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j'en use plus sobrement, pour ne pas tomber en des répétitions car le nombre de ces traits n'est pas infini. Il a donc fallu que j'aie cherché d'autres enrichissements, et étendu davantage les circonstances de ces récits, qui d'ailleurs me sembloient le demander de la sorte. Pour peu que le Lecteur y prenne garde, il le reconnoîtra lui-même ainsi je ne tiens pas qu'il soit nécessaire d'en étaler ici les raisons, non plus que de dire où j'ai puisé ces derniers sujets. Seulement je dirai, par reconnoissance, que j'en dois la plus

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du public et des Savans, il prononça que les premières fables étoient plus estimées que les dernières. (Jugem. des Savans, Tom. IV, in-4°. p. 415.) Voltaire accoutuma les Parisiens à dire que l'âge avoit rendu La Fontaine long conteur. Divers Compilateurs le répé tèrent, parce qu'ils l'avoient trouvé écrit dans les feuilles de l'oracle. (Voy. Encycl. Litter. T. I, in-8°. p. 548.) Les étrangers le répétèrent sur parole. MM. Blacwel, Beattie, Lessing, littérateurs si distingués d'ailleurs, l'apprirent à l'Europe. M. Aubert eut beau choisir dans cette seconde partie, et ses modèles, et les exemples dès préceptes qu'il donne sur le genre; il eut beau établir des comparaisons où la balance dans ses mains semble pencher en faveur de cette même partie; Champfort tint bon, et tout philosophe qu'il vouloit qu'on le crût, il s'opiniâtra à trouver inférieures les dernières fables, quoique bien plus philosophiques.

grande partie à Pilpay, sage indien. Son Livre a été traduit en toutes les Langues. Les gens du pays le croient fort ancien, et original à l'égard d'Esope, si ce n'est Esope lui-même, sous le nom du sage Lockman (1). Quelques autres m'ont fourni des sujets assez heureux. Enfin, j'ai tâché de mettre en ces deux dernières parties toute la diversité dont j'étois capable.

La Fontaine avoit ajouté : « Il s'est glissé

(1) La sagacité du poète lui avoit fait pressentir une certaine identité entre ces deux fabulistes; mais il lui devenoit indifférent d'approfondir la question, et il s'est contenté d'une lumière confuse. Nous croyons avoir fixé la découverte, en démontrant, soit dans les lettres que nous avons publiées en 1788, à la suite de notre Supplément aux Mille et une Nuits (*), soit dans un Mémoire particulier sur ce même point de critique, où nous prouvons, non pas comme La Fontaine l'insinue, et comme Boulanger le prétend, que Pilpay soit l'original d'Esope, peut-être Esope lui-même, ce qui n'est pas soutenable; mais 1°. qu'Esope et Lockman sont un seul et même personnage; 2o. que le Lockman des Arabes est le vrai, l'unique fabuliste, dont l'Esope des Grecs n'est qu'une copie infidelle dans son histoire comme dans ses ouvrages.

(*) Voyez Nouveaux Contes Arabes, ou Supplément aux Millė et une Nuits, suivi de Mélanges de Littérature orientale ( 1 vol. in-12, dédié à M. l'abbé Barthélemy, Paris, chez Prault).

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quelques fautes dans l'impression. J'en ai fait faire un errata; mais ce sont de légers remèdes pour un défaut considérable. Si on veut avoir quelque plaisir de la lecture de cet ouvrage, il faut que chacun fasse corriger ces fautes à la main dans son exemplaire, ainsi qu'elles sont marquées par chaque errata, aussi bien pour les deux premières parties que pour les dernières ». Ces fautes ont été corrigées dans la plupart des éditions particulières.

A MADAME

DE MONTESPAN (1).

L'Apologue est un don qui vient des Immortels,
Ou si c'est un présent des hommes,
Quiconque nous l'a fait mérite des Autels (2).
Nous devons, tous tant que nous sommes,
Eriger en Divinité

Le Sage par qui fut ce bel Art inventé.

C'est proprement un charme (3): ilrend l'ame attentive, Ou plutôt il la tient captive,

Nous attachant à des récits

Qui mènent à son gré les cœurs et les esprits.
O vous qui l'imitez (4), Olympe, si ma Muse
A quelquefois pris place à la table des Dieux,
Sur ses dons aujourd'hui daignez porter les yeux.
Favorisez les jeux où mon esprit s'amuse.

Le temps qui détruit tout, respectant votre appui,
Melaissera franchir les ans dans cet Ouvrage:
Tout auteur qui voudra vivre encore après lui,
Doit s'acquérir votre suffrage.

C'est de vous que mes vers attendent tout leur pr

Il n'est beauté dans nos écrits,

Dont vous ne connoissiez jusques aux moindres t Eh! qui connoit que vous les beautés et les grac Paroles et regards (5), tout est charme dans vo Ma Muse, en un sujet si doux,

Voudroit s'étendre davantage :

Mais il faut réserver à d'autres cet emploi,
Et d'un plus grand Maître que moi (6)
Votre louange est le partage.

Olympe, c'est assez qu'à mon dernier Ouvrage
Votre nom serve un jour de rempart et d'abri ;
Protégez désormais le Livre favori

Par qui j'ose espérer une seconde vie :
Sous vos seuls auspices, ces vers

Seront jugés, malgré l'envie,
Dignes des yeux de l'Univers.

Je ne mérite pas une faveur si grande;

La Fable en son nom la demande :

Vous savez quel crédit ce mensonge (7) a sur no S'il procure à mes vers le bonheur de vous plair Je croirai lui devoir un Temple pour salaire : Mais je ne veux bátir des Temples que pour vo

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