciens, sans chimie, n'eussent des compositions chimiques que nos chimistes n'ont pas encore pu retrouver ou imiter; ce ci, joint à ce qui se passe encore aujourd'hui de emblable da is les arts et métiers, où l'on voit, pour beaucoup d'objets d'une importance majeure, de simples, de grossiers, de routiniers artisans, en possession

2

[ocr errors]

crate, ce sage, ce philosophe si étonnant qu'il serait permis de douter de son existence,

de procédés que les savans des grands laboratoires sont obligés d'avouer publiquement ne pas connaître, aidera merveilleusement aux personnes qui seraient moins ennemies que moi des disputes, prouver qu'une science, et notamment celle-ci, n'a pas besoin, pour faire les plus grands progrès, du dogmatique ou du philosophique ( pour parler le langage du jour), lequel le plus souvent est à . son égard, comme ces prêteurs sur gages, qui prennent double de ce qu'ils vous offrent, ou comme ces tyrans qui ne cherchent à connaître toutes les ressources de leurs administrés, que pour les mieux dépouiller. Quant aux connaissances chimiques que j'attribue à Hippocrate, je ne citerai à l'appui de ma présomption, que l'aphorisme 26, sect. 5, où il dit: aqua quæ citò calescit et citò refrigeratur, lævissima. Que si cette preuve, suivie de tous les commentaires dont je pourrais l'accompagner, était regardée comme non recevable, on ne pourrait alors me refuser le droit de conclure que, si Hippocrate n'a pas été chimiste, la chimie, dont cependant je connais tous les droits et tous les avantages, ne soit donc pas aussi nécessaire au médecin qu'on le dit, et à plus forte raison, qu'elle ne puisse remplacer toutes les autres connaissances médicales, ni suffire à elle seule pour faire un médecin.

si nous n'avions pas ses immortels et sublimes ouvrages, est et sera toujours le premier, le plus grand médecin qui ait existé. La médecine est tellement une science d'observation, que, dans un tems qui valait bien le nôtre (quoi qu'en disent les jeunes et vives lumières du grand siècle, qui commence à la suite du plus pitoyable des siècles) (1); dans

[ocr errors]

(1) Pour ces deux assertions opposées et qui sont de mode aujourd'hui, voyez entr'autres arbitres, aussi bons juges les uns que les autres, le directeur général de la Bibliographie centrale établie, prétend-il modestement, pour nous sortir de cet engourdissement politique et moral où nous étions restés pendant plus d'un demi-siècle, pour donner à la littérature le mouvement particulier qui doit Pelever à la grandeur du siècle (et son premier mot est lorsqu'un grand siècle commence ), pour rendre à la France cette précieuse portion de son lustre; pour restituer à la littérature sa véritable splendeur, etc. En me permettant de lui faire quelque observation, je me garderai bien de porter aussi haut que lui des regards indiscrets, et m'abstiendrai absolument de parler de son projet de réforme dans notre politique, et sans doute dans le militaire qui en est la principale et la

[ocr errors]

un tems où on se piquait plus de bien savoir ce qui était fait, en médecine, veux-je dire,

meilleure partie; mais quoiqu'il prétende faire, il est impossible qu'il rêve mieux sur ce sujet, et que ce que nous voyons; nous pouvons bien nous appliquer ces vers adressés par La Fontaine aux Français de son tems:

Mars nous fait recueillir d'amples moissons de gloire. » C'est à nos ennemis de craindre les combats; » A nous de les chercher, certains que la victoire, » Amante de Louis, suivra partout ses pas:

» Ses lauriers nous rendront célèbres dans l'histoire.

> La paix fait nos souhaits, et non point nos soupirs. Mais, comme il le dit aussi, la paix est nécessaire pour qu'on puisse se donner tout entier aux beaux-arts, et ce n'est qu'en s'y donnant tout entier qu'on peut espérer non pas de surpasser, mais d'abord d'égaler les chefs-d'œuvres que nous possédons par héritage. C'est pourquoi il serait plaisant de savoir, et si j'avais une longue vue du calibre de celle du directeur général, je pourrais bien dire comment la postérité traitera tous ces présomptueux mirmidens qui commencent à poindre dans ce fameux dix-neuvième siècle, qui se tourmentent, qui s'agitent, moins pour devenir des hommes que pour se mettre à la place des hommes qui les ont précédés; qui juges et parties,

« PreviousContinue »