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Plus vigoris adest, habuit quam femina; jam, quæ
Femina nuper eras , puer es....

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en miracles: je crois même qu'on dit qu'il en fesait. Ce qu'il y a de remarquable dans toutes les prétendues métamorphoses de ce genre, et en même tems, ce qui en donne en grande partie l'explication, c'est que ce sont, comme je l'ai donné à entendre, en les indiquant, non pas des femmes anciennement mariées, mais toujours des filles qui ont été changées en hommes, et jamais de ceux-ci en filles. Témoin encore l'histoire qu'en rapporte Montaigne. Mais au moins il nous dit comment cette singulière aventure eut lieu, et ce philosophe (dont on loue, et ce qui est la meilleure louange, dont on ne se lasse pas de lire les écrits) plus philosophe que les plus philosophes du XVIIIme siècle ( qu'on déchire à belles dents, et auxquels il a fourni mainte et mainte idée, qu'on blâme en eux, tandis qu'on les admire en lui), explique le fait d'une manière bien propre à nous donner la mesure de ce qu'il en pensait, et de ce qu'il pensait de la pudeur naturele et de la vir.' ginité morale des jeunes personnes du sexe « ce n'est pas tant de merveilles, que cette sorte Tom. 1.

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d'hommes, de femmes, d'enfans ayant une queue (1) semblable à celle de certains quadrupèdes ; d'individus sans tête, ayant les oreilles placées aux épaules, les yeux de même un peu au dessous, et le nez au milieu de la poitrine (2); de monstres humains ayant soit la tête, soit quelqu'autre partie du corps, soit tout le corps, la tête exceptée, appartenant à divers animaux. En effet, ainsi que

:

• d'accident se rencontre fréquent car si l'imagi» nation peut en telles choses, elle est si conti"nuellement et si vigoureusement attachée à ce

sujet, que pour n'avoir si souvent à renchoir » en même pensée et aspreté de desir, elle a meil» leur compte d'incorporer une fois pour toutes, » cette virile partie aux filles ».

(1) J'en ai précédemment parlé comme formant une espèce ainsi constituée ; maintenant je ne les cite que comme monstruosité accidentelle et existant isolément; ce qui n'est pas du tout le même fait ; et voyez, au sujet de celui-ci, Th. Barthol. Hist. anat. cent. 6. -- Fort. Licet. de Alb. magn. de Monst. Cardan. de subtil. Harvée, de Generat, animal, etc., etc.

monst.

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(2) Voyez la note précédente,

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déjà je l'ai fait pressentir, on a vu des monstres moitié homme, moitié taureau, c'est-à-dire de véritables minotaures, moitié homme moitié bouc, c'est-à-dire de véritables satyres, moitié homme, moitié cheval, c'està-dire de véritables centaures, moitié homme moitié âne, moitié homme moitié chien, moitié homme moitié porc, etc. ( espèces dont je ne connais pas l'analogue ou le type primitif dans les annales théogoniques ), les uns et les autres naissant tantôt d'une femme, tantôt d'une femelle appartenant à l'autre espèce qu'ils représentaient en partie; ou quelquefois encore d'une femelle absolument étrangère à chacune des parties hétérogènes constituant le monstre, et sans que dans aucun de ces cas, la cause de ces mélanges parût provenir d'une union contre nature, autre source abondante où nous aurons occasion de puiser. Comme il est impossible alors de leur in liquer aucune cause, c'est ce qui en fait de véritables b zarreries de la nature (Cette expression prise dans toute sa sévérité) semblables à ces ca

prices sans but ni motif, qui font le malheur des vaporeux.

Cette remarque, ou mieux cette distinction est essentielle à faire ; c'est aussi ce que pense Locke. Il est lui-même, comme je l'ai déjà observé, très-disposé à admettre la possibilité et même la réalité de toutes les bizarreries de la nature ( et l'opinion d'un si profond penseur, d'accord avec celle d'un aussi grand naturaliste que Linné, doit leur être d'un très-grand avantage ), puisqu'il les désigne nominativement pour les faire servir à expliquer certain point de sa théorie; après avoir assuré en outre que d'après les nais-. sances irrégulières et monstrueuses, il est douteux, 1°. que la nature se propose toujours dans la production des choses, de les faire participer à certaines essences réglées et établies, qui doivent être les' modèles de toutes les choses à produire; 2°. qu'elle parvienne toujours à cette essence qu'elle a en vue dans la production des choses; il ajoute :

Il faut déterminer en troisième lieu si ces » êtres, que nous appelons des monstres, sont

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» réellement une espèce distincte selon la >> notion scholastique du mot d'espèces; » puisqu'il est certain que chaque chose qui >> existe a sa constitution particulière; car > nous trouvons que quelques-uns de ces › monstres n'ont que peu ou point de ces » qualités qu'on suppose résulter de l'essence » de cette espèce d'où elles tirent leur ori» gine, et à laquelle il semble qu'elles appartiennent en vertu de leur naissance ».

S'il faut avoir autant de confiance que lui dans les auteurs qui en ont parlé, nul doute d'après ce que j'en ai rapporté, d'après les caractères que j'ai établis pour déterminer les genres et les espèces, nul doute, quoique malgré lui sa raison le force à dire que cela est très-douteux, qu'il n'y ait des monstruosités formant genres et espèces ; des monstruosités qui participent des individus qui les ont engendrés, et des monstruosités qui leur sont absolument étrangères, qui' parconséquent sont, comme je viens de le dire, de véritables caprices, de pures et simples bizarreries de la nature.

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