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Demandons - leur quel remède infaillible; quel véritable spécifique ils pourront, ils oseront nous indiquer dans l'immense, l'effrayante quantité de médicamens qu'ils ont rassemblés, entassés, imitant ces anciens despotes qui s'imaginaient, par le nombre de leurs soldats, suppléer à leur défaut de valeur (1)?

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Et qu'on ne croye pas que je veuille, par un coupable excès de scepticisme, jeter de la défaveur sur les physiciens que j'estime, sur leurs travaux que j'apprécie, sur leurs

bientôt que c'est un oxide ou un acide quelconque, dont on parviendra ensuite à trouver le radical et la base.

(1) Si je pouvais, à moi seul, former une société (comme certain qui, lui seul, fórmait un college d'accoucheurs) et composer un jury com→ pétent pour juger les mémoires, je proposerais cette question: Avec le plus petit nombre de médicamens possible remplir toutes les indications curatives. Seraient cependant exceptés du concours les marchands de panacées universelles. On sait que la drogue de chacun d'eux, et ils sont trèsnombreux, guérit de tous maux.

découvertes que j'admire ! Que ce serait mal interpréter mon intention! J'observe également qu'en nommant aussi les physiologistes, je n'entends point parler de ces laborieux et infatigables savans qui, recherchant, observant, étudiant les phénomènes produits par l'organisme animal, se bornent à l'énoncé de ce qu'ils ont vu; mais seulement de ceux qui, partant d'une première et unique observation bien ou mal faite, s'en servent comme d'une base générale et invariable, pour établir tout à leur aise une magnifique théorie, à laquelle il n'y a pas la plus petite objection à faire, tant elle est bien raisonnée, bien compassée. Ainsi le savant qui, versé dans la connaissance de la physique, veut à tous nos mouvemens appliquer les lois de la mécanique, à la circulation de nos fluides les lois de l'hydrodyna mique, est un physiologiste du genre de ceux dont je parle. Ainsi le savant qui, versé dans la connaissance de la chimie, veut absolument que toutes nos fonctions, même celles du cerveau, nos sécrétions, etc., soient toutes

des opérations dépendantes des lois sur l'attraction et les affinités chimiques, est un physiologiste du genre de ceux dont je parle, etc. etc. On voit d'un coup-d'œil jusqu'où je pourrais pousser ce rapprochement, et si l'on ne pourrait pas appliquer ce que je dis, même à ceux qui se croient les plus sensés, les mieux fondés en principes et les plus judicieux dans leurs conclusions; je veux parler des faiseurs d'expériences, lesquels dans leur délire, l'emportent quelquefois sur les amateurs de la transfusion, de la médecine infusoire, dont ils se rient et dont toujours ils renouvellent l'histoire; car ceux làaussi étaient des faiseurs d'expériences. Je ne veux pas non plus, ainsi que je l'ai déclaré dans une autre circonstance, jeter du ridicule sur cette manière d'étudier la nature; je sais trop combien elle est agréable et utile, quand elle est sagement dirigée dans son exécution, et qu'on est sagement modéré dans ce qu'on en espère. Je veux seulement faire allusion à l'excès dans lequel on paraît donner à cet égard ; car on ne

va jamais que d'excès en excès. Je veux faire

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allusion à ces individus qui, tout fiers de ce qu'une expérience leur a appris, sont persuadés que désormais rien ne peut leur être caché. Un moineau, un poulet, un chien, un chat de plus, et les voilà dans la confiance intime de la nature.

Il n'y a pas très-long-tems qu'en physiologie on voulait tout peser, tout calculer, tout compasser, et quand on avait, avec bien de la difficulté et de l'exactitude (je le suppose), déterminé le poids, le nombre, le diamètre, la figure des organes et des matériaux qu'ils mettent en œuvre, on se tenait pour assuré de connaître toutes les lois toutes les actions, tous les ressorts de la machine animée. Aujourd'hui ce n'est plus cela: nil medium est; il faut, avec des yeux de lynx ou les yeux de la foi, voir à travers les organes ce qui se passe au dedans d'eux, comme le chimiste, à travers son cristal, voit ce qui se passe entre les agens qu'il a mis en présence. Je veux, pour un instant, que cela soit possible; mais connaît-on la force qui détermine l'action de ces agens les

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uns sur les autres? C'est là le nœud qu'il faudrait résoudre et non pas trancher. Il n'est

cependant pas rare de rencontrer des savans qui, se moquant, et avec raison, de la folie des souffleurs, de vouloir faire l'or sans connaître les élémens qui constituent ce corps inorganique, prétendent, parce qu'ils savent que l'azote, l'hydrogène, le carbone, le phosphore, l'oxigène, etc. sont les élémens présumés des substances organiques, qu'ils parviendront à recomposer ces mêmes substances, telles qu'elles étaient avant d'en retirer ces principes. J'en connais qui ont une foi assez robuste pour croire et affirmer qu'ils arriveront bientôt à ce point de perfection. Je les range dans la classe de ceux qui m'ont très-sérieusement soutenu avoir injecté les nerfs (Voyez Bibl. française), avoir vu le fluide nerveux, guéri des affections organiques internes, du genre de celles qui exigeraient un viscère neuf, et bien d'autres choses non moins intéressantes, mais si monstrueuses, mais si extraordinaires, que je n'ose les rapporter, dans la crainte de passer pour un romancier.

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